Fermeture des discothèques : coup de sang des patrons alsaciens, "nous sommes les dindons de la farce de Noël"

Dans sa conférence de presse de ce lundi 6 décembre, après le conseil de défense sanitaire, le premier ministre Jean Castex a annoncé une re-fermeture des discothèques pour un mois. Coup de tonnerre dans la profession. Deux patrons alsaciens témoignent.

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Parmi les annonces du premier ministre, ce lundi 6 décembre, il y en a une qui fait particulièrement mal à une profession, parmi les plus malmenées par la crise sanitaire : les propriétaires et exploitants de discothèques. Ils vont devoir refermer leurs portes pour un mois à partir de ce vendredi 10 décembre. Du nord au sud de l'Alsace, c'est la consternation. Ils avaient rouvert leur établissement en juin pour certains, mais plutôt en septembre pour la majorité d'entre eux (histoire de tout mettre aux normes avec les nouvelles consignes). "La dernière fois qu'on nous a dit de fermer, ça a duré un an et demi. Alors, cette fermeture pour un mois, personne n'y croit. D'ailleurs certains n'ont jamais pu rouvrir."

Eric Legrand a ouvert sa discothèque à Strasbourg, en 2012. Depuis les annonces de Jean Castex, son téléphone n'arrête plus de sonner. "C’est un coup de massue pour nous tous. Tout le monde m’appelle, mes fournisseurs, mes employés... C’est la panique." Le patron du Live Club emploie neuf salariés, en plus desquels il a embauché quatre agents, chargés uniquement du contrôle des pass sanitaires et du respect des gestes barrières. Tout ce personnel s'inquiète et il doit les rassurer. 

Est-ce que le gouvernement se met cinq minutes à la place d’un dirigeant, qui en trois jours doit encore une fois refermer son entreprise? On va perdre nos stocks d’alcool et de soda, les fournisseurs ne vont pas reprendre nos boissons. Au contraire, depuis hier ils nous envoient leurs factures, les employés m'appellent pour me demander "Comment vous allez nous payer?" Fermer trois fois en l’espace de deux ans, les banquiers ne vont pas être compréhensifs. Je me suis endetté pour continuer. Cette entreprise c'est mon activité principale et je ne sais pas quand je rouvre."

Seront-ils indemnisés? Outre les fournisseurs et les employés, comment payer les emprunts. "Je dois commencer à rembourser l'emprunt d'Etat en mars, mais comment je fais si je dois fermer ma discothèque pour Nouvel An? "

« J’ai embauché quatre agents pour contrôler le pass sanitaires, pour faire respecter les consignes, on a dépensé de l’argent pour ça et maintenant on referme. Moi je prends ça pour une sanction. »

Eric Legrand, propriétaire de la discothèque Live Club, à Strasbourg

Une réunion avec le ministre de l'économie, ce mardi soir

Flipper Barina est lui aussi patron de discothèque. Il en a même dirigé plusieurs au fil des ans. Aujourd'hui, il est propriétaire de Le Next, dans la Petite France, à Strasbourg, mais sans revenu depuis mars 2020. "Mon établissement est fermé depuis mars 2020. Je suis en train de le rénover et j'espérais ouvrir pour les fêtes de fin d'années..."Avant les annonces du premier ministre, il comptait embaucher pour sa réouverture, car comme dans de nombreux autres discothèques, ses salariés se sont réorientés vers d'autres emplois

Que va-t-il se passer concrètement pour ces patrons de discothèques ? Un rendez-vous important est programmé ce mardi soir entre leurs syndicats, le ministre de l'économie Bruno Lemaire et Alain Griset, son ministre délégué. Les représentants de l'AFEDD (association française des exploitants de discothèques et dancings), du SNL (Syndicat national des lieux de loisir) et la branche des métiers de la nuit de l'Umih (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) veulent comprendre cette décision et savoir comment continuer. 

"Nous sommes les dindons de la farce de Noël"

La question majeure qui taraude donc ces patrons de discothèques :"Pourquoi sommes-nous les seuls ciblés ? Pourquoi les bars et brasseries qui ont des pistes de danse restent-ils ouverts, pourquoi seules les discothèques doivent-elles refermer? On ferme nos établissements, mais les gens vont organiser des événements dans des salles et vont se retrouver dans les bars et restaurants à ambiance. Ils vont récupérer nos clients. Ce n'est pas de la jalousie, c'est juste de l'incompréhension, un sentiment d'injustice." déplore Flipper Barina. "On a déjà dû fermer l'an dernier, mais on était tous logés à la même enseigne. Cette année on est les seuls à devoir fermer. Pour nous, c'est une perte énorme." insiste Flipper Barina, "le lendemain de Noël et le Nouvel An, c’est des périodes où les gens veulent faire la fête. Ils sont en vacances et disponibles. 

Autre point important à aborder dans la rencontre entre syndicats et ministres, ce mardi soir : la suite économique des événements. "Comment on va être soutenus" s'interrogent ces patrons et gérants de discothèques, car ce mois de décembre est le mois le plus important de l’année pour eux. "On nous parle d'aides, mais seront-elles à la hauteur de nos chiffres d'affaires? de cette période-là? Et combien de temps faudra-t-il attendre ? La dernière fois, il fallut attendre entre six et huit mois !"

En France, plus de trois cents discothèques ont fermé définitivement sur les deux années de Covid. En Alsace, il existe une vingtaine de boîtes de nuit. "Pour l'heure, aucune n'a mis la clé sous la porte, du moins officiellement" affirme le patron du Next Club. Mais ces établissements se trouvent à un moment crucial : réouverture, continuité, survie, faillite ? Des questions désormais particulièrement douloureuses pour les gérants et patrons de discothèques. 

 

 

 

 

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