Le site meusien d’Essilor installé à Ligny-en-Barrois développe des verres spéciaux pour grands malvoyants. Un marché de niche mais riche en innovations.
Les apparences de l'usine Essilor implantée aux Battants à Ligny-en-Barrois (Meuse), fondée en 1867, sont trompeuses : derrière sa façade désuète le site abrite un laboratoire unique au monde.
"C'est le seul site du groupe qui permet de fabriquer des verres avec des corrections extrêmes, c'est-à-dire à partir d'une dioptrie de -14 pour la myopie et +8 pour l'hypermétropie"
En décembre 2014, les équipes meusiennes ont battu un nouveau record mondial de correction visuelle, en taillant des verres d'une dioptrie de -104 pour un client slovaque, quasi aveugle jusqu'alors.
"Cette personne nous a raconté qu'elle peut désormais lire ses mails et a plus d'assurance quand elle descend les escaliers" se félicite Stanislas Poussin, responsable de l'activité verres spéciaux d'Essilor, rencontrée par notre équipe lundi 19 janvier 2015.Ces verres spéciaux nécessitent jusqu'à 10 à 15 jours de fabrication, avec des machines modifiées et des ouvriers spécialisés formés pendant 2 à 3 ans.
Les troubles de la vision (amétropies) hors normes affectent environ une personne sur 1.000, soit 60.000 en France. Le special lenses laboratory (SL Lab) produit en meuse 120 verres par jour adaptés à ces pathologies. C'est microscopique par rapport aux 4,3 milliards d'humains nécessitant une correction visuelle et aux 430 millions de verres classiques produits par Essilor chaque année dans le monde.
Le reportage de Claire Schaffner et Jean-Philippe Tranvouez :
Le groupe s'intéresse aussi au potentiel des lunettes dites "à réalité augmentée", sorte de version médicale des Google Glass, dotées d'une mini caméra dont les signaux sont projetés sur la rétine. Une poignée de grands malvoyants en France testent actuellement des prototypes conçus en partenariat avec ERDF et GRDF.