Troyes : ils manifestent pour le droit de continuer à faire l'école à la maison, "nos enfants ne sont pas des associaux"

Une petite centaine de personnes ont manifesté ce dimanche 6 décembre à Troyes pour avoir le droit de poursuivre l'école à domicile. Le Gouvernement envisage de restreindre cette possibilité dans le cadre de la loi sur le séparatisme. 

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En bonnets, gants, écharpes et avec leurs enfants, parfois en poussette, une petite centaine de personnes a manifesté ce dimanche 6 décembre à Troyes en faveur du droit à faire "l'instruction en famille". Réunis devant l'Hôtel de ville, ils dénoncent une volonté du gouvernement de réduire cette possibilité, voire de l'empêcher. Ils craignent également de voir le mode de vie et d'éducation qu'ils ont choisi pour leurs enfants, changer radicalement. La loi conte le séparatisme pourrait changer leur méthode d'éducation. 

Or, explique l'une des porte-parole, Marie-Laure Coffinet, "l’instruction en famille est légale. Nous ne sommes pas des ennemis de la République ! Le 2 octobre dernier, M. Macron a voulu sonner le glas à l’instruction en famille en annonçant sa volonté de l’interdire sous prétexte de sécurité intérieure. Nous parents instruisant en famille affirmons que cette mesure est anticonstitutionnelle puisque le libre choix de l’instruction enfamille fait partie intégrante du paysage éducatif français depuis les lois de Jules Ferry (1881-1882). Il est de plus consacré par la Déclaration universelle des droits de l’homme".
 

Liberté fondamentale

Dénonçant des intentions "liberticides du Président de la République visant à rendre illégale l’instruction en famille. Il est pour le moins révoltant qu’une loi visant à renforcer les principes républicains – le premier étant la liberté – propose de biffer d'un coup de crayon une liberté fondamentale constitutionnellement protégée !". Ce qu'ils demandent, c'est plus de dialogue et de tenter de comprendre les motivations des familles. Pour ce collectif, cette décision est basée sur des "amalgames odieux et des mensonges éhontés".
 
Daniel Corvisy, père de famille venu manifester explique que ce qu'il est venu défendre, "c’est la liberté d’instruire nos enfants comme on l’entend car la constitution de la France permet la liberté d’instruction. Et le président de la république en voulant revenir dessus touche à quelque chose de constitutionnelle et ça nous dérange beaucoup. Et la liberté d’instruction est inscrite dans la déclaration universelle des droits de l’homme et on remet en cause des droits fondamentaux. Et c’est pas normal qu’un état quel qu’il soit remette cela en cause".
 

 

Intégration dans la société

Pour lui rien ne peut justifier cette loi qui empêcherait de pratiquer l'école à la maison, pour lutter contre le radicalisme islamiste."Dans toutes les études qui ont été faites jusqu’à maintenant, il n’a jamais été mis en lumière le fait qu’il y ait une relation quelconque entre instruction famille et une dérive quelconque qu’elle soit sectaire ou radicale. Le gouvernement n’ a jamais pu apporter des chiffres. Et le gouvernement s’oppose à la demande des associations de familles de faire cette étude".
 
Comme d'autres manifestants, il dit avoir choisi de faire l’école à la maison pour ses enfants après avoir observé quelques problèmes envers sa fille aînée. "Ça prenait des proportions qui nous inquiétaient donc on a décidé de l’instruire à la maison. Et une fois qu’on avait commencé avec elle, on a continué avec ses frères et sœurs". Une éventuelle interdiction serait vue comme une injustice. "Il y a des problèmes de harcèlements, de phobie scolaire, des enfants handicapés, pour qui l’instruction est une solution valable qui a montré de très bons résultats".
 

Les enfants qui ont fait l’école en famille sont aujourd’hui des adultes généralement parfaitement intégrés à la société. Ce ne sont pas des fantômes, des petits monstres ou des asociaux.

Un père de famille


 

 

"J'ai appris à mieux bosser"

 De son côté ce jeune garçon a été à l'école publique, a ensuite fait école à la maison et puis est retourné au lycée classique. "Je n’étais pas très à l’aise en classe. J’avais beaucoup de mal à travailler. C’était compliqué avec les profs. Cela m’a détendu de faire l’école à la maison. J’ai appris à mieux bosser. Aujourd’hui je retourne au lycée, je pensais que ça allait être compliqué, mais après quelques semaines de cours ça allait beaucoup mieux. J’ai appris à apprendre autrement et aujourd’hui j’ai envie de continuer dans ce cursus".  
 
Une maman nous précise qu'il existe plusieurs méthodes d'instructions à domicile. En échangeant avec d’autres parents, chacun trouve sa propre méthode. "Nous c’est notre quotidien, c’est notre mode de vie. On vit comme ça.  Si cela s’arrête, ça va bouleverser notre vie. C’est compliqué à décrire parce que c’est vraiment un choix de vie. Ça ne les empêche pas de se sociabiliser. Ils vont dehors. Ils ont des amis, ils font des activités à l’extérieur".

Le projet de loi sur la fin de l'instruction à domicile sera débattu en Conseil des ministres le 9 décembre, puis discuté au parlement au premier semestre 2021.
 
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