L'accident d'une rame d'essai d'un TGV samedi à Eckwersheim, en Alsace, est "inexpliqué" à l'heure actuelle, a déclaré dimanche le président du directoire de la SNCF, Guillaume Pepy, lors d'une conférence de presse à Paris.
"A l'heure actuelle, l'accident est inexpliqué. Personne n'est capable d'établir un arbre des causes", a déclaré M. Pepy, ajoutant que ce déraillement d'une rame d'essai est "sans précédent" et "un choc énorme" pour la SNCF.
Rappel des faits
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La motrice du TGV a percuté le pont avant de dérailler (parquet)
La rame d'essai du TGV a percuté un pont avant de quitter la voie et chuter de la ligne ferroviaire, selon un premier scénario d'accident, a indiqué dimanche le parquet de Strasbourg. Selon les premiers éléments de l'enquête, la motrice a "percuté" le pont et "le train a ensuite déraillé avant de basculer sur le tallus de la ligne ferroviaire", a déclaré le procureur-adjoint du parquet de Strasbourg, Alexandre Chevrier.La SNCF a mis en place un numéro vert 0800 130 130 pour les familles des victimes
Le bilan provisoire de ce déraillement sur la ligne à grande vitesse (LGV) devant être mise en service au printemps prochain, est de 11 morts et 39 blessés, dont 2 en état d'urgence absolue.
Les onze tués faisaient partie d'une équipe de 49 techniciens et cheminots à bord de la rame. M. Pepy a confirmé "la présence d'un certain nombre d'accompagnants dans la rame", dont des enfants. "Chaque essai fait l'objet d'une liste d'accompagnants (...) autorisés à participer" et cette liste "a été transmise aux enquêteurs", a ajouté M. Pepy. Ces derniers "détermineront la cohérence" de cette liste avec "les personnes à bord" au moment de l'accident.
"Qu'il s'agisse de cheminots ou d'accompagnants, de gens sur la liste ou de gens pas sur la liste, la SNCF assumera sa responsabilité à l'égard de toutes les victimes", a déclaré le patron de l'entreprise. Pour une raison inexpliquée, le train est sorti de la voie et a chuté dans l'eau d'un canal. C'est le premier déraillement mortel dans l'histoire du TGV depuis sa mise en service en 1981.
La rame circulait à quelque 350 km/h, selon une source proche de l'enquête. "Nous ne savons pas à quelle vitesse le train a roulé", a pour sa part déclaré M. Pepy, ajoutant que "c'est du ressort des boîtes noires", qui ont été remises aux enquêteurs. La SNCF a ouvert une enquête interne et un "premier rapport technique sera publié dans le courant de la semaine", a indiqué M. Pepy.
L'accident s'est produit lors de la "dernière phase" de test de la LGV, a expliqué Claude Solard, directeur général délégué sécurité de SNCF Réseau, qui "consiste plus précisément à parcourir tous les itinéraires par palier de vitesse en allant jusqu'à la vitesse d'exploitation +10%, donc sur la LGV c'est 352 km/h", a-t-il détaillé.
LGV : vers un report de la mise en service de la deuxième phase
Le train a déraillé peu avant la jonction de la LGV avec la ligne classique, "au niveau du raccordement" entre les deux lignes, a-t-il ajouté. Les essais sur ce tronçon de la LGV qui doit relier Paris à Strasbourg en 01H48 à partir d'avril 2016, ne reprendront pas lundi, a par ailleurs indiqué Jacques Rapoport, président délégué du directoire de la SNCF, lors de la conférence de presse."Compte tenu de la durée des enquêtes et de la nécessité de bien tout comprendre avant la mise en service, il est donc raisonnable de penser qu'elle sera reportée", a-t-il ajouté, précisant que la décision n'était pas encore officiellement prise.
"Aucun corps n'a été retrouvé", a indiqué le procureur-adjoint du parquet de Strasbourg, Alexandre Chevrier: "Seuls des morceaux de corps pouvant
appartenir aux victimes recensées" ont été découverts.
Enquête pour "homicide et blessures involontaires"
Le parquet de Strabourg a ouvert une enquête pour "homicide et blessures involontaires". Sur le site de l'accident, plusieurs camions-grues et camions de portage procédaient dimanche aux opérations de levage de la rame, qui a chuté dans l'eau et sur une berge, près d'un pont enjambant un bras du canal de la Marne au Rhin, au nord-ouest de Strasbourg.
"Toutes les hypothèses de l'accident restent ouvertes, celle d'un acte criminel ou d'un attentat n'est pas une hypothèse exclue à ce stade mais pas privilégiée. On ne peut être que très prudent", a dit M. Chevrier. "Il faut un travail d'expertise très approfondi, et donc très long, pour déterminer la ou les causes. A ce stade, nous n'avons pas d'éléments de certitude, tout est ouvert", a-t-il ajouté.
Au milieu des décombres, des hommes en blanc procédaient dimanche à des relevés et à des investigations sur les matériels ainsi que sur la voie ferrée. La motrice arrière du TGV gisait dans le canal, une dizaine de mètres au pied d'un pont métallique, à Eckwersheim. Une douzaine de déraillements de TGV, parfois dus à des objets sur les voies, ont été recensés depuis 1981 mais aucun n'avait eu de conséquences aussi graves et aucun ne concernait une rame d'essai.