L'affaire du chantage à l'égard du roi du Maroc jugée à Reims lundi

La cour d'appel de Reims se prononcera le 16 février sur la recevabilité d'enregistrements-clé mais contestés dans l'affaire des deux journalistes français poursuivis pour chantage à l'égard du roi du Maroc, ont annoncé les parties jeudi au sortir d'une audience devant la chambre d'instruction.

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Catherine Graciet, 42 ans, et Eric Laurent, 69 ans, ont été mis en examen pour chantage et extorsion de fonds. Ils sont soupçonnés d'avoir voulu extorquer trois millions d'euros au roi du Maroc en 2015, en échange de l'abandon d'un livre censé contenir des révélations gênantes pour Rabat.
A l'audience, qui s'est tenue à huis clos, le parquet général a de nouveau requis la validation des enregistrements malgré une décision de la Cour de cassation les remettant en cause le 20 septembre dernier. "Il n'appartenait pas aux enquêteurs d'interdire au plaignant, ni même de le dissuader, de recourir à des enregistrements, dont l'illégalité était justifiée par l'état de nécessité", a estimé l'avocat général dans son réquisitoire écrit, dont l'AFP
a eu connaissance. "Les enquêteurs donc ont profité des enregistrements, sans avoir participé, même indirectement, à leur réalisation", a-t-il ajouté, concluant que l'argument des mis en cause sur "la prétendue déloyauté de la preuve" devait être "écarté".


L'affaire

Les deux journalistes avaient été interpellés le 27 août 2015, en possession de 80.000 euros en liquide, au sortir d'une réunion avec un émissaire du Maroc, enregistrée à leur insu par leur interlocuteur. Cela avait été déjà le cas pour deux rencontres précédentes, entre Eric Laurent et cet émissaire, l'avocat Hicham Naciri.
Les avocats des mis en examen, qui reconnaissent un accord financier mais réfutent tout chantage, demandent l'annulation des enregistrements des deuxième et troisième rencontres, au motif qu'ils ont été pris par l'émissaire marocain, alors même qu'une
enquête était ouverte. "La police doit respecter un certain nombre de règles de procédure : si elle ne les respecte pas, la sanction est l'annulation", a déclaré Me Jérémie Assous, avocat d'Eric Laurent. A ses yeux, les enregistrements sont "illégaux" car réalisés hors du cadre fixé par la procédure pénale.
De son côté Me Eric Dupond-Moretti, un des avocats du royaume du Maroc, a répété que "les policiers ont été observateurs et pas acteurs. Ils n'ont pas équipé Naciri d'un matériel d'agent secret." La cour d'appel de Reims rendra sa décision le 16 février mais celle-ci pourra à nouveau faire l'objet d'un pourvoi devant la Cour de cassation.
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