A l'heure où la vaccination s'accélère, nous vous proposons de découvrir les coulisses d'un centre de vaccination. Direction Drulingen, une petite commune d’Alsace bossue où médecins, infirmières mais aussi bénévoles se relayent pour assurer 200 vaccinations par jour.
Deux fois par semaine, la pharmacie Husson reçoit la livraison des doses Pfizer. Ils viennent des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, où ils sont stockés dans des réfrigérateurs spécifiques, à -80°. Joanne Husson, gérante de la pharmacie, place certaines doses dans son frigo. "Une fois sortis du cycle de congélation, nous avons 5 jours pour les utiliser", explique-t-elle. D'autres partent directement dans son sac isotherme, direction le centre de vaccination, qui se trouve juste à côté, dans la salle polyvalente.
C'est ici que l'on vaccine depuis le 8 mars. Drulingen compte 1.500 habitants, et on y fait 200 injections par jour. Un rythme qui ne cesse de s'accélerer depuis le début. Chaque jour, 4 médecins, 4 infirmières et une dizaine de bénévoles permettent de tenir la cadence. Parmi eux, Lucienne Masseran, infirmière libérale à Drulingen : "d'abord, je prépare les injections. Là, j'en fais 50. Un seul flacon permet de vacciner sept personnes. Une fois que tout est prêt, je commence à vacciner".
"Hop, c'est déjà fini ! Vous avez senti quelque chose ?", lance-t-elle à un patient âgé. Alors que tout va vite, Lucienne Masseran se prend tout de même le temps de discuter avec chaque personne. Entre deux vaccinations, elle nous explique : "C'est important de les rassurer. Beaucoup ont de la tension, discuter avec eux permet de les détendre. Cela fait partie de mon rôle en tant qu'infirmière".
A Drulingen, la moitié des personnes venant se faire vacciner sont Lorrains. La proximité joue bien sûr, mais aussi le manque de rendez-vous plus proches. "Nous venons de Kalhausen, rien n'était disponible à Sarreguemines alors nous venons ici", nous confie un couple. Certains sont également prêts à faire des kilomètres pour le fait que le vaccin soit administré provienne du laboratoire Pfizer. "Nous ne voulons pas du vaccin AstraZeneca, car nous avons peur des thromboses. De manière générale, je ne suis pas enchantée par les vaccins mais je me dit qu'il vaut mieux ça que d'attraper une forme grave du covid et risquer d'en mourir", explique Edith Doerr.
Une fois appelé, chacun rencontre un médecin. "Je dois m'assurer que les personnes sont aptes à recevoir le vaccin, qu'elles ne présentent pas de contre-indication. Cet entretien est nécessaire", explique Frédéric Antony. Une discussion qu'il mène souvent en alsacien. "Je remarque que les gens sont beaucoup plus en confiance quand je leur parle alsacien. Ils se disent que je les comprends, qu'ils peuvent s'exprimer comme ils le souhaitent et à l'inverse, ils me comprennent aussi".
Une équipe de bénévoles prend ensuite les personnes vaccinées en charge, tout au bout de la chaîne. "On prend la température, on mesure la tension, on s'assure que tout va bien", explique Sonia Klopfenstein, bénévole à la Croix-Rouge. C'est avec plaisir qu'elle vient prêter main forte dans ce centre de vaccination. "Je suis retraitée, j'ai le temps. J'adore le contact avec les gens, je suis ravie de pouvoir aider." Ce qui la motive ? "Plus vite nous serons tous vaccinés, plus vite nous sortirons de cette crise. Je l'espère, en tout cas", confie-t-elle.
Jacques Hinschberger, médecin à l'origine de ce centre de vaccination, a bon espoir. "D'ici mi-juin, environ 60% de l'Alsace bossue devrait être vaccinée". En attendant, le soir, s'il reste des doses, les bénévoles appellent des habitants pouvant venir dans un délai de 10 minutes. Aucune dose n'est gaspillée.