Réuni ce mercredi matin en session plénière, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne qui devait se prononcer sur la fin de vie de Vincent Lambert  s'exprimera finalement jeudi, la juridiction souhaitant "prendre le temps de la réflexion dans ce dossier complexe." 

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Le poids symbolique de cette audience reste énorme. Réuni en session plénière mercredi matin, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne devait se prononcer sur la fin de vie de Vincent Lambert, 37 ans, tétraplégique et en état de conscience minimale.

Le corps médical, en accord avec sa femme et une partie de sa famille, a en effet décidé de « débrancher » ce patient, plongé dans cet état désespéré à la suite d’un grave accident de moto en 2008. Mais les parents de Vincent sont de leur côté opposés à cette euthanasie passive.
Le tribunal administratif se prononcera finalement jeudi matin à 10 heures, le président Jean-Jacques Louis expliquant que la juridiction souhaitait « prendre le temps de la réflexion dans ce dossier complexe ».


Stopper la décision médicale et obtenir le transfert vers un autre hôpital

Samedi dernier, le docteur Kariger, qui dirige le service de médecine palliative du CHU de Reims, avait annoncé, à l’issue de plusieurs réunions collégiales entre les médecins et certains membres de la famille de Vincent Lambert, sa décision d’arrêter prochainement les traitements de nutrition et d’hydratation artificiels du patient.
Les parents, une sœur et un demi-frère de Vincent ont de leur côté saisi la justice lundi par un référé-liberté pour stopper la décision médicale et obtenir son transfert dans un autre établissement hospitalier. Sa femme Rachel ainsi que sept autres membres de cette famille recomposée, soutiennent les médecins.


La rapporteuse publique préconise le maintient en vie

Lors de cette session plénière, la rapporteuse publique a préconisé le maintient de l’alimentation et de l’hydratation artificielle du patient, estimant que Vincent Lambert « est dans un état irréversible mais que sa conscience existe et qu’il est impossible de juger du sens de sa vie. » Elle a par ailleurs enjoint le tribunal de rejeter la demande de transférer le patient dans un autre hôpital.
L'avocat des parents de Vincent, Jérôme Triomphe, a insisté sur le fait que le patient "était handicapé mais non atteint d'un mal incurable" et que la loi Leonetti ne s'appliquait pas à son cas.
François Lambert, le neveu de Vincent, a quand à lui déclaré "il faut laisser l'hôpital faire son travail pour que Vincent trouve la paix. C'est respecter Vincent et un acte d'amour que de le laisser partir."

Jean Leonetti, député UMP auteur de la loi, s'exprime
Le député UMP Jean Leonetti, auteur de la législation actuelle sur la fin de vie, a estimé mercredi que sa loi pouvait s'appliquer au cas de Vincent Lambert, même si ce dernier n'est pas atteint d'une maladie incurable. "La loi de 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie dit qu'on peut interrompre ou ne pas mettre en oeuvre les traitements qui apparaissent comme inutiles ou disproportionnés et dont le seul but est le maintien artificiel de la vie", a indiqué Jean Leonetti, précisant que les deux derniers qualificatifs "relèvent de la situation des états végétatifs ou pauci-relationnels (ou état de conscience minimale), du type de celui dans lequel se trouve Vincent Lambert". Agé de 38 ans et tétraplégique depuis un accident de la circulation il y a 5 ans, Vincent Lambert est au centre d'une bataille judiciaire entre le CHU de Reims et une partie de sa famille qui s'oppose à une euthanasie passive, estimant qu'il n'est pas atteint d'une maladie incurable et que dès lors la loi Leonetti ne s'applique pas à son cas. Saisi par les parents pour stopper la décision médicale et obtenir le transfert de leur fils dans un autre établissement, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne doit rendre sa décision jeudi.
Les médecins du CHU de Reims ont annoncé samedi, à l'issue de plusieurs réunions collégiales tenues avec les membres de la famille, qu'ils allaient arrêter prochainement les traitements de nutrition et d'hydratation artificielles du malade, qui se trouve dans un état de conscience minimale. "La loi prévoit que les médecins recueillent l'avis de la famille, mais ils ne sont pas obligés de le suivre", a indiqué M. Leonetti. "Il n'y a pas de vote à la majorité (...) la procédure a pour but de protéger le malade" a-t-il ajouté tout en regrettant que Vincent Lambert n'ait pas rédigé de "directives anticipées" lorsqu'il était encore en mesure de le faire.
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