Pas certain que Philippe Bies retrouve le palais Bourbon après le 18 juin. A Strasbourg, l'affaiblissement du Parti socialiste ajouté aux très bons scores de la France insoumise et de la République en marche à la présidentielle menacent le siège du député sortant.
La 2è circonscription du Bas-Rhin : un territoire urbain, composé de cantons populaires, parfois sensibles.Ce secteur, comme le reste de Strasbourg, a placé le président de la République en tête au premier tour de la présidentielle avec 26,54% des suffrages, réalisant ainsi un score au-dessus de son résultat national.
Suivi de près par Jean-Luc Mélenchon plébiscité par 22,84% des électeurs de la circonscription. Là encore, trois points au-dessus de son score national.
De son côté, Benoît Hamon récolte 8,92% des voix dans ce territoire urbain. Une défaite historique pour le Parti socialiste, qui met à mal la fédération locale.
En 2012, le PS avait obtenu deux sièges à l'Assemblée nationale dans le Bas-Rhin, une terre traditionnellement plus acquise à la droite. Philippe Bies remportait la 2è circonscription (52,25%) face au candidat LR Jean-Philippe Maurer (47,75%).
Les cartes pourraient être fortement rebattues les 11 et 18 juin...
2e circonscription du Bas-Rhin
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Six des quinze candidats en lice dans la circonscription ou leurs représentants sont venus débattre dimanche sur notre plateau.
Philippe Bies, 53 ans, brigue un deuxième mandat. Le député sortant participe à la vie politique strasbourgeoise depuis des années. En 2008, il est devenu adjoint au maire en charge du quartier du Neudorf. Quatre ans plus tard, il a rejoint Armand Jung sur les bancs de l'Assemblée.
Menacé par Christine Kaidi de la France insoumise sur son aile gauche et par Sylvain Waserman de la République en marche, sur son aile droite, le député sortant mise sur ses "cinq ans d'actions".
Le candidat publie sur les réseaux sociaux un engagement" par jour. Parmi ses propositions, Philippe Bies promet de renforcer les moyens de la police de proximité par la création de 10 000 postes ou encore le non cumul des mandats successifs.
Hollandais historique, il a apporté son soutien à Vincent Peillon à la primaire de gauche en janvier dernier. La victoire de Benoît Hamon divise alors la fédération locale bas-rhinoise. Dans l'entre-deux-tours, il appelle à voter Emmanuel Macron pour faire barrage au Front National. Et repproche désormais à la France insoumise son absence de consigne de vote. Philippe Bies ne quitte pas le Parti socialiste mais appelle à un "quinquennat constructif".
Interview Philippe Bies, PS
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La France insoumise constitue en effet une menace sérieuse pour le député sortant en raison d'un probable éparpillement des voix à gauche.
Arrivé en deuxième position dans la circonscription le 23 avril dernier, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon a investi Christine Kaïdi dans le sud de Strasbourg. Cette fonctionnaire de 53 ans brigue pour la première fois un mandat électif. Native du quartier de l'Esplanade, la candidate revendique un "programme humaniste et universel". Et fait de l'écologie une priorité, promettant l'accéleration du désamiantage du centre d'incinération du Neuhof.
Bénévole active, Christine Kaïdi souhaite "recréer des liens entre les habitants et remettre de l'humain dans le travail".
"On s'appuie sur ce qui a été bénéfique à la présidentielle, le terrain", conclue-t-elle.
Le candidat de la République en marche devrait également capter un nombre important de voix. Notre sondage Ipsos/Sopra Steria donne, pour l'heure, une large avance à l'alliance En marche!-MoDem.
Sylvain Waserman, 50 ans, porte les couleurs de la majorité présidentielle aux côtés de Christel Kohler, adjointe au maire de Strasbourg et soutien de la première heure du nouveau président.
Sylvain Waserman, élu MoDem et aux côtés d'Alain Juppé à la primaire de la droite et du centre, prône le renouvellement et parle d'une "page qui se tourne".
Pour cela, le maire de Quatzenheim s'engage à être présent à chaque session parlementaire. Une ligne de conduite imposée par la moralisation de la vie politique du nouveau gouvernement. Le candidat REM souligne également l'importance du développement économique pour "sortir de l'impasse sociale de certains quartiers".
Interview de Sylvain Wasermann, REM
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A droite aussi le risque d'éparpillement des voix est fort.
La candidature de Pascale Jurdant-Pfeiffer, investie par l'alliance UDI-LR, fragilise les chances du candidat REM ainsi que celles de Jean-Philippe Maurer, ancien député et dissident LR.
La vice-présidente du conseil départemental, 63 ans, se revendique, elle aussi, "Macron compatible".
Son suppléant, Yazid Knibiehly, est le plus jeune candidat - 18 ans - investi en France.
Interview de Pascale Jurdant-Pfeiffer, UDI-LR
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Face à elle, Jean-Philippe Maurer. L'ancien député fait campagne dans la circonscription perdue aux dernières législatives.
L'actuel conseiller départemental de 56 ans, dissident LR, tente de reconquérir Strasbourg-sud en se qualifiant de "candidat de la liberté" car non tenu de respecter le programme national d'un parti. Son ancrage local pourrait être déterminant dans les urnes.
Il insiste notamment sur "la prise en charge des jeunes jusqu'à 18 ans", l'attachement aux valeurs européennes et la protection du bilinguisme.
L'issue du scrutin dans la 2è circonscription bas-rhinoise reste donc incertaine, faute de différences marquées entre une majorité de candidats susceptibles de se maintenir au second tour et un éparpillement important des voix à gauche, comme à droite.
L'autre risque, c'est un désintérêt de la part de la population. En 2012, 48,39% des électeurs s'étaient abstenus au second tour.
15 candidats en lice
Si le siège de député devrait se jouer entre l'un des cinq candidats ci-dessus, 10 autres prétendent également à l'Assemblée nationale.
- Faute d'accord avec la France insoumise, Marie-Pierre Ponpon du mouvement Ensemble ! se présente sous l'étiquette du Parti communiste français.
- Julia Abraham porte les couleurs du Front national. A 24 ans, cette professeur d'allemand est la benjamine de sa circonscription.
- Mehmet Caglar représente le Parti égalité et justice, issu de la diaspora turque.
- Alain Carnesecca est le candidat de l'Union populaire républicaine. A 71 ans, ce professeur de piano retraité et concertiste est le candidat le plus âgé du Bas-Rhin.
- Fabienne Schnitzler, 52 ans, est candidate du Mouvement écologiste indépendant. Cette fonctionnaire de Bischheim porte le flambeau de son mouvement.
- Yann Lucas porte les couleurs de Lutte Ouvrière. Le candidat de 39 ans était également suppléant lors des législatives partielles en juin 2016 dans la 1è circonscription.
- Alexandre Spinner représente le parti alsacien Unser Land. Cet ancien professeur d’éducation physique et sportive s'est présenté aux départementales de 2015 dans le canton d’Illkirch-Graffenstaden.
- Leïla Binci est candidate Europe écologie les verts. En 2012, l'adjoint au maire Eric Schultz qui a quitté le parti depuis avait totalisé 6,10% des suffrages.
- Selen Ayyildiz représente le Parti animaliste qui porte la cause animale.