Pourquoi la ville de Strasbourg dépose un référé pour demander l'évacuation d'un camp de migrants

Vingt-cinq tentes sont de nouveau présentes sur le parc de l'Etoile à Strasbourg (Bas-Rhin), situé juste en face du centre administratif. Ce jeudi 3 août, la ville a déposé un référé devant le tribunal administratif pour demander l'évacuation du campement.

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Ce jeudi 3 août, la ville de Strasbourg a présenté un référé devant le tribunal administratif pour demander la libération de l'espace public. Environ 25 tentes sont de nouveau installées place de l'Etoile alors que quatre évacuations du site ont déjà eu lieu en juillet, septembre et décembre 2022, ainsi qu'en juin dernier. 

"Il y a des personnes qui étaient déjà là et qui sont revenues car elles n'ont pas trouvé de solution, explique Me Gueddari Ben Aziza, qui défend les occupants de la place de l'Etoile. Ici, au moins, elles ne se sentent pas seules, il y a des toilettes publiques juste à côté, de l'eau potable. Elles sont accompagnées par des gens qui sont dans la même situation qu'elles. Et il y a des bénévoles, des médecins qui passent régulièrement."

Aucun élu de la municipalité n'a souhaité s'exprimer sur la question. "Suite à la décision du tribunal administratif de décembre 2022, la Ville de Strasbourg doit désormais procéder au dépôt d’un référé auprès du tribunal administratif dès occupation et installation de campements sur les terrains dont elle est propriétaire, en transparence avec les personnes et associations, indique la ville dans un communiqué. Le lien avec la Préfecture est établi pour effectuer les opérations de mise à l’abri, dès autorisation du juge."

"Aucun autre site dans la ville n’offre cela"

Selon Me Gueddari Ben Aziza, il y aurait parmi les douze familles présentes sur le site deux femmes enceintes, et douze enfants. Au total, plus de 60 personnes, toutes en situation régulière, originaires d'Albanie, de Syrie, de Géorgie, ou encore d'Afghanistan.

"La conséquence de l’expulsion des occupants, étant donné l’absence avérée de perspective d’hébergement, est un déplacement du campement vers un autre site de la ville, poursuit l'avocate. Elle aggraverait même la situation des personnes vulnérables avec toutes les conséquences qui en découlent. Elle mettrait ces personnes face à des difficultés plus importantes, les placerait dans une précarité encore plus grande en les contraignant à l’errance et en les privant de tous les soutiens et services dont ils ont pu bénéficier sur le site du parc de l’Etoile."

La mesure serait vaine et ne protégera en rien la dignité de la personne humaine.

Me Gueddari Ben Aziza, avocate des occupants de la place de l'Etoile

"Force est de constater que ledit site est celui qui préserve le mieux la dignité des occupants étant donné l’existence des infrastructures de première nécessité, poursuit Me Gueddari Ben Aziza. Un point d’eau pour les familles et des toilettes publiques, ainsi que des poubelles, sont à proximité immédiate des tentes. Aucun autre site dans la ville de Strasbourg n’offre cela. À la gare, endroit où beaucoup de sans domicile passent la nuit, les toilettes sont payantes." 

"Les travailleurs sociaux les associations et les bénévoles savent où trouver ces personnes vulnérables et peuvent ainsi leur proposer une aide et un accompagnement. Les occupants se sentent également en sécurité et voient leur sentiment de détresse et de solitude atténué. Le site est propre, bien tenu par les occupants et les tentes installées n’entravent pas le passage des piétons Les occupants n’ont pas endommagé les installations ou porté préjudice aux équipements en place. La commune n’apporte aucun élément de preuve tel que des procès-verbaux d’intervention des forces de l’ordre, ni aucun élément de fait, tel des plaintes de riverains pour démontrer un trouble à la tranquillité publique."

"L'évacuation, ce serait pour beaucoup un retour à la case départ, juge Antonio Gomez, membre du collectif "Nous sommes tous d'ailleurs". La ville ne prend pas ses responsabilités. Nous demandons à ce que ces gens soient logés dignement, ce qui n'est pas le cas. Ils ont avant tout besoin d'un toit, d'une solution pérenne. On retrouve les mêmes deux mois après, et ils n'ont toujours pas trouvé de solution. La place de l'Etoile, ça n'est évidemment pas la panacée, mais c'est mieux que rien." 

La dernière évacuation a eu lieu le 23 juin. La décision du juge des référés devrait être rendue en début de semaine. Si le tribunal valide la demande de la ville de Strasbourg, il devrait donner un délai de quelques jours aux occupants pour quitter les lieux.

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