Interrogée par téléphone mercredi 8 janvier 2013 au lendemain de la divulgation de cet accord par les socialistes, la tête de liste UMP Marie-Jo Zimmermann ne s'inquiète pas de cette révélation : "ce serait sorti de toute manière". Retrouvez l'accord intégral dans notre article.
C'est un document signé le 19 décembre 2013 dont il n'existe que deux exemplaires originaux. Et qui a été diffusé sur le réseau social Twitter par Antoine Fonté, le directeur de campagne du candidat-maire socialiste à sa réélection Dominique Gros (voir ce tweet). Comment est-il entré en sa possession ? Mystère.Mais la tête de liste UMP-MoDem-UDI veut faire contre mauvaise fortune, bon coeur et présente la chose comme un non-évènement lors d'un échange téléphonique mercredi 8 janvier 2014, quelques jours après la présentation officielle de la liste à Metz :
"Finalement c'est comme pour un contrat de mariage : il vaut mieux, et je préfère, que certaines choses soient précisées noir sur blanc. Ce serait sorti de toute manière. Et à choisir, je préfère que cela ne nous explose pas au visage le 15 mars !" Marie-Jo Zimmermann, tête de liste UMP/UDI à Metz.
A qui profite le crime ?
Pas forcément aux socialistes. En dehors de répéter le refrain d'une Marie-Jo Zimmermann sous l'influence d'un Jean-Louis Masson sans parti, pourtant marionnettiste en chef à Metz, ils n'offrent en révélant cet accord secret rien de bien croustillant. La droite et le centre sont passées par des tractations pour monter une liste commune ? La belle affaire. Tous les unions sont ainsi faites et les écrits toujours utiles.
Il ne s'est d'ailleurs rien passé d'autre que ce genre d'accord secret à gauche en 2008. Un accord d'unité de la gauche pour la municipale de Metz marqué à l'époque par les états d'âmes revendicatifs des Verts et des communistes, des tractactions internes douloureuses au PS, des petits meurtres entre "amis socialistes" Gros, Lioger, Bertinotti, le tout sous l'influence des camarades Masseret (président du conseil régional) et Todeschini (alors 1er secrétaire de la fédération PS de Moselle).
A l'UMP ? Le fait est que, même si son probable directeur de campagne, le sénateur DVD Jean-Louis Masson, est seul cosignataire de cet accord avec Patrick Weiten, patron départemental de l'UDI et président du conseil général, c'est bien la députée UMP Marie-Jo Zimmermann qui, quoi qu'on en dise, sort comme la principale gagnante de cet accord. Il est désormais écrit noir sur blanc qu'elle conduit la liste d'union et sera soutenue de manière claire par l'UDI et le MoDem, qu'elle ne se voit imposer que quatre adjoints et qu'elle dispose d'un droit de véto pour tous les autres. Par ailleurs, toute communication passe par son filtre exclusif et malheur implicite à celui ou celle qui dérogerait à cette règle...
Autre gagnant de cette diffusion : l'UDI Jean-Luc Bohl, maire de Montigny-lès-Metz et président de l'agglomération de Metz-Métropole par la grâce de Dominique Gros et des votes communautaires de l'époque,emmenés par les socialistes, est désigné dans l'article 1 de cet accord comme le candidat de la droite unie messine à sa réélection à la tête de l'aglo.
Finalement, la perdante de l'accord, et de sa divulgation anticipée, pourrait bien être la députée européenne MoDem Nathalie Griesbeck qui était évoquée comme présidente de Metz-Métropole par le jeu de la répartition des élus messins : l'agglo pour elle, la mairie pour MJ Zimmermann. Elle ne sera au final que présidente du comité de soutien de cette liste de droite unie. Et doit désormais compter sur sa réelection comme député européenne ou au pire comme conseillère générale.
Au final, il apparaît difficile donc de comprendre l'intérêt de la gauche de diffuser ce document. Sauf à faire passer un message simple : "rien de ce qui se fait chez vous ne nous est inconnu..."
Une analyse de Jean-Christophe Dupuis-Rémond, journaliste à France 3 Lorraine.
L'accord (authentifié par Marie-Jo Zimmermann) est à retrouver ci-dessous :