Le 21 septembre est la journée nationale de la maladie d'Alzheimer. Une pathologie qui peut être détectée, même de façon précoce, dans les centres de consultation mémoire. En cas de doute, les neurologues incitent les personnes à être courageuses et à passer les tests. Car détecter tôt la maladie permet de repousser la dépendance.
Cherchez ses mots, égarer ses lunettes, oublier un rendez-vous… Qui n’a jamais été confronté à ces « étourderies » ? Faut-il s’en inquiéter ? Y voir des signes d’une éventuelle maladie comme celle d’Alzheimer ? Les centres de consultation mémoire sont là pour poser un diagnostic précis. Comme à l’hôpital de jour de la Robertsau à Strasbourg où plus de 5300 patients sont accueillis tous les ans.
Et parmi ces patients, Christiane*, 72 ans, vient consulter pour se rassurer. Parce qu’elle a des symptômes qui font peur. "J’ai l’impression de perdre la mémoire, j’ai des soucis. Je ne sais pas où je mets mes clefs, je me trompe de jour ou d’heure pour mes rendez-vous, je peux oublier mon sac à main à côté de la voiture et m’en souvenir deux heures après." Christiane a beau témoigner en essayant d’en rire, elle est inquiète, et même "sérieusement".
Elle se dit stressée depuis toujours, et désormais inquiète de souffrir un jour de la même maladie que son père. "J’ai vu dans quel état il est décédé après de longues années, c’est dramatique comme maladie. Se voir diminuer, c’est terrible."
On estime que la moitié des personnes qui ont des troubles cognitifs ne viennent pas jusqu’à la consultation mémoire
Frédéric Blanc, neurologue
Christiane a eu la volonté d’aller passer des tests cognitifs. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde. "Ceux qui viennent, ce sont les plus courageux", affirme Frédéric Blanc, neurologue, coresponsable du Centre Mémoire de Ressources et Recherche (CMRR) des Hôpitaux universitaires de Strasbourg. "J’incite les personnes à être courageuses parce que c’est à leur grand bénéfice, pour eux, mais aussi pour l’entourage. Parce que prévenir l’évolution d’une maladie, c'est quand même très bien. Mais on estime que la moitié des personnes qui ont des troubles cognitifs ne viennent pas jusqu’à la consultation mémoire alors que nous pourrions les aider."
La consultation se déroule sous forme d’une batterie de tests. Calcul mental, mémorisation de mots, de chiffres, de lettres, dessin. Christiane s’en sort avec plus ou moins de succès. "Je me dis que c’est terrible que je ne retienne pas six mots ou six chiffres, c’est moche. Mais c’est pour ça que je suis là."
Tests, prise de sang et IRM
"L’idée, c'est faire un état des lieux du fonctionnement des cerveaux des patients, pour voir ce qui fonctionne, ce qui fonctionne un peu moins bien, et en fonction de ça établir un profil cognitif qui va pouvoir orienter vers telle ou telle pathologie", résume Guillaume Jung, psychologue, spécialiste en neuropsychologie au centre mémoire de l’hôpital de jour de la Robertsau à Strasbourg. La prise en charge prévoit également un bilan sanguin et une IRM du cerveau pour un bilan complet.
Et l'accueil commence toujours par un entretien. "On voit avec le patient quelle est sa plainte, est-ce qu’il en a une, est-ce qu’il n’en a pas, est-ce qu’il a remarqué que c’est parfois plus difficile dans la vie de tous les jours", précise le neuropsychologue. "On prend aussi en compte son moral. Est-il déprimé, est-il anxieux ? On va s'intéresser à son sommeil parce que ce sont des éléments qui vont avoir un impact sur la cognition."
Les spécialistes insistent sur l’importance d’une détection précoce. Qu’il s’agisse de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre pathologie. Car avec une prise en charge précoce, on décale l’évolution de la maladie. "On peut travailler sur la remédiation cognitive, sur l’activité physique, sur les facteurs de risques vasculaires, sur tout un tas de facteurs qui accumulés font que la maladie s’éloigne, et la dépendance avec elle", explique le médecin neurologue.
Il faut pour cela repérer les signes avant-coureurs. Et surtout oser pousser la porte d’un centre de consultation mémoire. Il en existe plusieurs du nord au sud de l’Alsace, mais c’est toujours le médecin généraliste qui adresse les patients. Et les délais sont parfois longs. Les rendez-vous sont attribués en fonction du degré d’urgence de chaque situation.
*Le prénom a été modifié