Le conseil d’orientation des infrastructures a remis dans un rapport au ministère des transports ses préconisations pour les années à venir. La finalisation de la ligne à grande vitesse Rhin-Rhône, notamment sur sa section Est, ne figure pas parmi les investissements envisagés d’ici 2038.
Sera-t-il un jour possible de rejoindre Lyon au départ de Strasbourg en 2h30 de TGV ? Scenario en tous cas très peu probable d’ici 2038, au mieux, si la ministre des Transports Elisabeth Borne suit les préconisations du rapport que lui a remis le conseil d’orientation des infrastructures.
Ce conseil a examiné le projet de deuxième phase de la LGV Rhin-Rhône (mise en service en 2011), visant à la prolonger de 15 kms vers l’ouest, de Genlis à Villers-les-pots (Côte-d’Or), et de 35 kms vers l’est, entre Petit-Croix (Terr. de Belfort) et Lutterbach. Et a décidé de ne pas inscrire son financement dans les projets prioritaires : « le dossier n’a pas connu d’éléments nouveaux de nature à modifier l’appréciation portée par la commission. Le conseil a donc décidé de ne pas bloquer de financement dédié à la finalisation de la LGV Rhin-Rhône d’ici 2038 ». Il précise toutefois qu’il n’écarte pas une possible "réévaluation de la situation" en 2027.
Ecoutez les explications de Philippe Duron. Selon lui, certains projets (dont la prolongation de la LGV Rhin-Rhône) sont "infinaçables" : la politique des transports en France ne peut plus être aussi ambitieuse qu'il y a dix ans
En 2011 déjà, la commission Mobilité 21, présidée par Philippe Duron (qui dirige aujourd’hui le conseil d’orientation des infrastructures), estimait qu’il n’y avait pas d’urgence à finaliser ces tronçons.
La présidente de l’association Trans Europe TGV Rhin-Rhône-Méditerrannée et présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay, a d'ores et déjà fait savoir qu’elle avait demandé un rendez-vous à la ministre des transports pour lui démontrer « la nécessité de l’achèvement de la branche Est" de la LGV Rhin-Rhône.
Vives réactions en Alsace
Depuis la publication des préconisations du conseil d'orientation des infrastructures, nombreux sont les élus alsaciens à avoir fait publiquement savoir qu'ils déploraient une telle annonce. A commencer par le président de la région Grand-Est et maire de Mulhouse, Jean Rottner, qui se dit déçu de ce "retoquage" de la finalisation de la LGV Rhin-Rhône : " Cette approche est symptomatique d’une négation des attentes des territoires et de leur accessibilité dans l’espace européen. Le rapport ignore également deux corridors européens tout à fait stratégiques". Lire son communiqué :
Réaction Jean Rottner au rapport Duron
La sénatrice Fabienne Keller a également fait part de sa colère sur les réseaux sociaux. Elle évoque "un mauvais coup porté à la desserte de [la] région et à son attractivité", estimant que la région aurait plus à gagner touristiquement si elle offrait à ses visiteurs une liaison directe vers le sud de la France.
. @PhilippeDuron annonce que la 2e phase de la #LGV #RhinRhône axe prio européen est repoussée post 2038. L’ #Alsace ne peut accepter cette décision : après la suppression des trains de nuit,c’est un nouveau mauvais coup porté à la desserte de notre Région et à son attractivité! pic.twitter.com/XNtyEnidiI
— Fabienne Keller (@fabienne_keller) 1 février 2018
C'est par un communiqué commun que le maire de Strasbourg, Roland Ries, et le président de l'Eurométropole de Strasbourg, Robert Herrmann, ont ensemble fait savoir qu'ils déploraient également cet avis, qu'ils qualifient d'inacceptable.
Réactions de Strasbourg et Europmétropole au rapport Duron
Le conseil d'orientation des infrastructures
Le Conseil d'orientation des infrastructures a été créé en octobre 2017 dans le cadre des Assises nationales de la mobilité. La mission de ce conseil est de proposer une stratégie au gouvernement en matière d'investissements dans les infrastructures de transport (TGV, autoroutes, aéroports...). Cette stratégie intégrera le volet programmatique de la future loi d'orientation des mobilités.Les principales missions du Conseil
A la demande du Président de la République, la ministre en charge des Transports a mis en place un Conseil d'orientation des infrastructures composé de parlementaires et d'experts. L'enjeu est notamment de définir une stratégie et une programmation soutenables des actions à mener dans la prochaine décennie dans le domaine des transports et des mobilités.