Comment vont se débrouiller les étudiants face aux hausses du coût de la vie pour cette rentrée 2022 ? Loyer en hausse, nourriture plus chère, transports, fournitures etc. Des solutions et aides sont proposées par des associations et certaines villes.
La rentrée scolaire 2022-2023 sera historiquement chère pour les familles qui ont des enfants scolarisés, mais pour les étudiants, qui ne sont pas nécessairement soutenus financièrement par leurs parents, cela sera encore plus compliqué.
En effet, quand les étudiants viennent d'autres régions de France, ils doivent trouver un logement, souvent le premier obstacle pour eux. Ils doivent aussi se nourrir et bien sûr acquérir les livres et le matériel informatique indispensables pour mener à bien leurs études. A quoi s'ajoutent les frais de scolarité (gelés pour cette année), mais aussi la contribution de vie et de campus, indexée sur l'inflation (95 euros cette année). Cette contribution permet d'organiser les animations du campus et de financer les appels à projets des étudiants.
Pour les soutenir, il existe des bourses, mais ces bourses ne répondent pas toujours aux situations réelles des étudiants. "A l’Afgès, on milite pour une réforme des bourses, où l'étudiant n'aurait plus à vivre sous le seuil de pauvreté" explique Romuald Ladwein, le président de l'association strasbourgeoise. "Actuellement le seuil de pauvreté est fixé à 1100 euros et les boursiers touchent entre 100 et 700 euros par mois, 700 euros étant réservés aux situations les plus précaires."
A quand les bourses calculées sur les revenus réels de l'étudiant?
"Le problème vient de ce que ces bourses sont calculées en fonction du revenu des parents" regrette le président de l'Afgès."Nous demandons à ce que ce soit pris en compte le revenu de l'étudiant. Bien sûr légalement les parents doivent subvenir aux besoins des enfants, mais parfois les parents sont séparés ou ne veulent pas, ou ne peuvent pas, aider leurs fils et filles étudiants. " La demande de révision du calcul des bourses a été transmise aux députés locaux et à la FAGE .
En dehors des bourses, il existe des aides ponctuelles et annuelles proposées par le CROUS. Les élèves peuvent demander une aide ponctuelle pour l'achat d'un ordinateur par exemple. Il leur faut contacter une des assistantes sociales du Crous à Strasbourg, qui établira leur profil en fonction de leurs revenus réels. L'étudiant devra présenter un devis pour l'acquisition prévue, et une commission hebdomadaire étudiera son cas. Si l'aide est accordée elle est versée par virement ou en espèce.
Les aides annuelles, pouvant s'élever à 700 euros au maximum par mois, sont réservées aux étudiants en rupture familiale et sans revenus sur l'ensemble de l'année. Elles sont aussi accordées sur décision d'une commission.
Un logement transitoire et une aide alimentaire régulière
A Strasbourg, il existe un dispositif d'aide au logement ponctuel. Il n'est pas idéal, mais a le mérite d'aider quelques étudiants dépourvus de toit dans l'urgence. "A l'Afgès, nous mettons à disposition 35 logements provisoires pour des étudiants en situation critique. Ce sont des chambres dans des hôtels partenaires."
Ces chambres sont attribuées pour sept jours, ce n'est pas long, "mais cela permet à l'étudiant de se retourner, de trouver une location ou un ami pour se faire héberger." Ce service est proposé d'Août à fin Octobre.
Il existe aussi une épicerie solidaire, où tous les aliments et produits d'hygiène sont vendus à 10 % du prix du marché. Ces épiceries appelées Agorae se trouvent, pour l'une, à côté du restaurant universitaire de la Gallia, à Strasbourg et l'autre derrière la faculté de droit.
Cette année un Agorae-truck circulera également entre différents campus pour permettre aux étudiants d'y faire des achats de première nécessité à prix réduits. On pourra le trouver sur le campus du quartier de la Meinau, de l'Hôpital civil, mais aussi sur les campus d'Illkirch et d'Erstein.
Certaines villes aideront - elles les étudiants comme pendant le covid?
La ville et l'Eurométropole de Strasbourg proposent essentiellement des réductions tarifaires aux étudiants. Ils bénéficient ainsi de réductions dans les médiathèques, les piscines, les spectacles à l'Opéra, au théâtre et au cinéma, au Racing. Les boursiers paient les transports en commun 10 euros par an et peuvent louer un vélhop pour 1 euro par mois. L'EMS de Strasbourg apporte également un soutien financier aux associations estudiantines pour les aider à aider les étudiants (logements, soutien aux non-boursiers, financements exceptionnels...)
A Strasbourg, création également d'un poste supplémentaire de psychologue à la cellule d'urgence psychologique universitaire, CAMUS, car la santé reste un point délicat pour les étudiants en difficulté financière. Certains reconnaissent que faute de moyens, ils renoncent à certains soins.
Pendant la crise du covid, la ville d'Illkirch-Graffenstaden avait par exemple aidé les étudiants désireux de consulter un psychologue, à financer ces visites par l'intermédiaire de bons. Ce type d'aide sera-t-il reconduit, voire élargi aux consultations chez le généraliste et autres médecins? Toutes les aides financières sont à retrouver sur le site de Strasbourg aime ses étudiants.
Dans le Haut-Rhin, les étudiants peuvent s'adresser au Centre Local des Œuvres Universitaires et Scolaires. Le CLOUS de Mulhouse a pour mission d'améliorer la vie quotidienne de tous les étudiants du Haut-Rhin. Que ce soit dans le domaine de l'hébergement, de la restauration, des bourses, de l'action sociale ou de la vie universitaire en général.
De son côté, l'agglomération M2A collecte les vélos pour les prêter gracieusement aux étudiants. En octobre prochain, aura lieu la prochaine remise officielle de ces vélos aux étudiants. Ils sont issus de dons de particuliers, réparés par des associations, et prêter gracieusement à environ 150 étudiants. Ces dons de vélo, peuvent aussi les aider à trouver un emploi.
Car outre les aides, il reste bien sûr les multiples jobs, que les étudiants occupent pour financer leurs études. Serveurs/serveuses en restauration, hôtellerie, aides dans le service à la personne, garde d'enfants, dame et homme de compagnie pour personnes âgées...
Des jobs de nouveau possible après la crise du covid pendant la quelle, ils avaient quasiment tous été suspendus, privant les étudiants de précieuses rentrées d'argent.
Selon l'Unef, l'Union nationale des étudiants de France, la hausse globale du coût de la vie pour les étudiants est estimée à près de 6,5 %. D'où la nécessité de revoir les modes de calculs notamment des bourses mais aussi des autres attributions d'aides. Une rencontre avec la nouvelle ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, est programmée pour la rentrée. Les syndicats et associations d'étudiants insisteront pour que les vrais revenus des étudiants soient pris en compte et pour que les aides soient en rapport avec cette réalité.
