Le parquet de Charleville-Mézières confirme qu'une enquête a été ouverte visant une personne localisée dans les Ardennes, après un dépôt d'une plainte. Celle-ci avait été déposée par le centre équestre de Rethel.
Une enquête a été ouverte après la découverte d'un trafic de chevaux de selle écoulés frauduleusement dans l'alimentation humaine dans l'est de la France.
Un "réseau mafieux belge" serait parvenu "à contourner frauduleusement notre réglementation sanitaire" en rachetant à des centres équestres ou des particuliers des chevaux de selle pour les faire abattre après avoir soigneusement falsifié leurs carnets de santé, rapportent de concert la Coordination rurale (syndicat agricole minoritaire) et la Fédération nationale des éleveurs professionnels d'équidés (FNEPE).
Carnets de santé falsifiés
Des maquignons complices promettaient aux propriétaires concernés une "retraite paisible" à leurs montures - qui finissaient en réalité à l'abattoir. Les animaux partaient alors en Belgique où leurs carnets de santé étaient falsifiés, puis ils revenaient en France pour y être abattus.Leur viande était bien vendue comme viande de cheval mais le problème est que "les trois quarts des chevaux de selle ont reçu un traitement médicamenteux qui les rend impropres à la consommation humaine", rappelle Jacques Largeron, président de la FNEPE.
La filière de production de viande de cheval n'est pas touchée par ce trafic.
Selon l'éleveur, le trafic aurait été découvert dans l'abattoir d'Alès (Gard). Des abattoirs à Pézenas (Hérault) et Valenciennes (Nord) seraient également concernés. "La filière de production de viande de cheval n'est pas touchée par ce trafic", tient aussi à préciser M. Largeron.
Contacté, le ministère de l'Agriculture confirme qu'une enquête est en cours, sans pouvoir préciser à ce stade où elle a été ouverte. Aucun détail sur l'ampleur de ce trafic n'a pu être non plus précisé pour l'instant.
Plainte déposée et enquête ouverte
Le parquet de Charleville-Mézières n'a pu corroborer l'existence d'un trafic de viande de cheval, mais a confirmé qu'une enquête avait été ouverte visant une personne localisée dans les Ardennes, après le dépôt d'une plainte.Celle-ci avait été déposée par le centre équestre de Rethel (Ardennes), a indiqué son avocat, Me David Boscariol. Selon lui, un maquignon domicilié dans les Ardennes s'était présenté au printemps dernier au centre qui avait posté une annonce pour placer deux chevaux en retraite.
L'homme aurait indiqué que les chevaux serviraient à encadrer des poulains dans un haras, mais le centre équestre a découvert que les chevaux avaient été revendus à un abattoir, a affirmé Me Boscariol.
Voir notre reportage
Interview BONUS
Le ministère souhaite par ailleurs rappeler qu'au moment du scandale de la viande de cheval, la Commission européenne s'était engagée à mettre en place un fichier d'identification unique et centralisé des équidés dans l'Union européenne.
Ce fichier n'est toutefois toujours pas mis en place, a-t-il précisé. L'hiver dernier, des courtiers et entrepreneurs peu scrupuleux avaient vendu de la viande de cheval (moins chère) en la présentant comme du boeuf. Cette viande avait atterri dans des plats préparés, notamment des lasagnes, censés contenir uniquement de la viande bovine.
Dernière minute
Le parquet de Marseille indique que pour la seule zone qui le concerne, ce trafic présumé concernerait 3.000 chevaux.Le trafic présumé de viande de cheval récemment mis au jour porte sur quelque 3.000 chevaux abattus sur une période maximum des trois dernières années, a indiqué le parquet de Marseille, pour la zone qui le concerne.
"On estime à 3.000 le nombre de chevaux exportés par la filière mise en cause", a déclaré le procureur Brice Robin, qui a précisé que le pôle santé de Marseille, qui couvre les régions Paca, Languedoc-Roussillon et Rhône-Alpes, avait ouvert fin juin une information judiciaire. "C'est une filière avec la Belgique", a-t-il précisé, ajoutant que "les chevaux provenaient apparemment de Hollande, de Belgique, de France, d'Espagne".
"Il y a des irrégularités qui ont été constatées", notamment "sur les documents d'identification des chevaux qui étaient présentés à l'abattoir", a ajouté le procureur. "La traçabilité a été volontairement occultée, puisque souvent les chevaux possèdent deux identités différentes", a-t-il indiqué.
Dans la région, les abattoirs de Pézenas (Hérault) et d'Alès" (Gard) seraient concernés, a-t-il poursuivi.
Selon une source proche de l'enquête, il s'agit de chevaux de toutes catégories (de trait, de sport, de courses...), jugés impropres à la consommation.