Témoignages. Journée mondiale du bégaiement, "j'ai commencé un travail avec mon orthophoniste, elle a transformé ma vie"

Publié le Écrit par Léna Romanowicz
partager cet article :

C'est un trouble de la parole encore méconnu et trop peu médiatisé. Comme l'autisme, le bégaiement touche 1% de la population française. Sensibiliser sur ses répercussions dans la vie quotidienne, c'est l'objectif de cette 24e journée mondiale du bégaiement qui se tient le 22 octobre.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Ce vendredi 22 octobre marque la journée internationale du bégaiement. Au-delà des critiques et des rires qu’il peut susciter, le bégaiement est un trouble neuromoteur -et non une maladie - qui empoisonne bien souvent le quotidien des bègues. En Alsace, plusieurs associations existent pour les accompagner, chacune avec sa propre méthode. 

Pour une grande majorité des bègues, les premiers signes commencent dès le plus jeune âge, parfois dès 3 ans. La parole est hachée et hésitante, perturbée par le moindre changement de situation, le stress ou l'inconfort. D'où l'importance des orthophonistes, présents pour redonner de l'assurance aux personnes atteintes et pour sensibiliser autour de ce trouble, si peu médiatisé. 

Regagner confiance

"Le bégaiement peut avoir un impact sur la vie sociale alors parlons-en, ça peut arriver à plein de personnes. Ce n'est pas grave mais prenons nous en main. Evidemment, j'ai eu des critiques. Mais mon entourage a toujours été bienveillant.", explique Etienne Vidal, qui a suivi six mois de thérapie à Strasbourg en 2012 lorsqu'il avait 32 ans. Chez lui, les bégayages ont commencé à l'adolescence. Ils diminuaient et revenaient plus intensément en fonction des périodes, "comme les périodes professionnelles. Je ne voulais pas être prisonnier de cette situation, je pensais tout le temps à ça, même si c'était léger. J'ai commencé un travail avec mon orthophoniste, elle a transformé ma vie."

Cette orthophoniste, c'est la Strasbourgeoise Marie-Pascale Diebolt, déléguée départementale de l’association parole bégaiement. Comme pour des centaines d'autres enfants, elle a donné à Etienne Vidal des outils pour comprendre les raisons de tous ces accidents de la parole. "C'est une thérapie, une rééducation, ça ne se soigne pas. Les bègues sont généralement intelligents, précoces et très réactifs." Mais selon elle, le bégaiement souffre encore d'un manque de notoriété. "1% de la population est autiste et 1% de la population bégaie. Seulement, l’autisme génère des tonnes de recherches et d’argent. Les personnes qui bégaient, eux, disparaissent, se mettre en arrière."

"Maintenant, je vole de mes propres ailes"

Pour l'orthophoniste, l'important est d'accompagner ses patients le plus loin possible, jusque dans les classes d'école, là où le stress et/ou l'excitation augmentent les troubles de la parole. Depuis le début d'année, Céline Weil, maîtresse à l'école élémentaire Jean-Baptiste Schwilgué, suit pour la première fois un enfant de CM1 qui bégaie, Ahmet. "Je ne suis pas formée à ça mais j'ai suivi les conseils de l'orthophoniste. Je fais beaucoup de lecture à deux voix avec lui et lui laisse un petit temps de préparation quand on travaille à l'oral pour le mettre en situation de confiance. On s'entraîne à relâcher le larynx pour éviter le bégaiement."

Pour la mère d'Ahmet, ce double suivi, au cabinet et en classe, est un soulagement. "On a vu que ça allait mieux. Quand il était en CE2, sa maîtresse n'avait jamais parlé à l'orthophoniste, c'était dommage parce que je trouve ça important", explique Rabia Ancer. Même si pour l'instant Ahmet a dû mal à définir ce qu'est vraiment le bégaiement, il va expliquer ce qu'il ressent devant ses camarades de classe. "Je bégaie souvent au début de mes phrases. Ce n'est pas grave, c'est juste que, des fois, je ne dis pas les mots correctement. Avant ça me dérangeait parce qu'on se moquait de moi. Je disais à mes camarades d'arrêter parce que ce n'était pas drôle."

Pour l'occasion, l'association a mis une nouvelle plaquette d'informations destinée aux enseignants.

Bégaiement expliqué à ma classe by France3 Alsace on Scribd

Clémentine, préparatrice en pharmacie hospitalière à Colmar, a également été suivie par Marie-Pascale Diebolt de la 5e à la Terminale. "A chaque rentrée, Mme Diebolt m'imprimait un récapitulatif sur le bégaiement pour que mes professeurs comprennent que ça n'affecte pas mes capacités intellectuelles. Elle donnait la conduite à suivre car très peu de professeurs étaient au courant de cela."

Si la jeune femme avoue ne pas avoir souffert de ses troubles, elle souligne toutefois la difficulté de trouver un spécialiste. A l'âge de 5 ans, alors qu'elle commence à buter sur certaines syllabes, elle consulte plusieurs orthophonistes, en vain. "J'ai mis beaucoup de temps à trouver un professionnel qui avait les bonnes techniques et qui prenait la personne dans son intégralité. Maintenant, je vole de mes propres ailes", lance Clémentine, désormais âgée de 20 ans. 

En cette journée mondiale du bégaiement, l'association organise une conférence en ligne à suivre sur Youtube dès 20 heures. Laurent Lagarde et Sarah Hervé parleront de leur expérience en tant que bègue pour l'un, et d'orthophoniste pour l'autre. 

Qu’avez-vous pensé de ce témoignage ?
Cela pourrait vous intéresser :
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité