Un an après sa mort, Simone Veil entre dimanche au Panthéon, l'occasion de rendre un hommage populaire dans les rues de Paris à cette figure de la vie politique française et européenne du XXe siècle.
Le 30 juin 2017, la France apprenait avec une forte émotion le décès, à 89 ans, de l'ancienne déportée, ministre de la Santé et première présidente du Parlement européen, l'une des personnalités préférées de l'Hexagone. Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron annonçait que Simone Veil serait accueillie au Panthéon, la nécropole laïque des "grands hommes" français. Elle n'y reposera pas seule puisque le président a accepté que son époux Antoine, décédé en 2013, soit à ses côtés, ce qui en fera le troisième couple inhumé au Panthéon.
"Maman n'a jamais pensé qu'elle serait au Panthéon. Le seul dans le couple à imaginer que Maman pourrait rentrer au Panthéon, c'était notre père", a témoigné Jean Veil, l'aîné de leurs trois fils. "Il nous avait dit, sous forme de boutade, que ce serait bien d'avoir un lit à deux places, et qu'il n'était pas question, après 67 ans de vie commune, qu'on les sépare", a-t-il ajouté sur CNews.
Pour l'occasion, l'Elysée et le Centre des monuments nationaux ont mis en scène une cérémonie solennelle forte en symboles. Elle rassemblera un millier d'invités, dont les anciens présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande, les membres du gouvernement et de nombreux élus. Emmanuel Macron, accompagné de son épouse Brigitte, prononcera en fin de matinée un discours sur "cette figure contemporaine qui a mené ses combats avec un temps d'avance" et n'a cessé d'agir "dans un esprit de réconciliation", selon l'Elysée.
Combats du siècle
L'hommage débute dès le vendredi 29 juin 2018, après la sortie des cercueils de Simone et Antoine Veil du cimetière du Montparnasse. Ils seront exposés durant deux jours dans la crypte du Mémorial de la Shoah, dont Simone Veil a été l'un des membres fondateurs. Cette crypte tient lieu de tombeau symbolique aux six millions de juifs morts sans sépulture durant la Seconde guerre mondiale, au cours de laquelle Simone Veil, déportée à 16 ans, perdra ses parents et son frère, comme elle le raconte dans son autobiographie "Une vie".
En novembre 2005, lors des commémorations du 60ème anniversaire de la Libération, Simone Veil accompagnait le président Jacques Chirac dans sa visite de l'ancien camp du Struhof. Une image forte de Simone Veil en Alsace. En larmes, elle y avait revécu son passé de déportée.
Et de par son histoire personnelle, Simone Veil était une militante européenne convaincue. En 1979, elle fut la première femme élue présidente du Parlement européen. C’est une véritable révolution. Pour elle, l’Europe fait alors face à trois défis majeurs : "celui de la paix, celui de la liberté et celui du bien-être". Pendant deux ans, elle s’est efforcée de redonner ses lettres de noblesse au Parlement européen.
Dimanche matin, le cortège funèbre traversera la Seine et le Quartier latin. Puis les cercueils remonteront la rue Soufflot jusqu'au Panthéon sur une moquette bleue, "couleur de la paix, de l'ONU et bien sûr de l'Europe", précise l'Elysée. Lors de l'hommage aux Invalides, Emmanuel Macron avait salué les "combats du siècle" dernier menés par Simone Veil. Notamment sa "bataille pour que cessent les conditions sordides et meurtrières dans lesquelles se déroulaient les avortements" lorsque, ministre de la Santé de Valéry Giscard d'Estaing, elle avait porté en 1974 la loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG).
Depuis un an, partout en France, "un grand travail a été fourni sur la mémoire de Simone Veil", notamment dans les classes mais aussi à l'occasion d'inaugurations de rues ou de places à son nom, souligne l'Elysée. Simone Veil est la cinquième femme à être inhumée au Panthéon, qui sera exceptionnellement ouvert gratuitement du 1er au 8 juillet.