Alsace Nature fête en 2023 ses 58 ans d'existence. Créée pour but de défendre les milieux naturels face à l'extension industrielle avant que d'autres préoccupations s'ajoutent. Pour Maurice Wintz, ancien président de l'association, la plus belle bataille fut celle des prairies contre le maïs.
Alsace Nature a 58 ans. Au départ, il s'agissait de défendre les milieux naturels face à l'extension industrielle et aux méthodes productivistes de l'agriculture. Depuis, d'autres préoccupations se sont ajoutées : climat, lutte contre la pollution, gestion des déchets. Pour Maurice Wintz, ancien président de l'association, la plus belle bataille fut celle des prairies contre le maïs.
Dans les années 1980, Maurice Wintz vient tout juste d'adhérer à Alsace Nature. Il habite le Kochersberg, et veut dénoncer la construction d'une route près de sa commune. Mais c'est sur d'autres terres qu'il va finalement mener bataille : en centre Alsace, dans le Ried, pour empêcher la canalisation de l'Ill.
Pour Alsace Nature, il s'agissait de préserver les toutes dernières prairies naturelles face à l'avancée inexorable des champs de maïs "rendez-vous compte, dans les années 1950 il y avait encore 7.000 hectares de prairies dans le Ried. Dans les années 1980, il ne restait plus que 1.500 hectares" s'étrangle-t-il. Les années ont passé, mais Maurice Wintz continue de s'enflammer pour ce sujet.
Le Ried, zone inondable et berceau d'une faune et d'une flore toute particulière, était progressivement grignoté par l'agriculture. Le maïs, qui déteste avoir les pieds dans l'eau. Voilà pourquoi, sur pression des céréaliers, dit Maurice Wintz, il fut envisagé de canaliser l'Ill, de Colmar à Strasbourg, au détriment de la biodiversité.
Une action déterminante pour les prairies
Les défenseurs de l'environnement se sont mobilisés : en mai 1983, une semaine d'action, sur la rivière elle-même, depuis sa source jusqu'à Strasbourg. Et dans la foulée une importante manifestation. Les pouvoirs publics ont plié. Plus question de canaliser l'Ill, au contraire, il s'agissait désormais de préserver les quelques prairies encore existantes.
"Notre action a été déterminante, dit Maurice Wintz. Sans elle, il n'y aurait plus aucune prairie aujourd'hui. Et ça fait plaisir de voir que parfois, une association peut obtenir d'infléchir les politiques, dans le sens de l'intérêt général". Il constate que leur démarche était avant-gardiste, en matière de préservation de la diversité. Elle fut surtout acceptée et comprise "Avec le GCO, ça n'a pas fonctionné" sourit-il. Mais les défis à relever ne manquent pas.