Ce sont des stars locales. Dans l’Aube, Jérémie, Quentin, Jean-Marc, Sébastien et Roman jouent ensemble dans un club de moto-ball (football à moto). Inséparables, solidaires et énergiques, tous considèrent le club comme leur « autre famille. » Cette année, ils feront tout pour remporter une nouvelle fois la coupe de France.
Qu’ils soient ingénieur, boucher, comptable ou chaudronnier, ces jeunes issus d’un milieu rural n’ont qu’un rêve en tête : ramener la coupe de France de moto-ball à Troyes (Aube). En effet, ils font tous partie du SUMA Troyes, un club amateur français de moto-ball. Ce film-documentaire les suit durant l’été de la Coupe de France, un moment de l’année où ils profitent des barbecues entre amis, des moments en famille, du rodéo-moto en pleine campagne, des entraînements, des matchs, et de leur travail respectif.
On découvre aussi d’autres membres du club comme Jean-Louis, un agriculteur bénévole dont la vie a été traversée par un drame et Sébastien, leur entraîneur. Tous considèrent le club comme une grande famille. À rebours des idées reçues, le film dresse le portrait d'une campagne qui regorge d'énergie, et qui fait fièrement exister une culture collective populaire.
Voici trois bonnes raisons de regarder le documentaire émouvant et authentique d’Edith Chapin, "Motoball"
1. Pour en savoir plus sur un sport qui passionne et fait vivre un territoire
Méconnu du grand public, le moto-ball est pourtant populaire à Troyes. "Allez SUMA ! Allez SUMA ! Allez SUMA !", clament avec ferveur les supporters du club troyen avant le début d’un match. Et les enfants n’attendent qu’une chose, faire des tours de motos avec les joueurs. Ce sport fait sensation comme l’indique Pascale Reschko-Jacquot, présidente de la commission nationale de motoball, à une équipe de journalistes : "le moto-ball se porte très bien cette année. On constate une recrudescence du public, et ce sur tous les terrains."
Ce n’est pas seulement un pilote, il mène aussi un ballon quand il roule.
Sébastien Varoumas, entraîneur du SUMA
Certains comme l’entraîneur du SUMA, Sébastien Varoumas, voient ce sport comme un art. Pour lui, "les pilotes sont des virtuoses, beaucoup sur la glisse." Et puis, "ce n’est pas seulement un pilote, il mène aussi un ballon quand il roule."
Mais en quoi consiste cette discipline et d’où vient-elle ? Au milieu de la poussière et des vrombissements, deux équipes de cinq joueurs s'affrontent sur des motos un ballon au pied. Né en Angleterre durant l'Entre-deux-guerres, le moto-ball devient le passe-temps favori des garagistes, des agriculteurs et des ouvriers des usines troyennes dans les années 1930. Mais comme l’affirme la mère d’un joueur, les choses ont changé : "dans le temps, c’était beaucoup les agriculteurs qui y allaient. Maintenant, il y a tous les corps de métier." Un sport résolument populaire qui anime les soirées et les après-midi des habitants de la région.
2. Pour rencontrer des personnes attachantes
"Jean-Louis et Nathalie, c’est nos grands-parents du moto-ball", énoncent deux joueurs avec douceur et émotion. "Jean-Louis, la ferme et le moto-ball, c’est toute sa vie", continuent-ils. Jean-Louis aussi apprécie les joueurs, même si c’est avec retenue. Pour lui, "ce sont des bons mecs, ils sont à fond." Cet homme, agriculteur et ancien joueur du club, bien que marqué par la vie, est authentique, gentil et inspire la sympathie. Son existence est rythmée par les évènements liés au SUMA Troyes. Depuis plus de neuf ans, ce bénévole s’occupe vaillamment de la restauration lors des matchs, des moments qu’il apprécie beaucoup. "Je n’ai pas trop le temps de regarder, mais rien que le bruit, je me crois encore sur le terrain", raconte-t-il, ému.
D’autres proches, plus ou moins âgés, ressentent aussi cette vive émotion. "J’avais 8 ans quand mon père m’emmenait au moto-ball", relate une grand-mère. Rieuse, elle avoue à son mari : "heureusement qu’on a le moto-ball, ça nous sort." Transmission intergénérationnelle et partage, le moto-ball est bien plus qu’un sport.
3. Pour la bonne ambiance et la convivialité
Le moto-ball, c’est aussi une seconde famille. Pour Sébastien, "le sentiment de famille […] est assez présent parce que ce sont souvent les mêmes personnes qui gravitent autour du club, c’est-à-dire souvent le père qui a emmené son fils, qui du coup emmène de nouveau son fils." Pour d’autres joueurs, "c’est simplement une bonne ambiance entre copains, rigoler et surtout ne pas se prendre au sérieux." Car même en dehors du terrain, le club se fréquente. Les joueurs ne manqueraient pour rien au monde les soirées barbecue d’été. Un bon moment pour discuter et rire autour d’une bière, de chamallows grillés ou d’une partie de pétanque.
"Plus t’aimes jouer avec tes copains sur le terrain, plus c’est tes potes et plus t’auras envie de te battre pour eux" assure Quentin, l’un des membres du club. "Faire des trucs ensemble, ça ressert le groupe", ajoute-t-il le sourire aux lèvres. Une solidarité bien présente et démontrée à plusieurs reprises. Comme lorsque l’équipe a accueilli à bras ouverts Roman en 2016, un professionnel russe du moto-ball. "On l’a pris avec nous, on l’a emmené faire ses courses […] Il fallait qu’on prenne du temps […] pour aller le chercher, lui faire visiter la ville […]", relate minutieusement l’un des joueurs. "On a essayé de faire le maximum et il était heureux comme tout", continue-t-il. Une aventure sportive donc, mais également humaine.