Draisy, le futur train de Lohr qui veut relancer les petites lignes ferroviaires

Petit, léger, autonome, moins coûteux à entretenir... Le projet ferroviaire de l’entreprise alsacienne Lohr a tout pour séduire. Destiné à relancer les lignes ferroviaires désaffectées, il devrait être sur les rails en 2026.

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A Duppigheim, à quelques encablures de Strasbourg, ne cherchez pas ce petit wagon dont tout le monde parle. Pour l’instant, il n’existe que dans la tête de l’équipe des ingénieurs qui planchent sur le sujet. Et dans leurs disques durs aussi. Sur l’écran de son ordinateur, l’un d’entre eux manipule la structure colorée. Il s’agit de simuler les réactions de Draisy à différentes sollicitations (tamponnement, fatigue, surcharge exceptionnelle…)

Cela fait déjà 3 ans qu’on travaille dessus chez Lohr. L’industriel est spécialisé dans les systèmes de transport depuis sa fondation en 1963. "Il faut du temps parce que c’est tout un système qu’on recrée. On ne connaît pas notre terrain de jeu par exemple. L’autorité nationale de la sécurité ferroviaire doit définir avec nous les règles du jeu" explique Julien Rat, directeur des activités ferroviaires chez Lohr.

Mais Draisy, qu’est-ce que c’est en somme ? Un petit train, capable de transporter jusqu'à 80 personnes, plus facile et moins couteux à entretenir. Léger et solide à la fois. Autonome grâce à ses batteries embarquées. Le futur train de l’entreprise alsacienne coche toutes les cases.

En tout cas, il a de quoi séduire régions et territoires. "Draisy va répondre à une sollicitation des régions, pour créer un mobile ferroviaire destiné à exploiter ou réexploiter les lignes de dessertes fines du territoire qui ont été ces dernières années soit abandonnées, soit qui ont une exploitation très faible",  poursuit Julien Rat. Autrement dit, faire revivre les petites lignes abandonnées.

Thibaud Philipps visite les locaux de l’entreprise. Le vice-président en charge des transports à la région Grand Est connaît bien le sujet, il est très intéressé par Draisy, et il voit dans son faible poids un atour majeur : "Moi j’y crois beaucoup. Aujourd’hui, on voit bien que le type de matériel qu’on nous propose est très lourd, très coûteux à entretenir, et surtout pas adapté aux petites lignes où il y a moins de voyageurs qui circulent au quotidien. Sur ces lignes, on a besoin d’avoir du matériel roulant et une desserte ferroviaire, donc c’est un produit qui correspond bien à ces enjeux".

Smart is beautiful

Olivier Melquiot

Directeur du département "Trains très légers" à la SNCF

Julien Rat abonde dans le sens de l’élu : "En moyenne sur ce type de lignes, il y a 30 personnes à bord des trains. Aujourd’hui pour des raisons techniques, la SNCF est obligée de transporter ces 30 personnes avec des objets surdimensionnés, d’une capacité de l’ordre de 200 personnes, alors qu’il faut seulement en transporter une trentaine."

Moins lourd, Draisy a vocation à être plus facile et moins cher à entretenir. "Smart is beautiful" sourit Olivier Melquiot, directeur du département "Trains très légers" à la SNCF. "On est vraiment « petit », dans tous les sens du terme. En capacité, en coûts, en consommation et on fait le pari que ça réponde pleinement au besoin de mobilité des conseils régionaux et des collectivités".

100% batteries

Car Draisy n’est pas seulement le projet de Lohr, mais d’un consortium réunissant l’industriel, la SNCF mais aussi l’institut de recherche Railenium, GCK Battery, et Station-e. Il a été retenu dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt sur la décarbonation du transport ferroviaire. Son volet « trains légers » offre un potentiel de plus de 9.000 kilomètres de lignes, dont la majorité ne sont pas électrifiées. "Draisy, c’est un train 100% batterie car les petites lignes sur lequel il doit opérer sont très peu électrifiées, seules 15% le sont sur notre futur marché. On ne peut donc pas aller chercher l’énergie dans la caténaire."

Lohr est convaincu par son projet. Pour preuve, l’industriel a mis 20 millions d’euros pour le lancer. Du côté de la région Grand Est, qui doit donner l’autorisation, il y a aussi de l’enthousiasme : "Le but c’est que le Grand Est soit la vitrine pour Draisy et que d’autres régions se positionnent sur le produit" explique Thibaud Philipps.

Quand la production sera lancée, elle fera travailler une centaine de personnes. Mais le chemin est encore long. Le premier wagon devrait sortir de l’usine en 2025. Draisy pourrait être sur les rails en 2026 ou 2027.

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