"Nous ne pouvons répondre qu’à un appel sur cinq " : SOS Amitié alerte sur son manque de bénévoles

L’association SOS Amitié de Troyes, dans l’Aube, recrute. Comme les 43 autres postes d’écoute à travers toute la France, celui-ci est en manque de bénévoles. Etat des lieux avec sa présidente, Annick Savary, à l’occasion de la journée nationale de l’écoute, ce 21 novembre 2024.

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Depuis sa création en 1960, SOS Amitié tend l’oreille à des milliers d’histoires. Or à Troyes, comme partout dans l’Hexagone, les écoutants se font de moins en moins nombreux. « Aujourd’hui, on est 24 alors qu’on devrait être le double. Vu ce manque de bénévoles, nous ne pouvons répondre qu’à un appel sur quatre, voire sur cinq, tout dépend du moment du jour ou de la nuit » confie Annick Savary, présidente de SOS Amitié à Troyes. 

Car 24 heures sur 24, le téléphone peut sonner dans le local. Derrière le poste, il n’y a pas toujours quelqu’un pour répondre, les écoutants étant bénévoles. Or, il faudrait davantage de personnes derrière le combiné d’après SOS Amitié : « Sur les 3 500 000 appels téléphoniques annuels, l’ensemble des écoutants au niveau national n’est en mesure de décrocher que 700 000 fois. S’agissant du poste de Troyes, l’équipe répond présent 14 000 fois par an. » 

Pallier le mal-être de la jeunesse et la solitude

Au bout de la ligne, de nombreuses personnes en détresse viennent chercher du réconfort auprès de SOS Amitié. Généralement, ce sont beaucoup de personnes, après 50 ans, qui souffrent de solitude car elles sont isolées. Les appelants peuvent aussi présenter des troubles psychologiques ou exprimer des pensées suicidaires. Annick Savary met en garde : « On fait le relais, mais nous ne sommes pas des médecins, nous ne délivrons pas d’ordonnance, mais nous sommes là pour les aider dans l’instant présent, pour passer ce cap de mal-être. » 

Un mal-être en recrudescence chez les jeunes depuis la crise sanitaire. Annick Savary constate que les appels des jeunes se font de plus en plus nombreux : « Il y avait des appels de jeunes avant, il y en a toujours eu, mais pas comme on en a maintenant. Depuis le Covid, il y a plus de problèmes psychiques notamment chez les jeunes. » 

Si la majorité des appels concerne des personnes plus âgées en mal de solitude, la hausse des demandes des jeunes alerte l’association.

Devenir bénévole

SOS Amitié recrute alors pour gonfler ses effectifs. Pour y candidater, quelques critères s’imposent. Premièrement, il est indispensable d’avoir plus de 26 ans. La présidente de l’antenne de Troyes explique : « On s’est dit qu’à 17 ou 22 ans, on n’a pas encore suffisamment vécu pour faire face à des problématiques inquiétantes. » Car parfois, quand le téléphone sonne, les bénévoles peuvent être amenés à gérer des situations d’urgence avec des personnes suicidantes, c’est-à-dire qui sont passées à l’acte et qui appellent en dernier recours. 

Les appels sont anonymes, il est donc difficile d’identifier d’où vient l’appel. S’ils sont d’accord, ils nous donnent leurs coordonnées et on envoie les secours. S’ils ne le sont pas, on ne peut rien faire. C’est notre grande impuissance

Annick Savary

présidente SOS Amitié de Troyes

 

Des situations de détresse qui restent rares et auxquelles sont formés les bénévoles. Après une première sélection, les candidats suivent des formations gratuites, pratiques et théoriques. Or, même si la formation existe, quelques critères ne s’inventent pas. Pour devenir écoutant, selon la présidente de l’association, l’empathie et la bienveillance sont les maîtres-mots : « On est là pour les entendre, pas pour les juger ni pour les conseiller. On les amène à essayer de trouver une solution eux-mêmes et surtout à les désangoisser. » 

Marathon de l’écoute

Afin de répondre au plus grand nombre d’appels, l’association organise un marathon de l’écoute, ce jeudi 21 novembre 2024. Dans le cadre de la journée nationale de l’écoute, les 44 antennes de SOS Amitiés dispersées aux quatre coins de la France se mobilisent. 

À Troyes, les 24 bénévoles ont décidé de se relayer nuit et jour, pendant 24 heures, afin de ne laisser aucune plage horaire sans écoutants. « C’est un défi, car nous sommes peu et c’est difficile d’assurer une continuité dans l’écoute, je suis fière que les écoutants de Troyes aient adhéré à cette cause-là » confie Annick Savary.

Coup d’envoi du marathon de l’écoute ce jeudi 21 novembre, à 8 heures, jusqu’au lendemain matin, même heure. 

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