C'est une bonne nouvelle, une grande nouvelle pour la nature et le massif vosgien particulièrement. Pour la première fois depuis 300 ans, deux lynx y sont nés ce printemps. Les prémices d'une réintroduction durable ? Pas vraiment.
Il aura fallu attendre près de 300 ans pour que la nature et la vie reprennent leurs droits dans le massif vosgien. Ce printemps, la femelle lynx Lycka, relâchée en mars 2020 dans les forêts du Palatinat (Allemagne), a mis au monde deux petits. Ils ont été géolocalisés par les techniciens allemands du programme Life en Alsace. Une bonne nouvelle pour la biodiversité mais le chemin est encore long pour une réelle réintroduction du lynx dans les Vosges.
Des lynx réintroduits en Allemagne
Depuis 2016, le projet Life a permis la réintroduction de 20 lynx dans la forêt du Palatinat (Rhénanie-Palatinat) : 12 femelles et 8 mâles, capturés en Suisse et en Slovaquie. En mars 2020, le dernier lynx a été relâché mettant un terme à cette politique de réintroduction. Le programme a abouti en Allemagne à quelques 17 naissances.
C'est en 2017 que les premiers lynx du programme Life passent la frontière. Deux d'entre eux, des mâles, s'installent dans le massif vosgien. En mars 2020, une femelle, Lycka, les y rejoints. L'heureux évenènement était donc aussi attendu que prévisible. Ils seraient actuellement trois ou quatre, sans compter les petits nouveaux dont le sexe est pour l'heure encore inconnu.
Cela signifie clairement que le massif est accueillant pour eux.
"Des naissances c'est toujours positif pour le massif, cela signifie clairement que le massif est accueillant pour eux. Qu'il y a suffisamment de gibier, une certaine quiétude aussi qu'il faut à tout prix préserver" se réjouit Stéphane Giraud, directeur d'Alsace Nature.
Préserver l'habitat, construire des ponts
Une joie de courte durée car globalement, le constat est sombre. "Ce massif pourrait héberger une trentaine d'individus. Nous en sommes à trois ou quatre, uniquement des mâles, il y a vraiment un souci de pérennité de l'espèce dans les Vosges. J'espère de tout coeur que sur ces deux petits il y ait au moins une femelle ."
Ce massif pourrait héberger une trentaine d'individus. Nous en sommes à trois ou quatre, uniquement des mâles. Leur pérennité est menacée.
Car si côté allemand, une réelle politique volontariste de réintroduction de l'espèce a été mise en place, dans les Vosges on en est bien loin. "Non seulement le peu de lynx qu'il y a se fait abattre par des gens sans vergogne alors que nous parlons bien d'une espèce protégée mais le gouvernement refuse de réintroduire des femelles lynx dans le massif. Pour chaque lynx abattu (un en 2003, un autre en 2020), il faut en réintroduire deux. Dont au moins une femelle. C'est simple." Une pétition avait été mise en ligne en ce sens.
300 personnes à Saint-Amarin pour lutter contre le braconnage des lynx dans les Vosgeshttps://t.co/XPz7DMHWZb pic.twitter.com/fZ6R6DjV79
— France 3 Alsace (@F3Alsace) February 15, 2020
Si l'Alsace peut aujourd'hui se targuer de ces deux naissances c'est qu'elle profite justement de la politique ambitieuse de l'Allemagne. Les lynx se fichent bien des frontières. Quoique. "Il faut faciliter les passages. Le col de Saverne est encore un gros point noir pour les lynx. Il faut construire des éco-ponts, fluidifier les trajectoires notamment avec le jura suisse où les lynx sont une grosse centaine."
Faciliter leurs déplacements et surtout préserver la quiétude de leur écosystème. "Après le premier confinement, les Vosges sont devenues surpeuplées. Ce n'est pas possible, il faut réfléchir à un autre tourisme, plus respectueux de l'environnement. La faune sauvage a besoin de quiétude, sans cela, pas de lynx, rien."