Etudiante en littérature et marionnettiste, Lourdes Pereyra participe à son premier Festival mondial des théâtres de marionnettes à Charleville-Mézières dans les Ardennes. Venue de Cordoba en Argentine, elle nous raconte ses premières impressions.
"Non, rien de rien… non, je ne regrette rien." Lourdes Pereyra pourrait mentionner sa toute première expérience du festival mondial des théâtres de marionnettes de Charleville, mais il n'en est rien. C'est bien le titre mondialement connu d'Edith Piaf que la jeune marionnettiste argentine chante ce vendredi 20 septembre, marionnette à l'effigie de la chanteuse dans sa main droite.Piaf, la Callas et Gilda en spectacle
Ses longs cheveux noirs tressés arrivent dans le bas de son dos. Béret noir sur la tête, Lourdes Pereyra est venue d'Argentine, de la ville de Cordoba, au nord-ouest de Buenos Aires. Devant elle, une petite table de velours noir sert de scène à ses stars : Edith Piaf, Maria Callas, Gilda, une artiste de variété argentine. "Ce sont de grandes dames de la chanson, je voulais leur rendre hommage", explique-t-elle dans un espagnol à l'accent argentin très léger. Car dans la rue de la République, devant l'enseigne d'un célèbre magasin de mobilier, la jeune femme chante et anime ses marionnettes elle-même.C'est ma première pour tout. Première en France, première en Europe, et mon premier festival seule en tant qu'artiste.
- Lourdes Pereyra, marionnettiste argentine.
Devant elle, un parterre de Carolos écoute attentivement l'artiste. Aliette est venue accompagnée d'une amie champenoise, à qui elle fait découvrir "la beauté des Ardennes". C'est sa quatrième venue au festival, et elle admire "la sobriété" du spectacle de Lourdes. "J'aime le fait qu'elle chante elle-même. J'adore les spectacles de rue, c'est sans artifice", décrit l'Ardennaise avant d'ajouter dans un soupire :"Avec du Piaf en plus…"
Quatre écoles de marionnettes rien qu'à Buenos Aires
Conquise, comme de nombreux spectateurs et comme Lourdes, très émue de sa première prestation. "Il y a de nombreux festivals comme celui-ci toute l'année à Cordoba. Mais ici, il y a beaucoup de gens, les marionnettes sont vraiment mises en valeur", compare l'étudiante en littérature. Il faut dire que le pays du tango est une terre de marionnettes : il existe pas moins de quatre écoles dans la capitale, Buenos Aires, et de nombreux festivals leur sont dédiés à travers le pays. Elle raconte, ses yeux sombres remplis d'étoiles :Il y a un an, quand ont eu lieu les inscriptions des compagnies, Lourdes Pereyra a sauté sur l'occasion. C'est en travaillant et grâce à un petit héritage familial qu'elle s'est offert le voyage. "C'est un investissement. Je viens ici pour apprendre du festival, des artistes, ce n'est pas de l'argent perdu", affirme l'Argentine, qui a appris la chanson toute seule. "Je viens d'une famille où il n'y a aucun artiste, justifie-t-elle. J'ai appris l'art des marionnettes dans une école, mais le chant, je le travaille seule, à côté."Nous vivons une période économique très difficile en Argentine depuis quatre ans. La culture en a pris un coup. Ça fait beaucoup de bien d'être ici, de profiter de la ville et des gens.
- Lourdes Pereyra, marionnettiste argentine.
C'est dans sa grosse valise noire qu'elle transporte Edith, Maria, Childa et les autres. Sa deuxième "maleta" est restée au camping, où elle a attrapé un peu froid, à cause des températures nocturnes assez fraîches, comparées à celles de son pays d'origine, qui passe à peine au printemps. Mais non, rien de rien, elle ne regrette rien.