Jeudi 21 février : Cracovie, du Palais Royal aux traces oubliées de Schindler et du Ghetto

8h30, quelques flocons de neige tombent doucement sur les rails humides de la ligne de tram tandis qu’un vague soleil semble attaché à se frayer un passage dans l’azur blanchâtre. Cracovie est déjà bien réveillé. Plus que nous : la fatigue s’accumule alors que la journée s’annonce chargée et en deux parties, ville historique le matin, histoire(s) du ghetto après le déjeuner.

Eva et sa collègue Ania (voir l’encadré ci-dessous), nos guides polonaises nous prennent en charge et nous formons deux groupes pour gagner le Wawel, la colline royale qui surplombe la ville depuis que la Chimère qui l’occupait a été mise hors d’état de nuire. Une légende ? Pas du tout ! Trois de ses os gigantesques trouvés au Moyen-Âge ornent encore l’entrée de l’Archibasilique.
Et au diable ces professeurs qui expliquent qu’il s’agit en fait d’un fémur préhistorique, d’une défense de mammouth et d’un morceau de crâne de rhinocéros laineux !

Tour à tour nous découvrons la cour intérieure, ses souvenirs Renaissance, la vie révérée de la Reine Edwige d’Anjou, le bourdon énorme propice aux vœux sincères et les 68 raides, très raides, marches de bois pour y accéder.

Et partout l’omniprésence de Karol Józef Wojtyła, evêque de Cracovie devenu Jean-Paul II. Ici une statue, là quelques gouttes de son sang pieusement conservées après l’attentat qui faillit lui coûter la vie à Rome. La rue des chanoines en fait également témoignage. S’en étonner c’est oublier la puissance du catholicisme polonais, longtemps seul rempart face à la barbarie. Qu’elle fut nazie ou communiste.

La matinée défile, les églises succèdent aux églises, les façades aux façades. Le poids de la très riche et très agitée Histoire polonaise semble comme écraser les lycéens messins qui marchent depuis deux heures trente quand ils atteignent la place centrale de l’université. Quelques minutes pour observer le balai des marionnettes du carillon qui, toutes les deux heures impaires en journée, offrent au visiteur leur cheminement horloger musical.

La traversée de la Halle aux draps clôt la matinée, le brouet de gruau qui ouvre le déjeuner réchauffe les cœurs autant que les corps.

Au coeur du quartier juif

Une heure de quartier libre, une nouvelle chapka, et nous voilà repartis, à l’assaut cette fois de Kazimierz et Podgorje, le quartier juif d’autrefois et le ghetto juif de la dernière guerre. Synagogues, cimetière vandalisé par les nazis, place des héros du ghetto et ses chaises mémorielles, tout nous conduit vers l’usine d’Oskar Schindler, musée qui accueille désormais une très pédagogique présentation des années noires de l’occupation nazie.

A la sortie les visages sont fermés. Un peu plus.

Les uns en bus, les autres à pied, convergent vers le restaurant juif traditionnel implanté au cœur de Kazimierz. Le seul encore tenu par un membre de la communauté. Les autres sont des vitrines plus ou moins grossières destinées aux touristes. Ce qui aujourd’hui encore pose question : Peut-on, faut-il s’enrichir sur un patrimoine historique et l’Histoire, ici abominable, dont il prolonge la mémoire ? Ou devons-nous faute d’argent laisser disparaître toute trace du passé. Et, ici, des atrocités qui y sont liées ?
Assurément un vrai sujet de philosophie pour ces élèves qui dans quatre mois passent leur baccalauréat…

Le dîner traditionnel yiddish est musical : sonorités chaudes, tour à tour bondissantes, alanguies ou implorantes, elles résument bien l’état d’esprit des jeunes voyageurs messins depuis notre départ lundi matin.
Un temps de respiration. Encore quelques rires. Déjà moins nombreux.
Il est temps de rentrer. D’essayer de dormir.

Demain, nous serons confrontés à l’horreur. Demain, nous allons à Auschwitz.


Plus d'informations sur cette journée dans notre webdocumentaire.

Paroles de lycéens
Ania
"Aujourd’hui, nous avons appris que notre groupe serait divisé en deux. Un peu au hasard chacun et chacune avons choisi une animatrice.
Pour ma part, je me suis dirigée vers Ania, une femme habillée en bleu très souriante. Au fur et à mesure des visites je me suis rendue compte (et je ne suis pas la seule) qu’Ania, était vraiment passionnée par son travail et qu’elle nous racontait l’histoire de sa patrie avec passion. Que son sujet soit le passé au Moyen Age, à la Renaissance ou au présent, on avait vraiment l’impression qu’elle avait vécu toute cette histoire et toutes les petites anecdotes qu’elle nous racontait !
Après toute une journée passait va ses côté j’ai discuté avec pour lui demander comment elle est devenu ce qu’elle est devenue.
Si cela vous intéresse, son ancien métier était professeur d’histoire (en Pologne) mais qu’ils sont tellement nombreux qu’elle n’était jamais vraiment prise à temps complet. Elle décide alors d’ouvrir sa boite et de devenir guide officielle franco-polonaise. Persuader de ne pas réussir à l’époque, elle est fière de pouvoir dire aujourd’hui : « Je le suis depuis 2004 ».
Bravo Ania et continuez ainsi!"
Marie Hellenbrand

Le Musée de l'usine de Schindler à Cracovie (Krakow)
Durant l'après midi, nous avons visité un musée bien spécifique présentant une exposition permanente sur le massacre de la seconde guerre mondiale. La visite s'effectue dans les bureaux de l'usine de Schindler mais l'exposition ne porte pas uniquement sur l'industriel.
La spécificité de ce musée était démontrée par différents points :
Tout d'abord il y avait des sons, ce qui est peu commun dans un musée, les ambiances pouvaient très bien être des paroles comme des musiques de ces années.  
Étaient aussi visibles des séquences tournées par les allemands.
Une immersion était instaurée avec certaines pièces représentant des champs de bataille, le bureau de Schindler et de son secrétaire, un salon de coiffure, ainsi que les maisons accordées aux juifs ou encore les endroits où ils pouvaient se cacher .
Le musée n'est présenté qu'en polonais et en anglais.
C'est là qu'est l'importance d'avoir un guide qui parle notre langue.
Marie Hellenbrand, Basile Dos Santos

Petite balade nocturne
"Aujourd'hui ou plutôt ce soir nous nous sommes baladés dans les rues de Cracovie... de nuit. Le bus étant en retard à la sortie du musée Schindler, 11 élèves et deux accompagnateurs se sont décidés à gagner au restaurant à pied.
Une balade rythmée et soutenue à travers les rues de Cracovie vers le quartier Kasimierz.
Mais l'aventure ne s'arrête pas là : arrivés au restaurant monsieur Schuman nous emmena au cœur de la ville, le marché, et nous avons eu la chance de voir et de découvrir la ville de nuit, les bâtiments illuminés rendaient la vision encore plus magique."
Yasar Filiz
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