La Lorraine et l'Alsace sont en avril 2014 et depuis quelques années les destinations de néonazis allemands pour des rencontres festives en toute discrétion.
Face aux interdictions et à la médiatisation auxquelles ils sont exposés en Allemagne, les néonazis ont trouvé une parade depuis des années pour faire la fête : ils traversent les frontières. En France, la Lorraine et l'Alsace sont des destinations qu'ils affectionnent.
200 néonazis venus principalement d'Allemagne ont fêté clandestinement le 125e anniversaire de la naissance d'Hitler dans la salle communale d'Oltingue (Haut-Rhin), près des frontières allemande et suisse, le samedi de Pâques. La mairie s'est dit trompée sur l'objet de la soirée.
C'est déjà arrivé en Alsace, reconnaît du bout des lèvres la gendarmerie à l'AFP. On a parfois des rassemblements de ce type, en général du côté de la Moselle, très près de la frontière allemande, lui confie également une source policière lorraine, évoquant des soirées privées "très maîtrisées, très discrètes" et qui ne gênèrent "pas de trouble à l'ordre public".
Les forces de l'ordre n'ont aucun pouvoir d'aller voir ce qui se passe sur place. Ces rassemblements pourraient être interdits s'ils étaient déclarés avec un objet précis. Ce n'est jamais le cas.
En Allemagne
La législation allemande est plus restrictive envers les rassemblements de ces groupuscules.Au-delà d'un certain nombre de personnes réunies dans une salle, arborer des emblèmes nazis ou assimilés est illégal, même dans un cadre privé", déclare à l'AFP Gideon Botsch, chercheur spécialiste de l'extrême droite à l'université de Potsdam, près de Berlin.
Les autorités allemandes font également la chasse au hard-rock néonazi, ou "hatecore", qui est un outil de recrutement important dans ces milieux. Certaines chansons accusées d'épouser l'idéologie néonazie ou de contenir des paroles racistes sont sur liste noire et leur vente interdite dans le pays.
Le cadre législatif plus libéral de pays voisins offre des opportunités, ajoute M. Botsch à l'AFP. Il cite pêle-mêle la Pologne, la République tchèque, le Danemark, la Belgique flamande, les Pays-Bas et l'est de la France comme destinations de choix.
En Lorraine
Toujours selon l'AFP, en Moselle, à Volmunster, des néonazis allemands disposent depuis quelques années d'un chalet privé pour pouvoir y organiser des concerts en toute tranquillité.Je ne sais pas si le terrain est à eux, mais il appartient à un Allemand, déclare le maire de la commune, Daniel Schaff. "De temps en temps" des gens " viennent avec un semi-remorque et font de la musique", témoigne-t-il. "Mais ils ont de l'ordre. Le lendemain il n'y a plus rien et c'est propre.
Avant Oltingue, ce genre de mésaventure était déjà arrivé, par exemple à Schleithal (Bas-Rhin), en 2008, ou à Rohrbach-lès-Bitche (Moselle),
en 2011.
Parti national démocrate d'Allemagne
Les JN, les jeunesses du parti allemand d'extrême droite NPD, se sont également réunies dans le Bas-Rhin, à Hatten, en 2011 et à Salmbach, en 2012. La même année, plus d'un millier de néonazis venus en majorité d'Allemagne ont fait la fête dans un hangar privé loué pour l'occasion à Toul (Meurthe-et-Moselle), après avoir été empêchés au dernier moment de louer la salle polyvalente de Volmunster.En général, ils louent plusieurs endroits à la fois, ils ont toujours un plan B, explique à l'AFP Alexander Breser, porte-parole de la cellule antifasciste de Sarrebruck (ouest de l'Allemagne). Sur les flyers diffusés sur des forums internet spécialisés, le lieu des concerts n'est jamais précisément indiqué. Selon M. Breser, il y a juste un numéro de téléphone temporaire ou un e-mail. Ce contact permet d'obtenir le lieu d'un premier rendez-vous, et sur place on vous donne l'adresse finale.
Un concert similaire doit avoir lieu "dans le nord de la France" pour fin mai, d'après un flyer repéré sur internet par des cellules antifascistes allemandes et suisses. Ce qui peut désigner en réalité la Lorraine, supposent-elles.