Un grand mouvement de plantation d’arbres et d’arbustes a commencé en France : 7000 km de haies prévus sur la période 2021-2022. La deuxième phase démarre en cette fin d’année. Et le meilleur moment pour planter, c’est à la Sainte-Catherine, le 25 novembre.
Vous l’avez sans doute déjà remarqué en observant les paysages : les haies et les arbres ont tendance à réapparaitre dans les champs, entre les parcelles, au bord des chemins. C’est une sorte de résurrection, car dans les années 1950 et 1960, les saules, noisetiers, pruneliers, aubépines ou sureaux noirs, parmi de nombreuses autres essences, ont été systématiquement coupés. Les agriculteurs voulaient pouvoir circuler sans obstacles sur leurs parcelles, agrandies par le remembrement. (Réattribution des parcelles agricoles, pour obtenir des surfaces plus vastes, d’un tenant). Mais faire table rase des arbres et arbustes sur les terres agricoles a malheureusement eu des conséquences graves : coulées de boues en cas de fortes pluies, terres brûlées par des étés de plus en plus caniculaires, disparition de petits animaux, oiseaux et insectes qui ne trouvent plus de refuge à des kilomètres à la ronde.
En Alsace, l'association "Haies vives d'Alsace" est active depuis des décennies sur le front des plantations (et replantations donc), comme de l'éducation (et rééducation) à la biodiversité. Alors en cette fin novembre, les équipes de salariés et de bénévoles ne chôment pas :"C’est le moment de l’année où les arbres entrent en repos végétatif, mais où les racines continuent à pousser." explique Jacques Detemple, fondateur de l'association Haies vives d'Alsace. "C'est à ce moment-là, quand les sols ne sont pas encore gelés, qu'elles s'installent et grandissent, ce qui permettra à l'arbre de débourrer (porter des bourgeons) au printemps."
Dans ce domaine, de nombreux acteurs peuvent agir, alors lui, les salariés et les bénévoles de son association assistent des citoyens, des agriculteurs, des éleveurs, des élus et même des entrepreneurs à planter des arbres et des haies. Il y quelques mois, ils ont créé la rubrique "Guichet conseil"sur leur site jeplantemahaie.com . L'association y expliquer les règles de distance à respecter entre les plants : 1 mètre d'habitude, mais elle peut s’échelonner de 50 cm pour une haie très dense, à 1,50 mètre. Dans le cas d’une plantation sur deux rangs, ils seront distants de 60 cm à 1 mètre. Si la haie est composée d’arbres de haut-jet ou d’arbres fruitiers hautes-tiges, etc. Bref, des aspects techniques, qui peuvent sembler rébarbatifs, mais qui sont essentiels pour obtenir de beaux spécimens. Les adhérents de l'association peuvent se faire accompagner pour leurs propres plantations. L'idéal étant même qu'ils deviennent à leur tour, des relais pour répondre aux questions d'autres adhérents et internautes.
A quoi servent les arbres et les arbustes ?
Les espèces ont toutes des rôles à jouer. "Que ce soient les saules, noisetiers, pruneliers, aubépines, cornouillers ou sureau noirs -champions de la haie-" explique Jacques Détemple, "ou des érables, merisiers, châtaigner ou tilleuls, ils ont tous un rôle à jouer. " En résumé, ils servent à faire de l’ombre en été, aux hommes, aux animaux et aux cultures. Il peut faire jusqu’à moins 3 ou 4 degrés -voire jusqu'à 10 degrés de moins- sous un arbre, par rapport à « l’extérieur » du feuillage, en plein soleil ardent. Les arbres retiennent les sols avec leurs racines, en cas de pluies torrentielles. Ils servent de refuge et d’habitat aux petits animaux, comme les écureuils, renards, oiseaux, insectes. Ils constituent aussi un abri pour eux, contre les aléas de la météo, froid, pluie, vent, soleil. Sans oublier leur rôle de réserve alimentaire. Que ce soient des haies fruitières, des haies mellifère (favorables aux abeilles et autres butineurs), des haies brise-vent, des haies brise-vue, des haies cynégétique, des haies bocagère, elles sont des sources de vie.
Même les collectivités territoriales et l'Etat soutiennent désormais ces plantations, avec des aides (appels à projets pour les trames vertes et bleues, pour les agriculteurs et les communes) ou des grands plans de replantation, comme la mesure nationale "plantons des haies". L’ambition de l'Etat est de planter 7000 km de haies sur toute la France, dont 750 km dans le Grand Est. Mais uniquement en terre agricole. Un manque donc, qui signifie que pour les chemins ruraux, il n'y a pas de subvention. Les communes et les agriculteurs s'entendent parfois sur la possibilité de planter en bords de parcelles.
Il existe onze opérateurs, comme l'association Haies vives d'Alsace, dans tout dans le Grand Est, qui organisent et participent à ces campagnes de replantation. Reste à savoir, face au grand nombre d'espèces et d'individus qu'il est prévu de planter, si tous les plants utilisés seront bien adaptés. "Il faut être exigeant sur l’origine des plants," insiste le spécialiste, "il en va de la biodiversité locale, mais aussi la diversité intraspécifique." Ce qui signifie qu'il ne faut pas se limiter à des plants issus essentiellement des mêmes fruits, de sorte à ne pas appauvrir la diversité génétique, indispensable à la diversité des espèces.
Les chantiers qui démarrent en Alsace
A partir de ce mercredi 24 novembre, l'association démarre son premier chantier, chez une agricultrice de Ruelisheim, dans le Haut-Rhin. Ensemble, ils planteront 323 arbres, sur 180 mètres autour d’un bâtiment agricole. Le lendemain, deuxième chantier à Lingolsheim, dans le Bas-Rhin, près de Strasbourg. L'action se fera cette fois avec des scolaires, pendant trois jours. Vendredi 26 et samedi 27, ce sera au grand public de participer à des plantations initiées par l'association Alsace Nature.
Certains chantiers sont ouverts au grand public, d'autres se déroulerot en interne à l'association Haies Vives d'Alsace. Pour tous ceux qui souhaitent trouver des chantiers, une rubrique chantiers-événements les met à jour. Ces actions permettent à chacun de s'impliquer, en attendant que la plantation d'arbres devienne systématique, et que les plans canopée se généralisent dans toutes les grandes villes. Strasbourg démarre la phase 2 de son Plan Canopée avec la création d’une «forêt de Miyawaki», technique qui consiste en la plantation dense d’un espace qui sera exempt de toute présence humaine, afin de restaurer la biodiversité. Dans ce cas, des collégiens participent aux plantations.