Les ventes de groupes électrogènes ont bondi en Alsace. Les clients sont des particuliers qui craignent des coupures d’électricité. La demande est telle que les ruptures de stock se multiplient et les délais de commande s'allongent de plusieurs semaines.
C’est incontestable, depuis plusieurs semaines, la vente de groupes électrogènes a bondi en Alsace. "Les gens ont peur des coupures de courant, ils n’ont pas envie d’être privés de télé, c’est ce qui revient souvent", s’amuse Aurélie Grass, comptable chez Elmecau à Mundolsheim (Bas-Rhin).
Chez ce réparateur de machines qui est aussi revendeur de groupes électrogènes, la demande a doublé en quelques semaines. Certains particuliers investissent jusqu’à 5.000 euros dans des groupes automatisés qui prennent immédiatement le relais en cas de coupure. "L’installation est intégrée au tableau électrique, c’est pratique pour les frigo ou les congélateurs, il n’y a pas de rupture de la chaîne du froid » explique Aurélie Grass.
Mais la plupart des ménages optent pour une alternative plus économique : les groupes électrogènes dit "de chantier" , vendus autour de 1.500 euros. "Ils se branchent, c’est surtout pour la lumière et le chauffage", poursuit-elle.
Aujourd'hui, il ne lui reste que 3 appareils en stock. Une fois qu'ils seront écoulés, ce sera terminé ou presque. Car les délais de commande se sont considérablement allongés. Elmecau travaille avec le fabriquant breton Kohler, l’un des leaders français du marché. "On est bloqué, il y a une pénurie, l’usine n’arrive plus à suivre". Prochaine livraison en février ou mars 2023. Bien trop tard pour les acheteurs.
"Avec de tels délais, ça n’intéresse plus les clients" affirme Hervé Castelan, commercial chez Champion Sélestat, une quincaillerie au catalogue très fourni. Chez lui, les ventes de groupes électrogènes ont triplé. Il s'en vend au minimum 3 par jour.
Le phénomène a débuté il y a plusieurs semaines. Le commercial a vu affluer des clients qui cherchaient une alternative à l’électricité pour se chauffer. "C’est moins cher d’utiliser de l’essence dans un groupe électrogène que l’électricité du réseau, d’autant qu’on s’attend à une explosion du prix de l’électricité au 1er janvier".
Mais depuis que le gouvernement a évoqué des coupures de courant cet hiver, les motivations des acheteurs ont changé. Hervé Castelan a encore une quinzaine de machines en magasin. Les prix s'échelonnent entre 670 et 1700 euros.
La faute à Macron
En revanche, chez BME Machines Tournantes à Sausheim (Haut-Rhin), le stock est vide. "On avait deux groupes électrogènes, ils sont partis pour l’Ukraine" explique la directrice générale Marie-Claudine Bost. «Désormais, pour les commandes, on annonce aux clients un délai courant 2023".
Et la patronne de rappeler que les 19 salariés de BME ont aussi besoin de courant. L’entreprise est spécialisée dans la maintenance de machines industrielles. "Si on a plus de courant, on ferme boutique, on ne pourra plus réparer les machines, c'est toute l’industrie qui sera en porte à faux", craint-elle.
"On peut remercier Macron d’avoir fermer Fessenheim, ces coupures d’électricité, c’est la faute du gouvernement " lâche-t-elle. La centrale nucléaire était l'un de ses gros clients, visiblement, elle n’a toujours pas digéré la fermeture.
Mais chez Marie-Claudine, derrière la lassitude, l’ironie n’est jamais bien loin. "Les gens paniquent, mais pas moi, j’allumerai des bougies !"