Restes de victimes juives : l'Université de Strasbourg réfute les accusations de Michel Cymes

L'Université de Strasbourg, mise en cause dans une polémique suscitée par un livre de Michel Cymes, qui l'accuse de posséder encore dans ses murs des restes de victimes juives du nazisme, a catégoriquement réfuté mercredi ces accusations, évoquant des "rumeurs".

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Le reportage de O. Stephan - D. Walter - M. Kelhetter. Interviews : Jean-Luc Kahn, directeur de l'Institut d'anatomie de Strasbourg - Alain Beretz, président de l'Université de Strasbourg

L'université a vivement réagi à la parution du dernier livre du médecin et chroniqueur Michel Cymes, "Hippocrate aux enfers", consacré aux médecins des camps de concentration. Celui-ci soutient que l'institution universitaire abriterait encore aujourd'hui des coupes anatomiques constituées à l'époque nazie, provenant de certaines des 86 victimes juives du médecin nazi August Hirt qui officiait durant l'Occupation à l'Institut d'anatomie de Strasbourg.

Les corps ont quitté l'institut en septembre 1945, a rappelé l'université dans un communiqué. Après la découverte d'une partie de ces restes en décembre 1944, ceux-ci ont été "enterrés au cimetière juif de Cronenbourg, à l'endroit où fut apposée il y a quelques années la stèle qui porte le nom des 86 victimes", a indiqué l'université. "Depuis septembre 1945, il n'y a donc plus aucune de ces parties de corps à l'Institut d'anatomie et à l'Université de Strasbourg", a-t-elle ajouté.

Dans son livre, Michel Cymes s'appuie sur les propos d'un médecin strasbourgeois, le psychiatre Georges Federmann, président du cercle Menachem Taffel qui oeuvre pour la mémoire des 86 victimes juives déportées à Auschwitz et gazées au camp alsacien du Struthof, et dont les corps furent transférés à l'institut d'anatomie. Interrogé par l'animateur sur l'existence de ces restes, le Dr Federmann aurait évoqué un creux axillaire, une main et une coupe transversale de la tête, conservés dans des bocaux.

Le médecin, qui n'est pas cité directement dans le livre, estime avoir été "trahi" par l'animateur dans la retranscription de ses propos. "Là où Cymes m'a trahi, c'est qu'il laisse entendre qu'il resterait des restes des 86", a expliqué le Dr Federmann à la presse mercredi au côté du président de l'université, Alain Beretz. Contacté mercredi par l'AFP à sa société de production parisienne, l'animateur n'était pas joignable dans l'immédiat.

"Au lieu de m'accuser de déformer l'Histoire, il serait plus judicieux de se battre contre ceux qui essaient de l'étouffer", a répondu l'animateur et médecin dans un courrier au Dr Federmann dont l'AFP a obtenu copie. "Mon livre fait plus pour le devoir de Mémoire que des dizaines d'autres passés inaperçus", estime Michel Cymes. 

Affirmer qu'auraient subsisté ou pourraient subsister des restes de victimes juives à l'Université ou à l'institut, comme l'affirme Michel Cymes, est "faux et archi-faux", selon M. Beretz. "C'est faux depuis 1945 !", a martelé ce dernier, qualifiant de "rumeurs" des faits "avancés sans preuve" par l'animateur du "Magazine de la santé". Après la découverte des restes de ces victimes, deux médecins légistes strasbourgeois, le Pr Fourcade et le Dr Simonin, ont fait une expertise médico-légale de ces pièces avant qu'elles soient enterrées. Selon

Christian Bonah, professeur d'histoire de la médecine à l'Université de Strasbourg, l'ouvrage de Michel Cymes est "un livre qui cherche plutôt à faire sensation". L'auteur "est très fidèle aux faits, mais (se réfère) à des travaux anciens. Tout est dans le flou", a estimé l'historien qui renvoie aux récents travaux de Raphaël Toledano, auteur d'une thèse lauréate du prix de la Fondation Auschwitz et d'un documentaire sur la question. Michel Cymes sera vendredi à Strasbourg pour présenter son livre, a indiqué sa maison d'édition. Le Dr Federmann veut profiter de l'occasion pour inviter l'auteur à débattre de son ouvrage.
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