Avec trois semaines de retard par rapport à l'année dernière en raison des caprices du ciel, la saison des fraises est enfin lancée en Alsace. On vous indique les spots de libre cueillette dans la région.
Dans les allées de fraises de cette exploitation d'Entzheim, les dos sont courbés, les regards tendus vers la couleur rouge mais les visages sont détendus et souriants. "Je viens tous les ans et j'attendais l'ouverture avec impatience, nous explique cette cueilleuse. Comme il y avait beaucoup de pluie, je craignais de ne pas pouvoir venir avant de partir en vacances et de ne pas pouvoir faire mes confitures". La voilà rassurée, avec sous le bras des kilos de fraises fraîchement cueillies.
C'est vrai que le ciel n'a pas franchement été clément avec la culture de fraises cette année. Au point que la saison n'a pu être lancée qu'en début de semaine, soit trois semaines plus tard que l'an dernier. Avec tout de même une ambassadrice de choc. Delphine Wespiser, Miss France 2012 herself, est venue assurer la promotion de la saison des fraises d'Alsace.
A Entzheim, la cueillette a démarré le jeudi 3 juin. "Cette année, on a eu un mois de mai très froid, des gelées tardives, des nuits avec des températures très proches de zéro degré, or la fraise a besoin de soleil pour grandir, nous explique Elsa Hagmeyer, des fraises de Christophe. Enfin c'est le début de saison, les fraises sont goûteuses mais pas encore ultra sucrées. Mais il y a une vraie aromatique sur les fraises de plein champ qui est incomparable". Et c'est bien ce que recherchent les cueilleurs, mettre les mains dans la terre et savoir d'où vient ce qu'ils mangent
"Je crois même que l'Alsace est le berceau de la libre cueillette en France, précise encore Elsa Hagmeyer. Et en effet cela fait des décennies qu'elle existe dans la région. L'engouement est notable depuis une dizaine d'années maintenant, et a véritablement explosé l'an dernier. Avec le déconfinement, les gens avaient un besoin vital de prendre l'air. Aller cueillir des fraises en famille est devenu un bon prétexte. Sympa pour le porte-monnaie aussi puisqu'en ce moment il faut compter environ 10 à 11 euros le kilo de fraises sur un étal contre 3,6 euros le kilo en libre cueillette.
Des décennies de libre cueillette en Alsace
Aujourd'hui, l'Alsace compte 200 hectares de fraises accessibles au public. Il existe environ une zone de libre-cueillette tous les 10 kilomètres.
Un engouement qui donne envie à certains de voir grand. A Rustenhart dans le Haut-Rhin, tout le monde connaît la famille Peterschmitt. La ferme existe, "hou la la, bonne question, je peux remonter jusqu'à 1900, mais elle existait peut-être même encore avant" raconte, tout sourire, Thierry Peterschmitt. Pas de fraises au départ, plutôt des céréales et de l'élevage. Sa rencontre avec le juteux fruit rouge s'est faite un peu par hasard.
De la fraise à grande échelle dans le Haut-Rhin
"Un ami de la famille me faisait remarquer il y a près de 30 ans que les 50 hectares de céréales ne suffiraient pas pour toute la famille, il m'a suggéré les fraises qu'il produisait lui-même et j'ai suivi son conseil". Le paysan a commencé avec un peu plus de deux hectares uniquement en libre cueillette. Et puis en 2016, Thierry Peterschmitt s'associe avec les fils de son ami conseilleur, situé dans le Bas-Rhin pour augmenter la surface de production. Fraisifel est née. Le producteur exploite aujourd'hui 20 hectares de fraises destinés à la grande distribution ou à la transformation. De la fraise à grande échelle donc. Avec toujours 2,5 hectares dédiés à la libre cueillette.
"Je n'ai pas encore mis de panneaux routiers cette année, ni fait de pub, parce que c'est vrai que cette libre cueillette attire beaucoup. Il faut dire que nous sommes très bien placés climatiquement parlant, explique Thierry Peterschmitt. Nous sommes dans une zone très peu arrosée et les terres ici sont légères et drainantes, donc même s'il pleut, l'eau est vite évacuée, parce que c'est vraiment la quantité d'eau qui détermine la qualité de la fraise".
La saison est bel et bien lancée et devrait durer, en fonction bien sûr de la météo, jusque fin juillet.