Stéphane Monfort a 49 ans. Ce Mulhousien est volailler, mais il est surtout un fan absolu de Jean-Jacques Goldman depuis quarante ans, et un collectionneur fou. Jeudi 14 mars, il est monté sur scène au Zénith de Strasbourg, lors de la tournée "L'Héritage Goldman".
Stéphane Monfort, 49 ans, est volailler sur le marché de Mulhouse (Haut-Rhin). Mais en dehors de ça, il est surtout un très grand fan de Jean-Jacques Goldman depuis plus de quarante ans. Chez lui, dans la vallée de Masevaux, il a transformé une pièce en "fan room". Une chambre de fan. Des dizaines d’affiches, de disques, de photos et une guitare signée par son idole, à laquelle il tient particulièrement. L'une des plus belles collections françaises dédiées au chanteur français.
9 ans, c'est l’âge qu’il a lorsque sa grand-mère lui offre 'Comme toi', un quarante-cinq tours du chanteur français. "À l’époque, je n’ai bien sûr pas compris le sens des paroles qui évoquaient la Shoah, mais je suis tombé sous le charme de sa voix. Je suis devenu accro. Ça ne s’explique pas et cela n'a jamais cessé."
En 1988, il a 16 ans lorsqu’il assiste à son premier concert de l’artiste en Côte d’Ivoire. Un choc. C’était lors de la tournée "Traces", qui donnera naissance à l’un des plus beaux albums live de Goldman. "L’ambiance, la musique, le lien avec le public, c’était magique. Le lendemain, j’étais à la plage. Et tout d’un coup, je vois Jean-Jacques avec tous ses musiciens ! Je suis allé les voir et tout le monde a été très sympa avec moi".
Comme tout le monde, il a eu des hauts et des bas. Des moments difficiles et d'autres plus heureux. "Lorsque j’allais mal, j’écoutais 'Peur de rien blues', 'Puisque tu pars' ou 'Veiller tard', je n’allais pas mieux, mais j’avais l’impression d’être compris, explique Stéphane Monfort. Et lorsque j’allais bien, j’écoutais des chansons beaucoup plus gaies. Depuis que j’ai 9 ans, Jean-Jacques Goldman n’a jamais cessé de m’accompagner, à chaque moment de ma vie."
Depuis 40 ans, il vit en mode Goldman. Alors autant dire que lorsque Michal Jones, le guitariste mythique de l’artiste devenu un ami au fil du temps, lui a proposé de venir chanter sur la scène du Zénith de Strasbourg (Bas-Rhin) lors de la tournée "l'Héritage Goldman". Il a accepté avec beaucoup d’émotion.
Il a choisi 'Il changeait la vie'. "Parce que c’est une chanson qui me parle beaucoup. Ça veut dire : dans la vie, rien n’est impossible. Si on veut s’en sortir, on peut. C’est un sujet qui me touche. Dans 'Envole-moi', il chante aussi : 'À coup de livres, je détruirai tous ces murs'. C’est une philosophie de vie. L’envie d’aller de l’avant. De ne jamais rester sur un échec". Sur scène, jeudi dernier, il a vécu un moment inoubliable devant des milliers de personnes. Un rêve. "Il m’a fallu le temps de redescendre", comme tous les artistes.
La dernière fois qu'il a vu Goldman, c'était en 2014. Dernier concert dans le cadre des vendanges du cœur à Ouveillan, dans l’Aude. "J’ai fait la route exprès. Car il n’y a que les routes qui sont belles". Jean-Jacques Goldman n'est plus jamais remonté sur scène. Une retraite assumée. Aujourd’hui, à 72 ans, l’artiste se fait plus discret que jamais. "Il a tout dit, il a fait tout ce qu’il a voulu faire, il n’a jamais déçu. Il nous a donné le meilleur. C’est vrai que quand il a décidé d’arrêter, ça m’a attristé. Mais aujourd’hui, je me dis que c’était peut-être mieux comme ça. Je ne suis pas sûr d’avoir envie qu’il revienne. Il est parti au sommet. Je ne pense pas qu'il pourrait faire mieux que ce qu’il a déjà fait. C’est impossible. Alors finalement, c'est bien comme ça".
Des mots qui résonnent encore, des refrains qui l’ont accompagné dans des nuits difficiles et des moments de joie, des souvenirs, des moments forts. La bande originale de toute une vie.