Ce jeudi 27 avril au matin, à Sélestat, une centaine d'opposants à la réforme des retraites ont répondu à l'appel de six collectifs et du syndicat Sud-Rail. Les manifestants ont envahi les voies. La circulation des trains a été interrompue jusqu'à 9h45.
"On ne crèvera pas au boulot, la retraite, c'est 60 ans max, en bonne santé !" : le message a au moins le mérite d'être clair. Les manifestants ne baissent pas les bras. Et le prouvent. Ce matin, tous les trains de la gare de Sélestat ont été bloqués de 7h à 9h45. Soit au total une trentaine de TER.
"Pour nous, c'est très important de maintenir la pression avant la manifestation du 1er mai, explique Isabelle, du Collectif "On crèvera pas au boulot Strasbourg". Il ne faut pas baisser les bras, car c'est avec toutes ces actions que l'on arrivera à la faire retirer, cette réforme. Je pense que le pouvoir a peur. Parce que derrière, il y a aussi l'inflation, la casse des services publics, la question des salaires. Moi, je suis pour la retraite à 60 ans. "
Dès 7 heures, des opposants à la réforme des retraites se sont retrouvés à la gare de Sélestat. Ils venaient de Strasbourg, Mulhouse, Colmar, du Val de Villé : six collectifs qui se mobilisent depuis plusieurs mois contre les retraites, dont "On crevera pas au boulot Strasbourg". C'est la première fois qu'ils se coordonnent pour une action commune.
"On nous retire nos deux meilleures années de retraite pour nous imposer nos deux pires années au travail, lance Alexandre Welsch, du syndicat Sud-Rail. Les gens en ont ras-le-bol et ça déborde de partout."
"Le gouvernement veut passer en force, eh bien nous aussi", lâche l'un des manifestants. "Parce que nos salaires ne suffisent plus à nourrir nos familles, parce que la situation économique et sociale est grave, parce que le gouvernement ne nous écoute pas, parce que la planète brûle pendant que les grandes fortunes bronzent", peut-on lire sur les tracts distribués aux usagers.
Travailler, pour certains, c'est un plaisir, mais il y a des tas de gens pour qui ça n'est pas le cas. Il y a des métiers qui cassent et qui tuent.
Caroline Reys, conseillère municipale Les Verts de Sélestat
Certains élus avaient fait le déplacement. Comme Caroline Reys, conseillère municipale de Sélestat (Les Verts) : "Le problème, c'est aussi la manière dont la réforme a été validée. Nous sommes dans un mépris total de la démocratie. Il y a un degré d'exaspération qui a atteint un summum. Travailler, pour certains, c'est un plaisir, mais il y a des tas de gens pour qui ça n'est pas le cas. Il y a des métiers qui cassent et qui tuent."
Les manifestants ont commencé à quitter la gare d'eux-mêmes à 8h30, sur l'air de "Ce n'est qu'un au-revoir". La circulation a repris progressivement à partir de 9h45. Prochaine manifestation intersyndicale contre la réforme des retraites : le 1er mai.