Connaissez-vous l'ancêtre des instruments de musique, le thérémine ?

Imaginez un instrument sans corde, ni clavier, ni archer. C’est le thérémine, quelque part entre la scie musicale et les ondes martenot. C’est l’ancêtre des instruments électroniques. Des musiciens sont réunis à Colmar pour une académie d'été.

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C'est l'ancêtre des instruments de musique électronique: le thérémine, appareil rare et étrange qui émet des sons sans qu'on le touche, compte quelques dizaines de passionnés en Europe. Une "académie d'été" a réuni une vingtaine d'entre eux ce week-end à Colmar.

"Tout le monde est prêt ? On reprend, 12e mesure ! " Dans sa vieille maison du centre-ville de Colmar, Thierry Frenkel, professeur et réparateur de thérémines, fait répéter un quatuor de musiciens sur une partition de Vivaldi qu'il a lui-même adaptée pour l'instrument.
Les amateurs, venus de Liverpool, Copenhague ou Hambourg, agitent leurs mains en l'air au-dessus de leur appareil, comme s'ils voulaient pincer les cordes d'un violon invisible.
Inventé en 1919 par un physicien et musicien amateur russe, l'appareil fonctionne suivant le principe des interférences radio: le joueur module le son en bougeant ses mains à proximité de deux antennes. Celle de droite, verticale, contrôle la hauteur du son - aigu ou grave. Celle de gauche, en forme de fer à cheval, module le volume et "l'expression musicale", explique M. Frenkel
Un bouton de réglage complète le dispositif: il modifie le timbre de l'instrument, afin d'obtenir un son évoquant un violon, une flûte ou une clarinette.
« Ce qui est compliqué, c'est que vous devez jouer dans l'air. Vous n'avez aucun repère pour savoir où mettre vos doigts afin d'obtenir telle ou telle note", observe le professeur de 50 ans, un informaticien de profession devenu l'un des rares "luthiers" en Europe capables de réparer et d'ajuster les thérémines.
Sur son bureau, les partitions de musique classique côtoient des transistors et un fer à souder. "Il a bricolé mon instrument pour élargir sa tessiture: désormais je peux jouer sept octaves, au lieu de quatre", se félicite une stagiaire.

"Le moindre tremblement s'entend"

Pendant la répétition, le concerto à quatre voix prend vie: dans les enceintes, le son paraît d'abord hésitant et plaintif, mais devient plus net et affirmé au fur et à mesure que les artistes s'accordent.
Peu d'oeuvres ont été écrites spécifiquement pour le thérémine, qui a longtemps été utilisé pour les bandes-son au cinéma, notamment dans des films de science-fiction à l'atmosphère angoissante. Et de fait, celui qui s'approche de l'objet pour la première fois risque de n'en retirer qu'un bruit geignard et effrayant, mais aucune note de musique digne de ce nom.
Sauf à disposer, en guise de prérequis, d'un minimum d'"oreille musicale": "j'ai réussi à jouer la gamme, mais c'était difficile", témoigne Coline Pierré, une clarinettiste de 27 ans venue prendre à Colmar sa première leçon de thérémine.

La jeune fille, qui rêvait de faire ses premiers pas sur cet étrange instrument depuis qu'elle l'a découvert dans un film de Tim Burton, semble conquise: "j'aimerais persévérer. Mais je devrai peut-être apprendre seule".
Confidentiel, le thérémine n'en a pas moins ses virtuoses: l'Allemande Carolina Eyck, considérée comme une des meilleures théréministes au monde, est en tout cas l'une des seuls à vivre de sa passion, via des concerts et l'enseignement.
"Ce que j'aime dans cet instrument, c'est qu'on peut donner une forme dynamique au son, un vibrato, comme au violon", explique cette concertiste de 26 ans, qui enseigne à Leipzig (est de l'Allemagne) un art qu'elle pratique elle-même depuis l'âge de 7 ans.
"Surtout, on peut faire passer beaucoup d'émotions, car chaque petit mouvement donne un son: le moindre tremblement s'entend", analyse l'artiste, qui vient d'enregistrer un CD.
Quoi qu'il en soit, jouer du thérémine "est très relaxant après une journée de travail, c'est une forme de méditation", affirme Terry Bowler, un ingénieur de 62 ans venu de Liverpool. "Ici, on est tous timbrés, mais il faut l'être pour jouer de ce truc!", conclut-il en riant.

Le reportage de R. Dinckel, et Ph. Dezempte et S. Sturtzer. Extrait du film Ed Wood / Tim Burton 1994, Thierry Frenkel, "Luthier de l'électronique" et Martina Land, Etudiante

 

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