Ces photos inédites ont été découvertes par Hugues Fontaine, commissaire de l'exposition "Rimbaud photographe" au musée Rimbaud de Charleville-Mézières. Une découverte fortuite qui raconte la période éthiopienne du poète carolo à la fin du XIXème siècle.
Tout commence il y a deux ans. Hugues Fontaine, commissaire de l'exposition "Rimbaud photographe" (qui commence le 18 mai pour six mois) et l'équipe du musée Rimbaud de Charleville-Mézières décident de consacrer une exposition au travail photographique du poète carolo. "Nous connaissons tous Arthur Rimbaud le poète, le négociant, le voyageur et même le vendeur d'armes. Mais on ne connaît pas Arthur le photographe", raconte Hugues Fontaine.
Photographe et spécialiste des explorateurs de la Corne de l'Afrique du XIXème siècle susceptibles d'avoir pris des clichés, Hugues Fontaine oriente ses recherches vers Vienne, où a vécu l'explorateur Philipp Paulitschke, proche de Rimbaud. Une bonne initiative, puisque l'Ardennais a découvert trois clichés inédits pris par le poète au musée d'ethnologie de Vienne, le Weltmuseum. "Je savais qu'en cherchant dans la collection de l'explorateur autrichien Philipp Paulitschke, je trouverais des choses intéressantes", raconte-t-il. Arrivé au musée, Hugues Fontaine parcourt les registres de Paulitschke.
Je tourne les pages, et à la numéro 19, je tombe sur le nom 'Rimbaud'. En-dessous, il y avait deux fois la mention 'idem' en Allemand, soit deux autres clichés. Je ne pensais vraiment pas trouver de photos prises par Rimbaud lui-même !
-Hugues Fontaine, commissaire de l'exposition.
Des clichés qui auraient été pris il y a 132 ans jour pour jour
Parmi ces clichés, une photo de la citadelle Ras-Darghé, située entre Entoto, la capitale éthiopienne de l'époque et Harar. Dans un recueil de voyage, l'explorateur français Jules Borelli raconte les 20 jours de périples avec Arthur Rimbaud, venus vendre des armes au roi d'Ethiopie, "opération qui se révèlera être un fiasco", sourit le Carolo. Il y mentionne d'ailleurs la citadelle Ras-Darghé un 14 mai 1887. "Ce qui me laisse fortement penser que jour pour jour, cette photo a pu être prise il y a 132 ans", s'enthousiasme Hugues Fontaine.Sur le second cliché, on aperçoit un jeune guerrier qui tend son pied dans un bac. Devant lui, un jeune garçon les nettoie, "un rituel d'hospitalité", explique le commissaire de l'exposition.
A cette période, Arthur Rimbaud a quitté l'Europe. Il devient négociant, explorateur, "vend des armes" et ouvre un studio à Aden, dans l'actuel Yémen. Il ambitionne alors d'écrire un livre d'ethnologie sur Harar et les Gallas, les habitants de la région. "Ses photos n'ont aucune ambition artistique, décrypte Hugues Fontaine. Il est alors dans un projet pragmatique."
L'Ardennais en est persuadé, il reste de nombreux clichés du poète en Egypte."A l'époque, Harar était occupée par les Egyptiens. On sait que Rimbaud a envoyé à son employeur Alfred Bardey la photo d'un officier francophone. Je suis persuadé qu'il en reste beaucoup dans la nature." Et de nuancer : "Mais à moins de retrouver une lettre signée de Rimbaud qui accompagne la photo, il sera très difficile de le vérifier."