Ardennes : tétraplégique, elle vit l'enfer, bloquée depuis six ans dans sa maison sans rampe ni ascenseur

Sur les hauteurs du village de Floing dans les Ardennes, Pascale Rumigny, frappée par la maladie en 2011 et tétraplégique, est bloquée depuis six ans sans pouvoir sortir de sa maison construite sur une butte de terre. L'aménagement médical et les travaux pour sa mobilité coûtent une fortune. 

La vue est magnifique sur le village depuis la porte-fenêtre du salon de Pascale, à Floing dans les Ardennes. En cette fin d’été de septembre, la lumière s’y invite pour son plus grand plaisir, mais c’est désormais, le seul qui lui reste. Pratiquement paralysée dans son fauteuil prêté pour l’instant par des organismes d’aide, les journées sont interminables depuis ce terrible jour de 2011 où tout a basculé dans sa vie.

En faisant un mur autour de ma maison, mes bras sont tombés d’un coup, ça m’a fait rire un instant, mais c’était grave.
- Pascale, en situation de handicap moteur. 


Pascale Rumigny, 47 ans, veuve d’un mari décédé d’un accident de travail quelques années auparavant, et mère de trois enfants, découvre qu’elle a une hernie mal positionnée aux cervicales et que celle-ci comprime sa moelle épinière. Elle ne sent plus ses membres et son état nécessite une lourde prise en charge. Quelques hésitations de la part de son médecin, un traitement à base de médicaments pendant quatre ans pour rien et le mal est fait : la moelle épinière est très abîmée, Pascale devient pratiquement tétraplégique.

"Je me suis faite opérée, c'était à risque, j'ai eu des séances de rééducation, et j'ai demandé un rapprochement familial. Puis je suis rentrée chez moi et la situation est compliquée. Je suis bloquée chez moi." 
 

Sa maison devient sa prison

Très vite Pascale s’aperçoit que sa maison n’était pas prévue pour un tel handicap. Construite sur une butte de terre de plus de huit mètres, c’est un escalier qui avait été pensé à l’époque, pour accéder à sa porte. En fauteuil roulant désormais, le chemin est impossible. Même une rampe installée autour du domaine n’est pas techniquement envisageable, lui annoncent les organismes d’aide.  

Je suis bloquée chez moi en permanence devant un écran d’ordinateur, j’ai de l’aide qui vient à la maison, des aides à domiciles pour me laver, m’habiller, me donner à manger. Je ne peux pas sortir, toujours dans un fauteuil.
- Pascale Rumigny, tétraplégique à Floing dans les Ardennes

Des équipements qui coûtent un bras

Pour faire sortir Pascale Rumigny de sa maison inadaptée il faudra de l’argent. La construction d’un petit chemin pour accéder à une plate-forme, un  ascenseur au bout de celui-ci pour rejoindre la route, des volets roulants et une  porte électrique, un fauteuil roulant autonome à commande au menton, un siège spécial pour la toilette quotidienne : Pascale a reçu tous ces devis et le total avoisine les 76.000 euros. Les services de l’Anah prennent en charge 10.000 euros, l’aide du département, 10.000 euros et d’autres organismes pour 2.000 euros. Il lui faudra donc trouver les 54.000 euros nécessaires pour retrouver un semblant de vie normale, mais, comme l’escalier devant sa maison, chaque marche semble inaccessible.

"Je suis handicapée donc je ne peux pas travailler. Je ne sais pas comment faire. J'ai lancé des demandes, mais je n'aime pas trop ça, je me fais violence pour le faire, parceque je n'ai pas le choix. Mais je comprends que les gens n'ont pas les moyens non plus. Parler de ma maladie c'est difficile. Mon avenir ici, je ne sais pas trop, si on ne fait rien, je vais rester devant mon ordinateur, c'est tout...", dit-elle la gorge nouée. 

VIDEO : Le témoignage de Pascale

L'aide des réseaux sociaux comme ultime médicament

Une collecte de fonds, une cagnotte a été mise en place sur Facebook par la fille de Pascale pour au moins, faire connaître le quotidien douloureux des personnes prisonnières chez elles sans équipements adaptés. Pour l'instant, ce ne sont qu'une cinquantaine d'euros qui ont été collectés. Mais l'espoir est ailleurs pour Pascale, peut-être simplement dans une prise de conscience des accidents de la vie et du chemin pour s'y accrocher.

 
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