Michel Hausser, une légende du jazz, n'est plus

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Michel Hausser lors d'un concert de Quincy Jones en 2014, à Vienne (Isère)
Sujet hommage nécro ©France Télévisions

L'Alsacien Michel Hausser, reconnu dans les années 50 comme le meilleur vibraphoniste d'Europe, vient de nous quitter, à presque 97 ans.

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C'est une grande figure du jazz qui vient de partir rejoindre ses amis Michel Petrucciani, Stéphane Grappelli, Milt Jackson et tant d'autres, avec lesquels il a joué et su évoluer sa vie durant. "Je pense que la fiesta endiablée va continuer, et n'est pas près de s'arrêter", a lancé, très ému par l'annonce de ce décès, le pianiste de jazz alsacien Grégory Ott.

"Michel Hausser, c'est une légende pour moi, s'est exclamé ce dernier samedi 27 janvier 2024 sur le plateau de France 3 Alsace. Un témoin de son temps. J'ai le sentiment qu'il a participé activement à la création du jazz, en tout cas à sa continuité. Et tout ce qu'il a pu faire pour le jazz en tant qu'Alsacien est encore un supplément d'âme."  

De l'Alsace à Paris

Michel Hausser naît à Colmar, le 7 février 1927. Huit ans plus tard, sa famille déménage à Munster. Bientôt, le petit Michel découvre la musique grâce à son père, instituteur, qui lui paie des cours de piano. Puis du piano, il passe à l'accordéon.  

Après-guerre, à l'âge de 20 ans, il gagne sa vie en enseignant cet instrument à Strasbourg. Et deux ans plus tard, en 1949, il forme son premier orchestre teinté de jazz, et effectue une tournée en Europe et en Afrique du Nord.

Dès 1952 commencent ses années parisiennes au Quartier latin, le cœur musical de la capitale, principalement dans le club de jazz "Le chat qui pêche". Il découvre le vibraphone, instrument avec lequel il se fait une réputation de musicien hors pair. En 1958, les critiques le désignent premier vibraphoniste européen.

C'est l'époque des belles rencontres, des concerts et des nuits musicales avec les plus grands : le violoniste Stéphane Grappelli, le trompettiste Quincy Jones, le pianiste Oscar Peterson, le guitariste Django Reinhardt, et surtout le vibraphoniste américain Milt Jackson, qui fait partie de la mouvance du bebop de Charlie Parker et Miles Davis. "Cette dimension conviviale qu'il a vécue, éprouvée dans les clubs de Saint-Germain, c'est l'ADN du jazz. C'est les rencontres, le partage, la prise de risques, c'est les bœufs, ces fameuses jams sessions", les séances d'improvisation, rappelle Grégory Ott.

Michel Hausser réalise des enregistrements avec des vedettes américaines, et selon Grégory Ott, les parties de vibraphone sur les premiers albums de Serge Gainsbourg, c'est aussi lui. 

Le jazz rayonne depuis l'Alsace

En 1969, à 42 ans, Michel Hausser revient dans son Alsace natale, et crée une école d'accordéon à son nom à Colmar et Munster (Haut-Rhin). En parallèle, il dirige son Jazz Trio et le septet Michel Hausser Regio Jazz Group, avec lesquels il part en tournées.

En 1988, il crée le Jazz festival de Munster, dont il restera le directeur artistique jusqu'en 2008. "Au départ, il pensait qu'ici, on était plus une terre de cor des Alpes, ce genre de choses, se souvient Grégory Ott. Mais finalement, ça a pris. Le jazz en milieu rural a de plus en plus sa place. En France, on n'a pas que les grands festivals, et les gens se déplacent partout. Preuve en est Munster."

Michel Hausser a également signé plus de 200 œuvres, dont plusieurs musiques de films. Il se produisait encore sur scène il y a une dizaine d'années, notamment au festival de jazz de Vienne (Isère) en 2014, où il accompagnait un concert de Quincy Jones.

Mais son engouement pour le vibraphone ne l'a jamais fait renier les instruments à clavier qui l'ont vu grandir. Il a obtenu les trois plus hautes distinctions décernées par la Fédération allemande d'accordéon, pour son engagement dans le domaine de l'enseignement. Et dans un registre plus régional, il s'est vu remettre en 2007 le Bretzel d'Or honorant ceux qui contribuent à embellir et enrichir l'Alsace.

L'envie de transmettre 

Inlassable promoteur des jeunes pousses, il s'inquiétait parfois, ces dernières années, de savoir si "son" jazz, celui de l'âge d'or qu'il avait si bien connu et expérimenté, était toujours vivant. "Lui a été là à la période de Saint-Germain, et de manière très active, rappelle Grégory Ott. Et j'ai toujours tenté de le rassurer sur le fait que le jazz est en constante évolution, en mutation. Il se nourrit de plein de choses."

D'ailleurs, quoique grand musicien de bebop, Michel Hausser "a surtout continué à jouer avec d'autres musiciens qui n'étaient pas forcément dans cette mouvance-là." En restant "très ouvert, les oreilles et les antennes très à l'écoute de ce qui pouvait se passer dans le microcosme."

C'est chez lui, à Munster, qu'il nous a quittés le 25 janvier 2024, moins de deux semaines avant son 97ᵉ anniversaire. "Bonnes jams là-haut avec Grappelli et les autres, lui a souhaité Grégory Ott sur sa page Facebook. Le "Chat qui pêche" va reprendre du service…"

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