Depuis hier, trois chasseurs groenlandais sont à Strasbourg, invités par l'université. L'occasion d'échanger sur un grand nombre de sujets, dont le réchauffement climatique.
Pour les trois chasseurs inuits, c'est un premier voyage en avion, et une grande découverte. Ils n'ont jamais vu d'arbre, jamais mis les pieds dans une grande ville, ont même oublié ce qu'était un canoë, alors qu'ils en sont les inventeurs. L'Université de Strasbourg, qui les a invités, leur a donc concocté un programme, riche en découvertes et en échanges.
Hier soir, à 18h30, ils tenaient tout d'abord conférence à l'ISU (International Space University) d'Illkirch. L'objectif était de rapporter leurs observations sur les changements climatiques, eux qui habitent dans une région privilégiée (question de point de vue !) où ces évolutions sont particulièrement visibles.
"En nous montrant comment ils s'adaptent à ces changements, ils apportent un regard optimiste sur notre capacité à nous adapter à un monde en mutation", nous confie Pierre Tellier, de l'Unistra.
Animateur de la soirée, Nicolas Dubreuil (voir photos), a aussi évoqué son expérience d'explorateur polaire, lui qui habite une partie de l'année au Groenland, dont il parle la langue.
Aujourd'hui, les 3 Groenlandais vont profiter de leur séjour pour faire pas mal de découvertes, dont celle de l'arbre. Ils vont effectuer tout un parcours en accrobranches parmi les feuillages, une expérience étonnante pour eux, qui n'en n'ont jamais vu.
Ils iront ensuite s'initier au canoë kayak. Un comble, puisque c'est leur peuple qui a inventé ce mode de déplacement, avant d'en perdre l'usage. Une démonstration de leur savoir-faire en chasse aura lieu par la même occasion.
Leur journée en vidéo :
Parlez-vous Inuit ?
Voici quelques mots en Inuit, ou plus précisément en inuktitut, le dialecte du Nunavik :– Bonjour : ai
– Bonjour : ullaakut (le matin) ; unnuksakkut (l'après-midi)
– Bonsoir : unnukkut
– Salut : ai
– Au revoir : assunai
– À bientôt : takulaarivuguk
– Bonne journée : ulluqatsiarit (à l'adresse d'une seule personne ; litt. : « passe une belle journée ») ; ulluqatsiaritsik (à deux personnes) ; ulluqatsiaritsi (à plus de deux personnes) ; ullukkut
* Note : lorsqu'on parle de deux ou bien à deux personnes, on recourt alors à des suffixes marquant le duel !
– Comment vas-tu : qanuippit? (à l'adresse d'une seule personne)
– Comment allez-vous ? : qanuippisik (dit à deux personnes) ; qanuippisi? (à plus de deux personnes)
– Merci : nakurmik ; nakurmat ; qujannamiik
– Je te/vous remercie beaucoup : nakurmiimarialungnai
– Je t'en prie ; je vous en prie ; pas de quoi : ilaali
– Je t'en prie ; je vous en prie (dans le sens de « ça ne fait rien ») : saquttanngilaq
– Pardon ; excuse-moi ; excusez-moi : ilaaniunngituq
– Oui : aa
– Non : auka ; aagga (variante entendue à Iqaluit)
– 0 : (n'existe pas, à l'origine ; on recourera au français zéro ou à l'anglais zero)
– 1 : atausiq
– 2 : marruk ; marruuk
– 3 : pingasut
– 4 : sitamat
– 5 : tallimat
– 6 : pingasuujurtuq
– 7 : sitamaujunngigartut
– 8 : sitamaujurtut
– 9 : quliunngigartut
– 10 : qulit
Petit exposé phonétique :
Langage avant tout oral comme la majeure partie des langues de notre globe, la phonétique de l'inuktitut est transcrite grâce à l'alphabet latin. Cela dit, il se trouve traditionnellement écrit selon un syllabaire adapté vers 1870 par un missionnaire anglican du nom d'Edmund Peck de celui qui fut inventé en 1830 par un autre missionnaire protestant (James Evans) afin de noter l'ojibwa et le cri, deux langues algonquiennes. Les Inuits sont très attachés à ce syllabaire, ce qui explique qu'il soit très largement répandu dans le Nunavut, le Nunavik et au Labrador...