Mauvaise nouvelle pour les amateurs de sports de glace, à Troyes, la Patinoire des 3 Seine va fermer pour travaux. La réouverture est prévue pour septembre 2022. Les clubs vont devoir s'organiser pour poursuivre leurs activités. Cette patinoire est la seule dans l'Aube.
La crise sanitaire avait porté un coup à l'activité de la patinoire des 3 Seine. Elle avait dû fermer, plusieurs mois. Mais avant même l'arrivée de la Covid 19, Troyes Champagne Métropole, en 2019, avait commandé, pour cet équipement, un diagnostic technique à un bureau d'études spécialisé. Les résultats de ces études ont mis en évidence, la nécessité d'engager des travaux, sur cette installation, en service depuis 2008.
Plusieurs facteurs ont conduit à cette décision. Avec l'actuelle dalle de sable qui équipe la patinoire, déglacer, puis mettre à nouveau en glace, prend du temps. D'autre part, des phénomènes de rétractation de la piste entraînent une surconsommation d'énergie, pour qu'elle reste praticable. Enfin, et c'est aussi à prendre en compte, en 2030, et c'est demain, le fluide calorifique aujourd'hui, en service, sera interdit.
Il a donc été décidé de procéder à la substitution de la couche de sable, par une dalle en béton, et de remplacer les groupes froids, sans attendre 2030. Ne pas le faire, dès maintenant, aurait entraîné une nouvelle fermeture dans les toutes prochaines années.
Nous sommes en contact avec d'autres clubs, qui sont prêts à nous accueillir, mais faire 200 kilomètres pour une heure d'entraînement va poser un problème. C'est d'ailleurs le principal. Il va falloir convaincre les gens d'y aller.
Un coup dur pour les clubs
Si Troyes Champagne Métropole indique que le personnel affecté à la patinoire sera repris, les usagers, eux, vont devoir patienter plusieurs mois avant de pouvoir à nouveau chausser les patins. Au cours des cinq dernières années, la patinoire, la seule du département de l'Aube, a enregistré 68.000 entrées annuelles, en moyenne. Du public, à 52%, des scolaires, pour 2%, mais également des associations, autrement dit des clubs, à 46%.
Inutile de préciser, que pour tous les sports de glace, ne pas avoir à disposition de patinoire, est un gros problème qu'il va falloir gérer. En patinage artistique, comme en hockey, il est impératif de mettre en place des solutions alternatives, assez rapidement. Des mois d'entraînement ont déjà été perdus, à cause de l'épidémie et de ses restrictions sanitaires. Aujourd'hui, des déplacements, vers des structures, en dehors du département de l'Aube s'avèrent indispensables.
On va devoir se séparer de l'entraîneur. On en a gros sur le coeur de la perdre. Avec les restrictions sanitaires, elle n'a pas pu travailler un mois complet. En 2022, il faudra trouver quelqu'un d'autre.
Inquiétude pour les prochains mois
"Les perspectives ne sont pas bonnes", analyse Christelle Maubrey. Elle est présidente de l'Ecole de Glace des 3 Seine. "La Covid 19 a stoppé nos activités en novembre. On a repris un petit mois, entre le 15 décembre 2020, et le 15 janvier 2021. C'est vraiment trop peu. Cette semaine, une réunion du comité directeur du club, va nous amener à tout poser sur la table, pour trouver des solutions".
L'Ecole de Glace des 3 Seine est l'un des clubs de patinage artistique troyen. Il regroupe 120 licenciés, dont quelques sportifs confirmés qui font de la compétition. Quelques garçons avaient rejoint le club, cette saison, et c'était une bonne nouvelle pour la présidente qui indique que la discipline les attire peu. Une patinoire provisoire, Christelle Maubrey, n'y croit pas beaucoup. "Il va falloir organiser des entraînements, ailleurs. Mais cela, on ne peut pas le décider tout seul. Les patinoires de Chalons-en-Champagne, dans la Marne, Auxerre, dans l'Yonne ou encore Dammarie-les –Lis, en Seine-et-Marne, sont les plus proches".
