Covid-19. Les biologistes médicaux tirent la sonnette d'alarme : "une stratégie de dépistage basée sur les autotests est dangereuse"

Dans un communiqué publié jeudi 6 janvier, le syndicat Les Biologistes médicaux pousse un coup de gueule contre la stratégie de dépistage du Covid-19 mise en place par le gouvernement. Une stratégie, selon eux, incohérente voire dangereuse. Nous avons contacté Pierre-Adrien Bihl, secrétaire général de BioMed.

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Dans un communiqué publié jeudi 6 janvier, le syndicat Biomed (Les biologistes médicaux) dénonce les failles de la stratégie de dépistage du Covid-19 mise en place par le gouvernement. Une stratégie que ce dernier juge incohérente. En ligne de mire : le recours massif aux autotests, pas assez fiables et par là-même dangereux, induisant des comportements à risques.

Pierre-Adrien Bihl est secrétaire général de BioMed, responsable de la microbiologie dans un laboratoire mulhousien. Il nous explique pourquoi. "La situation que nous traversons actuellement est inédite, monstrueuse même : 300.000 nouveaux cas par jour, vous imaginez. Dans mon laboratoire, 30 à 34% des tests PCR sont positifs. Je n'avais jamais vu ça. Lors des précédentes vagues on plafonnait à 10 ou 12%. Avec cinq à sept contacts par cas positif, comptez un peu. Nous avons fait une simulation au labo, à ce rythme dans 66 jours, tous les Français l'auront eu."

A ce rythme dans 66 jours, tous les Français auront eu le Covid.

Voilà pour le constat. Assez accablant. Une recrudescence des cas qui engendre logiquement une ruée vers les tests en tous genres. Que faire alors face à ce raz-de-marée ? "En ce moment, six à sept millions de tests, tout type confondu, sont pratiqués en France par semaine. Soit 10% de la population qui se fait tester chaque semaine. C'est énorme et nous n'avons plus une minute à nous. C'est tendu, très tendu."  Si les autotests ont été autorisés à la vente en pharmacie et dans les supermarchés, c'est bien justement pour alléger cette pression sur les laboratoires et offrir à chacun la possibilité de se faire tester. " Fausse bonne idée. C'est une politique du chiffre, c'est tout. En soi cette stratégie est très mauvaise, pire risquée."

La fiabilité des tests antigéniques pratiqués par le patient lui-même dépend clairement de sa propension à se faire du mal.

"La fiabilité des tests antigéniques pratiqués par le patient lui-même dépend clairement de sa propension à se faire du mal. Ou pas. Si on ne l'enfonce pas bien, le test sera toujours négatif. Et les faux négatifs c'est ce qu'il y a de plus dangereux. On relâche son comportement, son attention, on respecte moins les gestes barrières et on contamine. Leur sensibilité (quand le geste est bien exécuté) est de 65% contre 98% pour un PCR, le problème est aussi là, dans leur fiabilité. Faire reposer une stratégie de dépistage sur des instruments peu fiables est un non sens."

PCR et priorisation des tests

Que faut-il faire alors ? "Ce n'est pas simple je dois bien l'avouer, je suis content de ne pas être ministre de la Santé. Les évolutions sont constantes, il faut s'adapter à chaque fois."

Le BioMed donne toutefois quelques pistes. "Nous ne sommes pas là pour critiquer mais pour donner notre avis d'experts, sur le terrain." D'abord évaluer d’urgence les kits d’autotests disponibles sur le marché ensuite faire acte de pédagogie en expliquant à la population les forces et limites de ces tests : "un autotest négatif n’est pas un sésame permettant de lever les mesures barrières".

Plus concrètement, le BioMed suggère un protocole chronologiquement "inversé" par rapport à celui mis en place par le gouvernement. "Réaliser un test antigénique ou autotest (si vraiment vous n'avez pas le choix vous l'aurez compris)  à J0, J2 et J4, puis réaliser un examen biologique par RT-PCR à J6 – J7. Cela afin d’éviter de contaminer l’entourage d’un patient faussement rassuré à J4."

Pour aller plus loin et éviter la saturation des centres de dépistage, Pierre- Adrien Bihl ne "serait pas contre une priorisation des publics". Mieux vaut moins tester mais mieux. "D'abord les symptomatiques, ensuite les cas contacts, les personnes vulnérables et les femmes enceintes, et enfin les tests disons de confort pour aller au resto ou partir en week-end. Les laboratoires sont saturés, les pharmacies aussi, on ne tiendra pas si le rythme s'accélère encore." 

Le protocole change à l'école 

Du côté des écoles, le protocole vient de changer. Jusqu'à présent, les élèves du primaire devaient réaliser un test PCR ou antigénique à chaque nouveau cas positif déclaré dans la classe, puis réaliser un autotest à J+2 et J+4 pour pouvoir continuer à suivre les cours. Idem pour les élèves du secondaire âgés de 12 ans et plus justifiant d'une vaccination complète. Pour ces élèves cas contacts, le gouvernement a annoncé hier que si un nouveau cas positif apparaît dans une classe dans un délai inférieur à sept jours, les élèves n'auront pas à recommencer le parcours des trois tests.

"C'est une bonne chose, c'est même plutôt cohérent", note Pierre-Adrien Bihl. "Les enfants sont tous en contact de toute façon et puis surtout cela permettra de désengorger les laboratoires et les pharmacies qui ont déjà la tête sous l'eau."  Hier en Alsace, 588 classes étaient fermées et 735 élèves déclarés positifs au Covid-19.

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