En Suisse, les jardins d'enfants se déclinent en forêt

En Suisse, un Waldkindergarten accueille les petits de 3 à 6 ans en pleine nature. Air pur, jeux simples et liberté de mouvements, cette pédagogie alternative mise sur le développement du corps et des sens pour stimuler la curiosité et le goût d’apprendre chez l’enfant.

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Dans la forêt d’Allschwill près de Bâle, un jardin d’enfants en forêt aux allures de camp scout permet aux petits de 3 à 6 ans de jouer et d’apprendre en plein air avec un maximum de liberté. Depuis plus de dix ans, ce mode de garde alternatif très répandu en Allemagne séduit de plus en plus de parents en Suisse.
 

Un modèle vraiment surprenant

Dès le début de journée à 8h30, on sent qu’on est ailleurs. Les parents ne déposent pas leur enfant au portail de l’école maternelle mais simplement au coin du bois. Après, c’est Peter Huber, l’éducateur, qui prend le relais, il lève sa flute et aux premières notes le cortège de 19 bambins s’enfonce dans la forêt pour six heures d’activités en plein air. Aujourd’hui, il fait froid, il pleut, mais peu importe, tout le monde a la tenue qu’il faut pour affronter les éléments: chaussures, veste et salopette imperméables.

La balade matinale fait près de trois kilomètres, et la petite troupe menée par Peter et ses deux assistants s’étire et se disperse, des enfants s’arrêtent pour jouer, d’autres pour observer ou cueillir quelques feuilles mais personne ne songerait à les en empêcher ou à les presser, la promenade fait partie du programme. Au bout du chemin, juste un chapiteau traversé par le vent et quelques jeux en cordes et en rondins, Peter allume un feu pour que tout le monde puisse se réchauffer. Une garderie comme ça en France, inimaginable.

Original mais plein de bon sens

A voir les enfants courir dans la forêt, grimper aux arbres et jouer dans la boue, pas de doute, ils passent un bon moment et ils ont l’air à l’aise avec leur corps et leur environnement. C’est ce qu’on veut, nous dit Peter "des enfants qui ont les deux pieds sur terre, aussi bien au sens moteur qu’au niveau de l’esprit". La liberté de mouvement combinée au dénuement de la structure stimulent la curiosité et l’imaginaire. Et ça marche, les enfants jouent avec ce qu’ils trouvent, un arbre mort devient une voiture, un bout de liane se transforme en couronne de princesse et un bâton en lance de pompier. Les jouets du commerce ne manquent à personne, surtout pas à Eli 5 ans "dans la forêt c’est mieux, j’ai beaucoup plus de jouets et de choses à faire, à la maison j’ai que mes pirates."
 

Jouer c’est bien, mais à part ça ?

Même si bouger, jouer et découvrir par soi-même constituent le socle de cette pédagogie, Peter nous explique "qu’il faut trouver un équilibre entre nature et culture, on ne peut pas emmener les enfants dans la forêt et juste les laisser faire, il faut toujours des activités pour fédérer le groupe comme la lecture d’histoires, des chansons, des petits exercices à faire ensemble." Le vivre ensemble et le respect de l’autre sont au centre des apprentissages et à voir le calme dans lequel les enfants se réunissent au son de la flute de Peter et comment à 5 ans, ils nettoient chacun leur place après manger sans qu’on le leur demande, on se dit qu’à ce niveau aussi les résultats sont plutôt probants.


Comment ça marche ?

Le jardin d’enfants créé en 2006 est géré par une association. Le bénévolat et la participation des parents y tiennent une place importante. Les frais de garde s’élèvent à environ 550 euros par mois et par enfant pour cinq demi-journées par semaine.

Et de l'avis parents ?

Pour Stéphanie Nicholas, son fils Linus "aime bien être dehors. Il est parfois un peu bruyant et turbulent, et là, il trouve l’espace pour dépenser toute cette énergie qu’il a en lui." Des enfants qui ont confiance en eux, moins malades, mobiles et capables de s’occuper facilement sans jouets, voilà ce qu’en disent les parents. Petit bémol aujourd’hui quand même, vu la météo, les bambins sont couverts de boue de la tête aux pieds; mais est-ce vraiment grave?


 

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