Les aviculteurs amateurs sont près de 2500 en Alsace. L'hiver est la saison habituellement réservée aux expositions de lapins et animaux de basse-cour. Or, entre le covid et la grippe aviaire, les rassemblements sont annulés les uns après les autres.
Depuis le 5 novembre, les pigeons, paons, poules et faisans de Jean-Luc Mursch sont confinés. Du fait de l'épidémie de grippe aviaire qui sévit en Europe, les animaux de basse-cour doivent rester enfermés pour éviter tout contact avec la faune extérieure et la propagation de la grippe aviaire. Toutes les expositions d'oiseaux prévues dans la région sont elles aussi interdites.
Après leur suppression l'année dernière pour cause de covid, c'est donc pour cet éleveur amateur, la deuxième année sans exposition, sans vente d'animaux, sans trophées. "Les médailles je m'en fiche un peu...Ce qui m'importe c'est la défense de nos races alsaciennes. Mais s'il n'y a plus d'expositions, les éleveurs ne peuvent plus vendre leurs bêtes de concours, donc ils n'ont pas de revenus. J'ai un collègue qui a décidé d'arrêter son élevage. Celà devient trop compliqué", explique ce passionné qui ajoute, "s'il n'y a plus d'expositions, certains éleveurs risquent d'abandonner et le maintien des races alsaciennes pourrait être compromis. Nous avons besoin d'un vaccin contre la grippe aviaire et du soutien des politiques pour la défense de notre activité".
Juge de concours et président de l'association nationale du Sablé des Vosges, Jean-Paul Zimmermann, est intarissable. "Le Sablé des Vosges est une race qui a été inventée en Alsace dans les années 50 par un instituteur de Barr. C'est une bête qui a un poil extrêmement doux. Je fais des concours avec eux dans toute la France".
Les récompenses sont accrochées un peu partout sur les clapiers de ses lapins. Ces derniers ne sont pas interdits de concours pour le moment mais Jean-Paul Zimmermann a peur que la crise covid entraîne à nouveau la suppression des rassemblements publics dans les halls d'exposition.
Les éleveurs alsaciens d'oiseaux, volailles et lapins marchent donc sur des oeufs. De nombreuses expositions, traditionnelles de l'hiver alsacien, ont déjà été annulées. Il faudra attendre plusieurs mois et la sortie de cette double crise covid et aviaire pour connaître exactement son impact sur une filière par ailleurs vieillissante.