Le GEIPAN, chargé de répertorier et d'analyser scientifiquement les phénomènes aérospatiaux non identifiés, a enregistré près de 72 témoignages en Alsace. Bien que plusieurs de ces cas aient reçu une explication rationnelle, trois incidents dans la région ont été classés par le groupe d'étude comme "phénomène étrange, à très étrange".
Si vous êtes fans du film Mars Attacks, vous allez adorer le GEIPAN. Le Groupe d'étude et d'information sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés collecte les observations de témoins dans le ciel français et les analyse scientifiquement afin de leur apporter publiquement une explication. En Alsace, 72 témoignages ont été recensés. Plusieurs d’entre eux sont inexpliqués par "manque d’information" et d’autres ont été classés comme "étranges, à très étranges".
Le GEIPAN est né en 1977 et non ce n’est pas une organisation tout droit sorti de la série télévisée X-Files. Basée à Toulouse, elle est depuis ses débuts un service technique du Centre national d’études spatiales (CNES). Son rôle est d’observer non pas les OVNI, mais bien les phénomènes aérospatiaux non identifiés (PAN). En 2005, le groupe d’étude se voit attribuer une fonction informative pour le grand public. Un site internet va être créé et les archives vont y être accessibles à tout moment. C’est encore le cas aujourd’hui sur cnes-geipan.fr.
Depuis sa création, le service a analysé plus de 9700 témoignages. 2978 ont fait l’objet d’un cas d’observation et ont été analysés par le service. Toutefois, seuls 10% d’entre eux ont nécessité une enquête de terrain, selon le GEIPAN.
Le groupe d'étude classe ensuite ces observations selon l’évaluation de deux notions : leur étrangeté et leur consistance. La catégorie A et B signifient que le phénomène a été parfaitement ou probablement identifié. Le C répertorie ceux qui n’ont pas été identifiés par manque de données et d’informations fiables. Enfin, lorsqu’un cas est classé D, D1 ou D2, cela implique qu’il s’agit d’un phénomène qui n’a pas été identifié malgré l’enquête menée. Le chiffre après la lettre signifie le degré de consistance du cas.
En France, 63.7% des phénomènes analysés ont été classés A ou B. 33% n’ont pas été identifiés à cause d’un manque d’information fiable et seulement 3,3% sont qualifiés "d'étranges et non identifiés" malgré les recherches du service, soit 99 cas au total.
Un OVNI suivant une voiture à Sélestat
En Alsace, le premier cas inexpliqué et "étrange", qui a été répertorié par le GEIPAN, a été observé le 26 mai 1980 dans la commune de Huningue dans le Haut-Rhin. Aux alentours de 19h, deux promeneurs aperçoivent un objet dans le ciel. L’un d’eux décrit un matériau d’apparence métallique qui sur "une base ronde, a la forme, dans sa partie supérieure, d'une coupole de couleur argentée". La partie inférieure présente, elle, une lumière rouge par intermittence. Selon lui, l’objet stationnait à "200 ou 300 m du sol" et est resté sur place "pendant 6 minutes, sans faire de bruit". Il a ensuite disparu dans les nuages. De son côté, l’aéroport de Bâle/Mulhouse fait état d’un "écho radar enregistré" mais inexploitable à cause du trafic aérien conséquent.
Un cercle lumineux tournant sur lui-même dans le sens inverse des aiguilles d’une montre à environ 5 mètres au-dessus de la voiture
Témoin d'un phénomène encore inexpliqué à Sélestat
Le second cas remonte au 30 octobre 1994 à Sélestat (Bas-Rhin). Un couple se rend à la gendarmerie en affirmant avoir aperçu un "OVNI qui les suivait". Leur procès-verbal est d’ailleurs consultable sur le site internet du GEIPAN. Ils affirment avoir aperçu, aux alentours de 1h45, "un cercle lumineux tournant sur lui-même dans le sens inverse des aiguilles d’une montre" à environ 5 mètres au-dessus de leur voiture. Selon eux, un triangle avec "le même type de lumière sur le pourtour est venu s'ajouter au cercle" et mesurait 10 m de côté. Il a suivi, sur plusieurs kilomètres, le véhicule qui roulait à 80km/h puis s’est éloigné lorsque le couple a changé de direction. À la même heure, un autre couple qui circulait sur le même axe témoigne du même phénomène "avec une similitude de termes surprenante". Encore aujourd’hui, ce cas reste inexpliqué.
Le dernier en date est beaucoup plus récent puisqu’il est survenu le 26 juillet 2009 à Rixheim (Haut-Rhin). Un homme, qui observait le ciel étoilé vers 22h20, affirme avoir observé durant "7 à 8 secondes le déplacement linéaire, du sud au nord, d’un point lumineux". Après l’avoir perdu de vue, il le retrouve et est surpris de le voir "amorcer un virage vers l’ouest" durant 2 à 3 secondes, vers l’aérodrome d’Habsheim. Il prend ensuite une trajectoire verticale à grande vitesse. Néanmoins, "aucun bruit particulier ne sera entendu durant l’observation" qui se termine à 23h48. Différentes hypothèses pouvant expliquer le phénomène ont été invalidées par l’enquête du GEIPAN, dont le passage d’avions, la présence d’astres ou encore le passage d’un satellite.
19 phénomènes "manquant d’informations fiables"
Sur les 72 cas recensés dans la région alsacienne, 19 ont été classés dans la catégorie C à cause d’un manque d’informations fiables ou de trop d’imprécisions dans les témoignages. À Strasbourg par exemple, un phénomène a été aperçu le 30 août 2013, mais l’enquête a déterminé qu’il manquait des éléments concrets et que "le témoignage était d’une faible consistance". En effet, le témoin affirme avoir observé pendant une dizaine de seconde un point bleu se déplaçant en forme de S dans le ciel. Selon lui, la couleur passait du bleu, au rouge, au vert puis au jaune. Aucune information n’a été transmise sur la trajectoire du PAN, ni sur la position de l’objet.
En 2014, c’est à Willgottheim qu’on relate la «présence d’objets luminescents orangés traversant le ciel » en quelques minutes. Selon le GEIPAN, il s’agirait de "lanternes thaï lâchées lors d’une fête privée". Toutefois, deux types de déplacements sont évoqués et un seul est compatible avec le "très faible vent de nord-est" constaté cette nuit-là par Meteociel. Le groupe d’étude a donc classé ce cas en catégorie C par "manque d’informations et de recoupements".
Ces événements en rappellent un autre beaucoup plus ancien, à savoir le spectacle céleste de Bâle en 1566. Les 27 et 28 juillet, il est rapporté qu’une apparition curieuse s’est produite dans le ciel de la ville suisse au lever et coucher de soleil. Le 27 août, une éclipse totale de lune avec un lever de soleil rouge est décrite dans un imprimé conservé à la Bibliothèque centrale de Zurich. Certains interprètent ces phénomènes comme étant d’origine météorologique.
Pas d’inquiétude, ni d’affolements donc. Les extra-terrestres ne semblent pas avoir pour projet de débarquer sur Terre. Selon le GEIPAN, la grande majorité des phénomènes analysés ont une explication rationnelle et sont souvent causés par des vols d’avions, d’hélicoptères ou encore de satellites.
Article initialement publié en novembre 2022.