La République défendra les juifs de France "de toutes ses forces", a promis mardi François Hollande lors d'une cérémonie de recueillement au cimetière juif de Sarre-Union, dont les cinq profanateurs présumés, des adolescents mineurs, étaient toujours en garde à vue.
Le reportage de O. Stephan - G. Fraize - P. Dezempte - I. Hassid-Guimier.
Extrait du discours de François Hollande
"Profaner, c'est insulter toutes les religions et souiller la République", a encore déclaré François Hollande en présence de nombreux responsables politiques, de représentants de la communauté juive française, et de l'ambassadeur d'Israël en France Yossi Gal. La cérémonie avait commencé par la prière des déportés et le kaddish, la prière des morts. Les Français de confession juive "écartent dans leur immense majorité la perspective de quitter leur patrie. Ils sont Français, ils aiment la France et leur place est naturellement en France", a encore affirmé M. Hollande, en allusion au récent appel lancé par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu aux juifs européens à rejoindre Israël.
Cette profanation de très grande ampleur -quelque 250 tombes ont été saccagées- a suscité depuis sa découverte dimanche indignation et émotion. Lundi, l'enquête a connu une avancée spectaculaire avec le placement en garde à vue de cinq adolescents originaires de la région, dont l'un s'était présenté de lui-même à la gendarmerie.
Sarre-Union sous le feu des projecteurs depuis dimanche soir
Une notoriété contrainte et forcée dont ce serait bien passé les habitants de la commune.
Le reportage de C. Kellner - J. Gosset - L. Guigues.
Réactions de René Gutman, grand rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin et de Monseigneur Jean-Pierre Grallet, archevêque de Strasbourg
durée de la vidéo : 00h01mn31s
Réactions de René Gutman, grand rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin et de Monseigneur Jean-Pierre Grallet, archevêque de Strasbourg
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©F3 Alsace
"Inconscience" ou "intolérance" ?
Les gardes à vue de ces cinq garçons, sans antécédents judiciaires et qui se défendent de tout antisémitisme, ont été prolongées mardi "pour 24 heures supplémentaires", a indiqué le parquet de Saverne, qui devrait s'exprimer mercredi en fin d'après-midi sur les suites de la procédure. La justice dira "ce qui relève de l'inconscience, de l'ignorance ou de l'intolérance", a commenté mardi François Hollande. "Mais le mal est d'ores et déjà fait", a ajouté le chef de l'Etat, qui a relevé l'"archarnement" et la "frénésie" dont ont fait preuve les profanateurs, dans la nécropole dont il a lui-même parcouru mardi les allées."On peut chercher toutes les explications, il en faut, mais il faut aussi des réponses, et la fermeté est dans ces circonstances la seule réponse. (...) Quiconque se rendra coupable d'actes antisémites ou racistes sera inlassablement recherché, interpellé et condamné", a poursuivi le président de la République. Concernant leurs motivations, les adolescents auraient dit aux enquêteurs qu'ils croyaient que le cimetière était "abandonné", avait précisé lundi le parquet.
Selon les Dernières nouvelles d'Alsace (DNA), les cinq jeunes gens se seraient donné rendez-vous via les réseaux sociaux, deux jours avant de passer à l'action, dans le but affiché d'"aller explorer quelques endroits abandonnés" tels que "maisons, manoirs, châteaux (ou) gares".
Les lycéens manifestent
M. Hollande est également revenu, de manière indirecte, sur les propos controversés du Premier ministre israélien. Comme après les attentats de Paris en janvier, Benjamin Netanyahu avait renouvelé dimanche son appel aux Juifs européens à rejoindre Israël. "Je connais le sentiment d'inquiétude qui traverse les Français de conviction juive. Je sais qu'ils écartent dans leur immense majorité la perspective de quitter leur patrie. Ils sont Français, ils aiment la France et leur place est naturellement en France", a dit à ce propos M. Hollande.Juste avant cette cérémonie, quelque 200 lycéens de Sarre-Union avaient marché, de leur propre initiative, dans les rues de leur ville pour témoigner de leur indignation face à la profanation. Les jeunes, qui brandissaient des pancartes "Coexist" et "Respect", ont observé deux minutes de silence, ponctuées d'applaudissements, devant une petite synagogue.
Ce n'est pas parce que cinq personnes idiotes ont fait ça qu'on est tous comme ça", a témoigné Charlotte, 17 ans. "Nous sommes tous très surpris, ils sont plutôt calmes, discrets, même un peu repliés", a dit un jeune homme à propos des suspects en garde à vue. Selon le maire, Marc Séné, "il ne s'agit pas de familles qui posaient des problèmes particuliers". La tante de l'un des jeunes suspects, interrogée par l'AFP, a fait part de son incompréhension et évoqué "un brave garçon, qui n'a jamais fait de bêtises". "J'ai été très choquée quand j'ai appris ça ce matin, nous ne comprenons pas", a-t-elle ajouté, le visage grave.