Art Basel, la grande foire annuelle d'art contemporain, ouvre jeudi ses portes au public après des débuts prometteurs lors des deux journées réservées aux riches collectionneurs, venus découvrir en avant-première les pièces à vendre.
Mardi matin, une longue queue se formait sous les parapluies devant la halle abritant les 286 galeries d'art présentes pour l'événement, les acheteurs se pressant pour mettre rapidement la main sur les oeuvres de leur choix.
"Nous avons déjà vendu près de la moitié des pièces sur le stand, s'est enthousiasmé Marc Glimcher, le président de Pace Gallery, lors d'un entretien mardi après-midi avec l'AFP. "Je pourrais déjà aller me coucher", a-t-il plaisanté tout en désignant des toiles du peintre néo-expressionniste américain Julian Schnabel qui avaient déjà trouvé preneurs.
La galerie avait également vendu deux des trois installations de l'artiste indienne Prabhavathi Meppayil exposées dans la section réservée aux oeuvres monumentales.
La foire de Bâle, considérée comme un excellent indicateur des tendances sur le marché de l'art, se décompose en plusieurs sections: Les plus courues sont la partie réservée aux galeries et le secteur dit "Unlimited", qui rassemble des oeuvres à grande échelle, destinées aux musées ou aux collections exceptionnelles.
La galerie zurichoise Hauser & Wirth y a vendu pour 4,75 millions de dollars une installation intitulée "Tomato Head" de Paul McCarthy, l'artiste américain qui avait fait scandale à Paris avec un sapin ambigu aux allures de sex-toy sur la place Vendôme.
- Reflet des préoccupations de l'époque -
La section Unlimited présente cette année 88 projets réalisés par de grandes signatures de l'art contemporain, telles que le chinois Ai Weiwei ou la britannique Tracey Emin. Mais elle fait également la part belle aux jeunes artistes comme Samson Young, 37 ans, originaire de Hong Kong, qui a détourné un canon à son, un arme non-létale de harcèlement acoustique pour disperser les foules, lui faisant diffuser des cris d'oiseau en détresse.Selon Marc Spiegler, le directeur d'Art Basel, les pièces présentées cette année se posent clairement comme une réponse aux récents défis de société.
"Nous sommes confrontés à des questions politiques majeures", a-t-il déclaré lors d'un entretien avec l'AFP, faisant allusion à l'immigration de masse en Europe, au référendum britannique ou encore aux incertitudes économiques.
"Ce qui est intéressant d'un point de vue artistique est que cela fournit beaucoup de matière avec laquelle les artistes peuvent travailler", a-t-il ajouté.
"Je fais de la conception scénographique et j'aime voir comment la sculpture moderne se développe. Ici on peut voir des installations qui peuvent être utilisées sur scène plus tard", a-t-elle expliqué à l'AFP.
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- Interviews : Solène Guiller, Galerie « gb agency » ; Florence Bonnefous, Galerie « Air de Paris »
- Reportage de O. Stephan, Y.Ledig, M-E Beauclair
Cette 47ème édition de la foire se tiendra à Bâle jusqu'au 19 juin.