Un violent orage aura suffi à mettre à terre les houblonnières de trois producteurs du village bas-rhinois. Dans la nuit du samedi 21 août, 5 hectares ont été dévastés à Wingersheim-les-quatre-Bans. Un coup très dur pour les récoltants.
La récolte s’annonçait pourtant prometteuse. Mais à quelques jours du début de la collecte de houblon, un orage survenu dans la nuit du 21 août aura suffi à ruiner les espoirs et le travail de trois producteurs du même village. Les houblonnières des familles Pfister, Holtzmann et Gantzer, toutes basées à Wingersheim-les-quatre-Bans dans le Kochersberg (Bas-Rhin) ont été détruites par les intempéries.
Cela représente 10% de perte sur les exploitations de Sébastien Holtzmann et Marc Pfister. Soit une parcelle entière pour chaque famille. Sur place, c’est un paysage de désolation. Echafaudages et poteaux sont cassés. Des cassures nettes, dues aux sols détrempés et au houblon assez lourd cette année. Et rien n’est récupérable. Le houblon au sol n’est pas mûr et ne peut pas être récolté. D’autant qu’il est impossible de démêler les câblages et le houblon tombés dans la boue. Les cônes sont souillés, donc inexploitables, perdus.
Pour nous c’est une première et on espère une dernière
Sébastien Holtzmann se désole :"Personnellement j’ai jamais vécu ça, il y a des collègues à qui s’était arrivé mais il y a bien longtemps. Pour nous c’est une première et on espère une dernière. (…) Sur le côté l’autre parcelle penche à 45 degrés. On a renforcé les travées pour éviter que ça ne s’affaisse et sauver au maximum ce qui peut l’être. Il est clair qu’une grosse partie va être récoltée à la main, on va faire le maximum."
Chez Richard Gantzer, les dégâts sont moins grands. Si les plantes sont tombées sur près d’un hectare, l’échafaudage a tenu le choc. Reste à remettre tout en place à quelques jours de la récolte.
"Ca fait grand vide, tout d’un coup. C’est pour eux beaucoup de fatigue, un choc" nous confie Michèle Dauger, technicienne service technique houblon au comptoir agricole, l’entreprise qui collecte la production des 43 houblonniers alsaciens. "Et psychologiquement, c’est difficile à vivre, alors que les récoltes s’annonçaient prometteuses".
Les pertes représentent 1% de la surface alsacienne
Ces parcelles détruites rendent nerveuse toute la filière bas-rhinoise. Car dès lundi, la récolte démarre, et s’étend sur un mois. Une récolte rendue plus difficile par des sols plus humides, et la masse végétative du houblon plus importante. Mais sur les 465 hectares, les intempéries de la nuit du 24 août n’ont impacté qu’ 1% de la production alsacienne. Antoine Wuchner, directeur commercial section houblon du comptoir agricole veut rester serein. Les pertes de Wingersheim-les-quatre-Bans ne mettent pas en péril la filière. Reste à voir quel sera le rendement cette année. En moyenne la récolte avoisine les 800 tonnes pour le comptoir agricole.
Après la récolte, le nettoyage des parcelles endommagées
Après la récolte il faudra reconstruire les houblonnières détruites. Selon Michèle Dauger, une grande solidarité règne au sein des houblonniers d’Alsace. Les familles impactées vont pouvoir compter sur leur soutien pour démêler et ranger poteaux et câbles, pour que tout soit prêt au printemps. Un bon mois de travail en perspective.
"On va devoir couper les lianes accrochées en haut et les sortir lien par lien pour reconstruire l’échafaudage et changer les poteaux", explique Marc Pfister, producteur de houblon. "Les maladies peuvent se développer à cause du sol trempé. Il va falloir qu’on se dépêche."
Une fois les installations à nouveau en place, la souche du houblon va reprendre car c’est une plante vivace. Si sa partie végétative a été définitivement perdue avant la récolte, sa racine reste bien en place et la plante repoussera normalement dès le printemps.
Appel à producteurs
Malgré ces déconvenues dues aux intempéries, le comptoir agricole qui collabore avec tous les houblonniers bas-rhinois veut croire au développement du houblon en Alsace. Surtout depuis l’explosion des micro-brasseries en France. "On pourrait utiliser 50 hectares de surface de houblon", selon le directeur commercial. "Autour de la coopérative ce serait bien. On adorerait prendre sous nos ailes de nouveaux planteurs". Avis aux amateurs qui sont désormais avertis des risques qu’une telle activité comporte. Même si de telles destructions de parcelles restent très rares.