Dans un rapport publié lundi 1er février, Météo France livre de nouvelles projections climatiques inquiétantes à l'horizon 2100. En fonction des réductions ou non de gaz à effet de serre, les températures pourraient fortement augmenter l'été, de même que les pluies l'hiver dans l'Est de la France.
L'horizon 2100 n'a rien de réjouissant, du moins climatiquement parlant. Météo France a publié un rapport lundi 1er février qui annonce des prévisions sombres en terme de réchauffement climatique, un phénomène plus rapide qu'initialement calculé en 2012. Ces simulations numériques du climat sont le fruit du travail collaboratif de scientifiques français, des projections qui seront utilisées par le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) pour rendre son sixième rapport en 2021.
Des conclusions régionales qui permettent de se projeter localement en France. Ainsi, quatre scenarii ont été étudiés en fonction de la baisse ou non des gaz à effet de serre. Dans tous les cas, le réchauffement de la planète est inexorable. Ce que confirme Sophie Roy, climatologue pour Météo France Grand Est. "On est en effet sur une trajectoire de réchauffement quel que soit le scénario. Mais son ampleur dépendra de nos comportements à l'échelle globale. Pour l'instant nous ne réagissons pas suffisamment vite".
Avec une augmentation de deux degrés dans le pays, on serait alors tout juste à la limite des objectifs fixés par les accords de Paris. Mais les projections annoncent jusqu'à 6 degrés de plus par endroit si rien n'est fait pour limiter les gaz à effet de serre. D'ailleurs le seuil d'augmentation de 1,5 degrés pourraient être franchis dès 2024.
Nous disposons de chiffres régionaux grâce aux travaux réalisés avec les Allemands et les Suisses sur les données concernant le Rhin supérieur. Les estimations concernant le nombre de jours de gel par exemple sont très parlantes. Si on considère le scénario le plus pessimiste, nos régions connaîtraient 36 à 40 jours de gel en moins en plaine à l'horizon 2100 sachant qu'on en compte 69 aujourd'hui. En montagne, on s'attend à 60 jours de gel en moins contre 160 aujourd'hui.
"Il y aura certains événements extrêmes qui se répèteront plus fréquemment comme les vagues de chaleur, deux fois plus nombreuses d'ici à 2050, précise encore Sophie Roy. Notamment en Alsace du fait de sa position continentale. Et puis les sécheresses estivales et les inondations et coulées de boue dues à de fortes précipitations, plus fréquentes, dommageables pour l'activité humaine, se multiplieront également. Enfin, la région connaîtra plus de nuits tropicales, lorsque la température ne descend pas sous les 20 degrés, ce qui très embêtant pour la santé humaine parce qu'on ne récupère plus la nuit." Un chiffre qui fait peur à ce sujet, en 2100, nous compterons 17 nuits tropicales en plaine contre 2 à 3 aujourd'hui.
Un réchauffement climatique qui entrainera davantage de précipitations. Moins de pluie l'été mais davantage l'hiver, 10 à 40% en plus selon les prévisions. Un changement qui touche surtout les zones montagneuses et l'Est de la France, avec des hivers plus doux. Les vagues de froid pourraient être divisées par deux à la fin du siècle. "L'avantage en Alsace, c'est qu'on aura des vagues de froid moins intenses et donc moins de dépenses énergétiques pour les foyers", ajoute Sophie Roy. En revanche, les hivers où la neige tombe en abondance, déjà rares, seront quasi inexistants.