Après trois mois coupées du monde, les maisons de retraite reprennent vie

Le coronavirus a fait des ravages dans les Ehpad. Une mort silencieuse et solitaire qui a emporté des centaines de vies. Des mois douloureux où les résidents ont tenté de tenir le choc sans mourir d'ennui et où les soignants ont rusé d'ingéniosité pour trouver des solutions.

Si la porte d'entrée est encore fermée à clé et qu'il faut inscrire son nom dans un cahier puis se désinfecter les mains avant de sonner pour pouvoir entrer, la vie reprend tout de même, petit à petit, au sein de la maison de retraite du Kirchberg à La Petite Pierre (Bas-Rhin). Dans la salle de jeu, 18 résidents jouent à deviner des mots en compagnie de Josiane, l'animatrice. C'est presque moitié moins qu'en temps normal à cause des distances à respecter mais peu importe, ce matin-là, tous étaient heureux de pouvoir se retrouver. "Ce fut une période très difficile mais nous l'avons surmontée" nous dit, émue, Edwige (94 ans) "et nous sommes contents de pouvoir à nouveau quitter nos chambres".

Toutes ces portes fermées, c'était horrible.

Josiane Zorn, animatrice

Si les animations ont pu reprendre dans la salle commune début juin, les animateurs ont tenté de faire de leur mieux durant le confinement. "Les résidents se sont montrés très patients. Certains jours, c'était terrible. Nous avons poursuivi les jeux de mémoire en installant les patients dans l'encadrement de la porte de leur chambre, munis d'un masque. On a essayé de faire aussi d'autres jeux ainsi, et même fait des gaufres dans le couloir" raconte Josiane Zorn.

Pas de vistes pour les anniversaires... Pas de visites tout court. Pas de balades, de kiné ou de discussions avec un voisin de chambre. Un monde à l'arrêt pour ces personnes qui parfois ne comprenaient même pas ce qu'il se passait.

Josiane nous lavait les cheveux et nous mettait les bigoudis. Elle coupait aussi les franges si elles étaient trop longues.

Emma, résidente

Certains résidents étaient tellement déprimés qu'ils ont arrêté de s'alimenter. D'autres ont régressé suite au manque d'exercices "et puis les chambres ne sont pas équipées pour garder les gens aussi longtemps enfermés" nous confie une aide-soignante qui fait quelques pas avec une résidente dans le couloir. Un luxe après tout ce temps.  

Heureusement les pensionnaires ont pu compter sur l'imagination de l'équipe d'animation et sur le personnel soignant qui a su, qui a dû s'adapter pour trouver de nouvelles pratiques et remplacer à leur façon les familles absentes. Après le déconfinement, des musiciens se déplacaient pour animer les alentours de l'Ehpad. Ce n'est que depuis mi-juin que les familles peuvent à nouveau entrer dans les chambres. Un soulagement pour elles. 

L'établissement était-il préparé à une telle situation ? A cette pandémie? Bien sûr que non, mais il a fallu faire tout de même. Revoir les protocoles, chercher, tester pour proposer des solutions rapides. Et la maison de retraite s'en est plutôt bien sortie.

Parmi les 62 résidents de l'établissement trois ont été hospitalisés à cause du virus, l'un en est décédé. Du coté du personnel, 12 personnes (sur 50) ont été malades. Des employés, en partie, remplacés par les pompiers volontaires de Weisslingen et Petersbach (Bas-Rhin) venus nettoyer les chambre ou servir les repas. Et ils sont toujours présents pour donner un coup de main là où cela est encore nécessaire.

Il est trop tôt pour tout analyser mais il est évident que nous allons devoir travailler différemment à l'avenir.

Frédéric Vogler, directeur de l'Ehpad du Kirchberg

Un virus et un confinement qui pose, peut-être, aussi la question des dimensions de ces structures d'accueil. Trop grandes ? Trop rigides ? Si l'Ehpad du Kirchberg reste à taille humaine, la liste d'attente pour y entrer est importante. Une situation comme il en existe de nombreuses ailleurs. Faut-il revoir la taille de ces lieux, faut-il repenser la prise en charge des résidents ? Des questions auxquelles il faudra certainement trouver une réponse. 

 

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