L'équipe de France messieurs de basket a réussi l'un des exploits les plus retentissants de l'histoire du sport hexagonal en éliminant la toute puissante Espagne (65-52) en quarts de finale de "sa" Coupe du monde, mercredi à Madrid.
Le quotidien sportif Marca, qui avait appelé en Une la Roja "A écraser" la France, le grand ennemi de la dernière décennie, n'a pas été entendu. C'est au contraire la France, grâce à une défense ébouriffante, qui a réduit au silence un Palacio de los Deportes surchauffé. Ce succès figurera dans les annales du sport français en bonne place, aux côtés de la victoire des tennismen en Australie en finale de la Coupe Davis 2001 ou du succès des rugbymen en quart de finale de la Coupe du monde 2007 face aux invincibles All Blacks.
Les Bleus vont tout faire maintenant pour ne pas s'arrêter là. Un an après avoir décroché le premier titre de leur histoire, à l'Euro en Slovénie, ils peuvent réellement espérer obtenir une première médaille mondiale. Ils devront réaliser le même genre de performance défensive vendredi (22h00) contre la Serbie, qui a fait forte impression face au Brésil (84-56) mais qu'ils avaient battue en phase de poules (74-73). L'apothéose serait une finale face aux Etats-Unis dimanche.
Collet : "Ne pas gâcher"
Vincent Collet, le sélectionneur de l'équipe de France messieurs de basket (et aussi entraîneur de la SIG), ravi de la victoire sur l'Espagne (65-52) en quart de finale de la Coupe du monde mercredi à Madrid, a appelé ses joueurs à vite se remobiliser pour "ne pas gâcher" ce moment.Q : Vous aviez dit que ce serait le plus grand défi de votre carrière de sélectionneur...
R : "On a relevé ce défi. Pour ce genre de match, tout le monde doit être à l'unisson. Hier soir (mardi) on a fait notre meilleur entraînement depuis le début du tournoi, et même ceux qui n'ont pas joué ce soir étaient à fond. Donc il faut associer tout le monde dans cette victoire. On avait peu de chances de gagner ce match. Il ne faut pas minimiser cet exploit. C'est notre investissement, notre abnégation et notre discipline qui nous ont fait gagner. Dès qu'on en a manqué, on a été en difficulté, comme dans le troisième quart-temps. Le plus important, c'était d'être à fond tout le temps."
Q : Est-ce que vous réalisez ce que vous avez réussi ?
R : "Oui on se rend compte. On s'est embrassé après le match. Mais on est vite retombé parce qu'on sait comment fonctionnent ces Championnats. J'ai vu jouer la Serbie contre les Grecs et les Brésiliens, ils ont été énormes, ils montent. La règle qui veut qu'on ait du mal à battre deux fois la même équipe dans une compétition peut aussi s'appliquer à nous. Le match de vendredi sera au moins aussi dur que celui de ce soir, voire plus. Le premier match contre les Espagnols les a laissés croire que l'impossible ne pouvait pas se produire. On sait qu'impossible n'est pas français. Et ce matin, j'avais l'impression de voir le soleil d'Austerlitz quand j'ai ouvert mes rideaux dans la chambre. La première difficulté c'était que les joueurs soient convaincus. On n'avait pas le droit de faire autant d'erreurs qu'on en avait commises à Grenade. Les joueurs ont vraiment entendu ça et se sont mobilisés. Ils ont tout donné. En terme d'investissement et d'abnégation, ce match est une référence pour toujours. Je suis ravi de ce que les jeunes joueurs ont amené. Thomas (Heurtel) a fait une fin de match exceptionnelle. Rudy Gobert a été incroyable, et Joffrey (Lauvergne) avant. Rudy et Joffrey, c'est 23 rebonds à deux et une défense incroyable sur Pau Gasol."
Q : L'Espagne finit à 52 points. Etait-ce imaginable ?
R : "Non franchement. Je pensais qu'on pouvait les faire descendre sous les 70. 52 non, même dans mes rêves les plus fous, ce n'était pas possible. Bien sûr on a savouré et on va le faire encore. On n'est pas insensible. Mais l'idée, c'est de ne pas gâcher. Il reste trois très fortes équipes, dont une qui est à mon avis largement au-dessus, les Etats-Unis. Les deux autres sont plus dans nos cordes, mais elles ne nous sont pas inférieures. Je pense même qu'elles nous sont légèrement supérieures. La Serbie est en accélération, mais j'ai senti un relâchement dans le comportement du Brésil. Donc il faut qu'on évite ce relâchement. On a fait l'incroyable, mais maintenant l'objectif c'est de battre cette Serbie qui redevient une grande équipe. On sait que ça va être un match très difficile, mais je ne rêve que d'une chose c'est de jouer les Américains dimanche. Si on fait ça, là on pourra dire que c'est vraiment fort. Cette équipe mérite d'aller chercher quelque chose. N'importe quel métal nous satisferait. Bien sûr la plus belle couleur possible. Même la troisième place serait magnifique, mais pour ça il va encore falloir faire un exploit."
Propos recueillis en conférence de presse