L'Ardennais Yoann Lemaire, président de l'association Foot ensemble, qui a fait état publiquement de son homosexualité, dénonce vigoureusement le fait que Marlène Schiappa ne puisse se rendre le 17 novembre à Charleville lors d'une action contre l'homophobie dans les stades.
"J’assume, je suis honnête, je dis les choses. Et je suis très déçu". Contacté par téléphone ce vendredi 11 octobre, le footballeur ardennais, président de l'asociation Foot Ensemble, Yoann Lemaire est en colère. Il s'insurge contre la secrétaire d'Etat en charge de la lutte contre les discriminations, Marlène Schiappa. Lui qui travaille à stopper l'homophobie dans les stades de foot se sent abandonné."On organise un match de gala au stade du Petit Bois, à Charleville, le 17 novembre entre le Variété club de France et des anciens de Charleville Sedan, avec la FFF et la LFP, explique-t-il. En amont, on va mettre en place une fan zone avec le district de foot des Ardennes, des ateliers pédagogique et ludiques, pour lutter contre les discriminations. On va parler aux jeunes de cela, c'est rare, et finalement la ministre dit qu'elle ne peut pas venir, alors qu'on avait la certitude qu'elle serait présente".
Dans un tweet, le footballeur s'adresse à la ministre. "Mme @MarleneSchiappa, une énième fois, vous refusez notre invitation. Cette fois pour une journée de lutte contre l’homophobie dans le foot avec des jeunes du district des Ardennes et le Variété club de France, à Charleville. Vous avez beaucoup parlé durant la polémique".
Mme @MarleneSchiappa, une énième fois vous refusez notre invitation. Cette fois pour une journée de lutte contre l’homophobie dans le foot avec des jeunes du district des ardennes et le Variétés club de France, à Charleville. Vous avez beaucoup parlé durant la polémique, et (1/2
— yoann lemaire (@LemaireYoann) October 11, 2019
"Je tombe des nues, évoque le footballeur, je suis en lien avec son cabinet. Une fois, deux fois, trois fois, elle a twitté qu'elle soutenait l’idée. Hier j’étais à Paris dans une réunion avec la LFP. Ils n’étaient pas au courant qu’elles ne venait pas, on avait parlé du projet. Et aujourd’hui je reçois ce courrier : elle ne vient pas".
Dans sa colère, Yoann Lemaire rappelle qu'il avait pourtant reçu le soutien de conseillers à l'Elysée début octobre. Il avait été écouté par un conseiller au sport et une conseillère technique égalité femme-homme. Il envisageait même de remettre au président Macron un kit pédagogique de sensibilisation à l’homophobie, mais aussi les travaux de l'association sur la citoyenneté et le civisme. Le cabinet de la secrétaire d'Etat évoque une contrainte d'agenda et propose malgré tout de "marrainer" l’événement, mais pour l'ex joueur ardennais, "c’est de la com".À un moment, on dit stop, arrêtez de faire de la com ! Si quand on fait quelque chose, on n'est pas soutenu... Alors que c'est la 3e fois qu’on l’invite. Continuez à faire de la com !
-Yoann Lemaire, président de Foot Ensemble
Homophobie dans le foot : "La prochaine fois, je quitterai le stade quand il y aura des chants homophobes", déclare Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’égalité femmes-hommeshttps://t.co/cEwi3c61QM pic.twitter.com/JQiwHPxybU
— franceinfo (@franceinfo) August 27, 2019
"Il faut que chacun prenne ses responsabilités"
Il voudrait que Marlène Schiappa et la ministre des Sports Roxana Maracineanu viennent parler aux jeunes : "Arrêtez de parler aux journalistes, mais venez rencontrer des jeunes, ils ont vu la polémique sur les propos homophobes dans les stades, mais ils ne comprennent rien. Il faut que chacun prenne ses responsabilités".Selon lui, c’est décourageant pour les associations, car "on se bouge et au final rien ne se fait, elle est ministre de la lutte contre les discriminations, elle a pris partie sur les chants homophobes, mais sans parler aux supporters. Là on veut parler du sujet auprès des jeunes, on pouvait lui proposer des projets concrets, pédagogiques. Et finalement ça va être compliqué. Car il faut agir. Les clubs de supporters demandent de l'aide. Ils nous disent la même chose : 'arrêtez la stigmatisation, on n’est pas homophobes', ils nous demandent quels sont les bons arguments. Hier certains m’ont dit : 'on a demandé des idées au niveau national, et on n’a rien…' Or il faudra passer à l’acte".
Réalisateur d'un documentaire sur ce thème "Le film qui vise à en finir avec l’homophobie dans le monde du football", Yoann Lemaire fourmille de projets pour discuter avec les supporters. "On peut passer des extraits du films, des extraits pédagogiques, voir un match de foot ensemble. Je demande simplement que la ministre s’y intéresse vraiment. Qu’un groupe de réflexion sur l'homophobie dans les stades se mette en place. Avec des supporters, des élus, des anthropologues car on parle de ça depuis trop longtemps".