La fédération de hockey-sur-glace solidaire
Le Troyes Hockey Club est, évidemment confronté aux mêmes difficultés. "On va discuter avec Reims et Chalons-en-Champagne, dans la Marne", explique Alain Babic, le président du club. "Nous sommes en contact avec d'autres clubs qui sont prêts à nous accueillir, mais faire 200 kilomètres, pour un entraînement d'une heure, va poser un problème. C'est d'ailleurs le principal. Il va falloir convaincre les gens d'y aller. Le groupe est soudé. Les adhérents sont au courant, mais qui nous suivra ? Ca va être compliqué, notamment, de demander à des parents d'emmener les enfants jusqu'à Reims, par exemple".
Alain Babic reste confiant. Il sait pouvoir compter sur la fédération française de hockey-sur-glace. "On discute avec elle pour faire quelque chose de pérenne, et d'organisé. La fédération nous a déjà donné d'autres contacts. Nous sommes aussi en contact avec les instances troyennes, pour assurer les déplacements. On sait qu'on aura des aides". En effet, si la question de l'entraînement du petit club se pose, il y a également le problème du club senior, qui évolue en D4.
Baisse des licenciés
On parlait de ces travaux, qui vont débuter, depuis des années, mais, aujourd'hui, le moment est venu d'y faire face. " Autant les faire là", dit le président du Troyes Hockey Club. "On avait 150 licenciés, mais il y a eu une érosion, à cause de la Covid 19. Aujourd'hui, on en compte une centaine. On espère qu'à la fin, il en restera 40". Dans le passé, le club s'était retrouvé sans lieu d'entraînement, pendant sept ans, mais, ensuite, c'est reparti. C'était, il y a plusieurs années, quand une patinoire était installée, au Parc des Expositions, à l'époque où l'équipe jouait en Nationale 2, avant la construction de l'actuelle patinoire.
Alain Babic n'entend pas baisser les bras. "Les seniors, "les Tricasses", ne se sont pas beaucoup entraînés, ces derniers mois, mais on se voit, en dehors. Le groupe est soudé On a des rendez-vous prévus avec les élus. On est en contacts permanents. Il va falloir mettre en place un système de déplacements, pour aller s'entraîner ailleurs, s'accorder sur les plages horaires. Cela va se faire, tout doucement". Le président du club a plein d'idées, plein de projets, "mais quand on fera les comptes, il y aura de la casse, automatiquement".
Encore un choc
Yolande Romano est présidente du Patinage Artistique de Troyes, un club qui devait fêter ces 50 ans, cette année. "On avait invité des champions d'Europe, on avait acheté des cadeaux pour les enfants, mais tout est annulé. On n'a pas le choix. Ces travaux, il faut les faire. C'est un nouveau choc après la Covid 19". Yolande Romano se dit surtout triste, pour les enfants. Le club affichait 240 licenciés, la saison dernière. Quand les inscriptions ont été closes, en octobre 2020, on n'en comptait plus que 170. "Quand ça va reprendre, certains auront choisi une autre discipline".
Si elle se dit triste pour les enfants, la présidente du club ne l'est pas moins pour l'entraîneur. "On va devoir s'en séparer. On en a gros sur le cœur de la perdre. Avec les restrictions sanitaires, elle n'a pas pu travailler un mois complet. En 2022, il faudra retrouver quelqu'un d'autre".
Yolande reconnaît que les clubs ont des soucis, car, maintenant, il va falloir récupérer les patins confiés aux enfants, distribuer des avoirs aux familles, pour les soulager financièrement, en vue d'une prochaine réinscription. Elle s'inquiète aussi pour le vivier que représentaient ces petits de trois ans et demi à huit ou neuf ans.
Les usagers devront patienter
L'aire de glace, au cœur du pôle de loisirs des 3 Seine, offre une surface de 56 mètres par 26, aux patineurs sportifs ou simplement amateurs de glisse de loisirs. C'est un équipement très apprécié des habitants de l'agglomération troyenne, et au-delà. En effet, Christelle Maubrey, présidente de l'Ecole de Glace des 3 Seine indique que des licenciés y viennent de tout le département de l'Aube, mais aussi de l'Yonne et de la "frontière" avec la Marne.
Pour tous ceux-là, l'horizon de septembre 2022, semble sûrement bien lointain. Il faudra pourtant se montrer patient, avant de pouvoir, à nouveau se rendre à la patinoire des 3 Seine, en espérant que les travaux ne prendront pas de retard.