Le premier salon du flipper et des jeux de café se déroule les 28 et 29 janvier prochains à Dettwiller (Bas-Rhin). Parmi les exposants, un collectionneur passionné qui donne les raisons de son engouement.
Daniel, la petite cinquantaine, est un Bas-Rhinois mordu de flippers. Son salon est rempli de ces machines à jeu bariolées, qu'on nomme aussi billards électriques. "J'en ai 16" reconnaît-il. "Je n'ai pas de canapé, pas de télé, mon salon-salle à manger s'est transformé en salle de jeu." Pour ne pas trop contrarier sa nouvelle compagne, qui "aimerait bien avoir un salon", il envisage cependant de créer une extension à son domicile, "pour avoir une belle salle de jeu dédiée."
Ces drôles d'engins, où l'on marque des points en dirigeant des billes sur un plateau protégé par une vitre, c'est un peu sa madeleine de Proust : "A 16, 17 ans, avec les copains, on traînait dans les bistrots, et on jouait au flipper. Jusqu'à l'âge de 20 ans, on y jouait énormément."
Mais dès les années 1980, les flippers désertent lentement les cafés. En cause, l'essor du jeu vidéo, et la baisse de la tolérance auditive des clients qui "râlaient parce que ça fait trop de bruit." Daniel fait sa vie d'adulte, sans plus y penser. Jusqu'à ce fameux jour de 2015, où l'un de ses amis lui raconte qu'il vient d'acheter un flipper. "Je suis allé jouer chez lui, et ça a travaillé dans ma tête." Le début d'une belle aventure.
Chaque machine raconte sa propre histoire, chaque jeu a son identité, son âme.
Daniel
Rapidement, il se lance. "Je suis tombé dedans en janvier 2016. On en achète un par nostalgie et on prend le virus, on ne peut plus s'arrêter, on devient boulimique" explique-t-il. "On enchaîne les achats."
Une boulimie qu'il justifie aisément : "Il y a toujours quelques similitudes entre certains jeux, mais les règles d'une machine à l'autre sont différentes, et les thèmes aussi." Le passionné ne s'arrête donc pas à un flipper, il en veut plusieurs, parce que "chaque machine raconte sa propre histoire, chaque jeu a son identité, son âme."
Un marché en pleine inflation
Les premiers amateurs de flippers les ont rachetés aux exploitants de bistrots qui voulaient s'en défaire : "A l'époque, quand une machine était arrivée au bout du rouleau, et qu'un autre jeu sortait, l'exploitant s'en débarrassait pour une misère" raconte Daniel. Selon lui, certains collectionneurs pouvaient acquérir "trois ou quatre flippers par semaine, puis ils les revendaient", histoire de "tenter différents jeux."
Mais "à un moment donné", les prix commencent à grimper, et il y a spéculation. Daniel l'explique par le récent engouement pour les flippers, et la multiplication des salons qui leur sont dédiés, en France comme à l'étranger, et font exploser la demande.
Pour raisons financières, il décide de ne plus agrandir sa collection, car aujourd'hui, sa "première machine de 2016 vaut le triple." Il y a six, sept ans, "les prix étaient encore abordables, mais maintenant ils deviennent délirants" regrette-t-il. Aujourd'hui, la fourchette de prix va de 2.500 à 15.000 euros.
Il aime les réparer lui-même
Toujours pour une question de coût, il préférait d'ailleurs acheter ses flippers "en mauvais état, en panne", et les réparer lui-même : "C'est souvent un démontage complet, le plateau mis à nu, on refait les couleurs, on vernit, on révise l'électronique… Au minimum 100 heures de travail sur une seule machine."
Pour ce mécanicien professionnel, qui a "l'habitude de démonter les voitures" et possède "des notions en électricité", ce genre de tâches reste très accessible. D'autant plus qu'avec l'expérience, il a pris de la bouteille. "Le premier, je ne savais pas tout ce qu'il y avait dedans" se souvient-il. "Mais à force de mettre les mains dedans, on apprend." Et puis, la rénovation lui procure un plaisir supplémentaire : "Les refaire moi-même, ça fait partie de la passion."
Il a fait toutes ses trouvailles "sur le Bon coin ou d'autres sites internet, ou par le bouche à oreille." Mais s'est toujours déplacé pour aller voir l'objet convoité, car "comme il y a beaucoup de demandes, il y a beaucoup d'arnaques." Il lui est même arrivé de faire 600 kilomètres et de revenir les mains vides, "parce que c'était une véritable épave, non conforme à la description."
Les refaire moi-même, ça fait partie de la passion.
Daniel
Les flippers collector des années 1950 n'intéressent pas Daniel. Pas plus que les trop récents, "connectés, avec des règles plus complexes et des écrans télé intégrés." Il ne se sent "pas assez bon joueur" pour y mettre le prix. La plus ancienne machine de sa collection "est de 1988", et les autres s'échelonnent jusqu'à 1998. La raison est toute simple : "Ce sont les flippers que j'ai connus quand j'étais jeune (…) Les plus intéressants à jouer datent des années 1980 jusqu'au début des années 2000, c'était l'âge d'or."
De même, quand Daniel restaure, il ne cherche pas forcément à redonner à l'engin son aspect d'origine. "Je ne suis pas un puriste" avoue-t-il. "Je veux de belles machines jouables. J'ajoute des leds, je repeins, je revernis les plateaux, et si ce n'est pas la teinte exacte, je m'en fiche. Il faut que ce soit beau." L'essentiel est que le résultat lui plaise à lui. "Je ne les restaure pas pour les revendre, je le fais pour moi. Ce sont mes jeux, plutôt personnalisés."
En effet, ses seize flippers ne sont pas des objets de musée, mais des machines qui doivent servir, et permettre de passer de bonnes soirées avec des amis. "C'est une passion qu'on partage. On joue comme à l'époque, en buvant un coup et en rigolant, entre copains."
Les salons, d'autres occasions de s'amuser
C'est pour cette même raison qu'il "fait trois ou quatre salons dans l'année", où il emmène l'un ou l'autre de ses flippers pour les présenter. Car chaque salon offre aux exposants un moment extraordinaire : "Le samedi soir, il y a toujours la soirée VIP, entre nous, où on va jouer sur tous les flippers qu'on a ramenés. Entre collectionneurs."
Il y a toujours la soirée VIP, où on joue sur les flippers qu'on a ramenés.
Daniel
Daniel se réjouit donc tout particulièrement pour ce premier salon alsacien, le week-end prochain à Dettwiller (Bas-Rhin). Il y aura "entre 40 et 50 flippers" promet-il. "C'est pas mal, pour un début." Lui-même en amènera six, "parce que l'organisateur est un ami."
De beaux moments en perspective, à échanger avec d'autres passionnés, "avec qui on parle de technique, de réparation, de petites pannes, d'achat…" Mais également l'occasion de faire découvrir sa passion à d'autres. "On tombe toujours sur des gens qui ne connaissent pas trop, et on aime partager" explique-t-il. On s'en serait un peu douté…
Ce premier salon du flipper en Alsace se tient samedi 28 janvier de 14h à 20h et dimanche 29 janvier de 10h à 17h à la salle polyvalente de Dettwiller, près de Saverne.