Frédéric Bierry, le président de la Collectivité européenne d'Alsace ne cache pas son mécontentement après les propos tenus par le chef de l'Etat lors de son déplacement vendredi 26 avril à Strasbourg. Emmanuel Macron s'est dit opposé à tout redécoupage du Grand Est mais propose une concertation d'un mois.
Frédéric Bierry s'est laissé le week-end pour réfléchir. Et trois jours après le déplacement du président de la République à Strasbourg, il ne décolère toujours pas. Au point de convoquer une conférence de presse lundi 29 avril pour appeler à ne pas en rester là. Car pour lui, il s'agit d'un "déni de démocratie", le mépris des plus de 140 000 Alsaciens qui ont exprimé leur souhait de sortir du Grand Est lors d'une vaste consultation citoyenne.
À Strasbourg le 26 avril, le chef de l'Etat s'est dit opposé à "un grand jeu institutionnel" qui permettrait à l'Alsace de redevenir une région pleine et entière. Seule concession : une mission de conciliation, pour une durée d'un mois, pilotée par la préfète Josiane Chevalier, avec la Région Grand Est et la CEA. Il s'agirait de revoir certains transferts de compétences. Frédéric Bierry voit cela comme une porte ouverte, et il a la ferme intention de s'y engouffrer.... Avec, cependant, un gros bémol : "la discussion, pour moi, il faut être très clair, pour moi, ce n'est pas une discussion où on accepterait des compétences, on ne fait pas la Collectivité européenne d'Alsace bis (....) Aujourd'hui, donner quelques miettes aux Alsaciens ça ne réglera pas le problème !" martèle-t-il
Le président de la CEA veut donc profiter de ces trente jours pour remettre la question du statut particulier de l'Alsace au cœur des débats. "J'irai en négociation, cette négociation, elle doit être courte et je n'ai qu'un mandat, c'est celui que les Alsaciens m'ont donné et ce mandat est très clair: ils veulent le retour d'une région Alsace à part entière et c'est ce que je
défendrai", a-t-il déclaré. "C'est un moment important, on a 30 jours pour montrer notre force et notre détermination".
Un rapport sur la décentralisation qui arrive trop tard?
De nombreux indices pouvaient pourtant faire espérer une issue positive pour les défenseurs d'une Alsace hors de la Région Grand Est. Notamment, les prises de position publiques d'Eric Woerth, député Renaissance en charge d’une mission sur la décentralisation. Entendu fin mars à l'Assemblée nationale, il déclarait : "Sur le Grand Est, on en a déjà parlé. Cela fera l'objet de propositions dans le rapport. J'ai bien écouté ce que disent les Alsaciens avec force. J'ai écouté aussi le président du Grand Est. L'objectif n'est pas d'aboutir à un redécoupage de toutes les régions de France. Mais c'est une situation sans doute particulière". Une sortie qui bien évidemment a été abondamment reprise et commentée en Alsace, comme un avant-goût de victoire.
Le rapport d'Eric Woerth n'est toujours pas rendu public, il est annoncé pour le 3 mai. Entretemps, la parole présidentielle s'est imposée dans le débat.