Une Sedanaise et une Carolomacérienne s'envoleront samedi pour Cannes. Un privilège obtenu après avoir remporté le prix "graine de journalistes" du festival Vox Milo. Pourtant, rien ne les prédestinait à participer à cette grand-messe du cinéma.
Nim Patier et Kahina Lounassi seront sans doute les plus détendues de tous ceux qui graviront les marches du 75e festival de Cannes. "Ce sont juste des marches" ironise Nim, 20 ans. Ni l'une, ni l'autre ne semble appréhender ce qui les attend : gravir les marches du tapis rouge sous l'œil des nombreux photographes. "Je crois que c'est moi le plus impressionné" avoue Quentin Warin, le chargé de projet de la mission locale de Charleville-Mézières qui les accompagnera.
Quand le hasard fait bien les choses
Ce professionnel de l'audiovisuel les a encadrées tout au long du projet qui leur a permis d'obtenir cette récompense. De la conception à la réalisation de la vidéo, en passant par le montage.
Et c'est presque par hasard que les deux ardennaises se sont retrouvées à réaliser cette vidéo de 6 minutes : " Une autre équipe travaillait depuis trois mois sur un projet de vidéo, mais la veille du tournage ils ont eu le covid. Donc Quentin nous a proposé d'en réaliser une en moins de 3 jours".
Et le défi est plus que réussi : en 72 heures leur vidéo est achevée. Parmi les 54 vidéos soumises au jury, c'est celle de la mission locale de Charleville-Mézières qui remporte le prix "graine de journalistes".
Dans cette vidéo face caméra qui reprend les codes de la web série "et tout le monde s'en fou", Kahina explique avec humour et efficacité en quoi consiste la culture, en quoi elle n'est pas si "non essentielle" et surtout en quoi elle est importante.
"Je connais deux Kahina : une devant et une derrière la caméra" s'amuse leur accompagnant. La timide jeune femme de 23 ans que nous avons rencontrée en interview est effectivement bien différente de la youtubeuse affirmée qu'elle incarne dans la vidéo.
Un monde qui leur est étranger
Pas d'étoile dans leurs yeux quand Nim et Kahina parlent du festival de Cannes. Et pour cause : c'est un monde qui leur est bien éloigné. Les deux filles peuvent s'étaler longuement sur les animés qu'elles regardent ou les mangas qu'elles lisent, mais un peu moins sur les grands noms ou le palmarès de la compétition cannoise.
On sera avec des pros, donc ils auront forcément beaucoup de choses à nous apprendre.
Kahina
Bien qu'elles en soient étrangères, elles n'en sont pas moins désintéressées. "On espère revenir en ayant appris davantage de choses" explique Nim. Kahina rajoute : "on sera avec des pros, donc ils auront forcément beaucoup de choses à nous apprendre. Je vais peut-être me découvrir une passion cachée".
Et c'est tout l'objectif de cette récompense : "le but est de leur montrer des choses qu'elles n'ont pas l'habitude de voir" résume leur encadrant. Le contraste sera saisissant pour ces deux ardennaises au parcours scolaire compliqué : Nim a arrêté l'école en classe de première après des problèmes de harcèlement et d'agoraphobie. Aujourd'hui, elle s'épanouit dans l'audiovisuel et voudrait reprendre des études pour se spécialiser dans la réalisation.
Kahina a abandonné sa première année de licence de japonais à l'université, démotivée par les confinements successifs. Passionnée par le Cosplay et admirative des costumes de certains films, elle espère en découvrir davantage lors de son passage sur la croisette : "J'aimerais bien qu'un jour il y ait un de mes costumes dans un film et qu'en le voyant on se dise qu'il est stylé !"
Le départ approche à grands pas et pourtant, les valises ne sont pas encore entamées. Mais Nim et Kahina l'assurent : le choix de la robe et des talons est acté !